Une semaine de Bourse - Les investisseurs redeviennent fébriles

19/06/2009 - 19:30 - Option Finance

(AOF) - Les marchés actions se sont repliés la semaine dernière, pénalisés par un regain d'inquiétude concernant les perspectives de l'économie mondiale. En cinq séances, le CAC 40 a reculé de 3,15 % à 3 221,27 points, enregistrant sa plus mauvaise performance depuis un mois. La Bourse de Paris a quasiment effacé ses gains de l'année. A Tokyo, l'indice Nikkei a perdu 3,5 %, son recul le plus marqué depuis le début du mois de mars. A New York, le Dow Jones s'apprêtait vendredi soir à terminer la semaine sur une perte de 2,31 % à 8 596 points. Après l'impressionnante embellie des indices depuis début mars (+ 39 % pour le S&P 500), soutenue par la multiplication des "green shots" (lueurs d'espoir), les investisseurs redoutent désormais un été boursier plus incertain. En effet, si la majorité des économistes anticipent un retour de la croissance dès la fin 2009 aux Etats-Unis et début 2010 en Europe, certains craignent que l'ampleur de la reprise attendue ne soit insuffisante pour redonner envie aux consommateurs de dépenser et aux entreprises d'investir. Pour l'instant, le repli de la production industrielle aux Etats-Unis de 1,1 % en mai, pour la septième fois consécutive, a démontré que l'économie américaine restait atone. Pour autant, sur les marchés, les plus optimistes, les "bulls" - par opposition aux "bears", les pessimistes -, ont encore des raisons d'espérer. Ainsi, après avoir aligné quatre séances consécutives de baisse, les Bourses mondiales ont retrouvé jeudi dernier le chemin de la hausse à la faveur de nouvelles statistiques plus favorables, notamment les derniers chiffres du marché de l'emploi aux Etats-Unis. Sur le marché pétrolier, le baril de WTI s'est stabilisé au-dessus des 70 dollars. Ni "bulls " ni "bears", les opérateurs restent neutres, entérinant le scénario d'une stabilisation de l'économie mondiale et donc des marchés actions. Dans cet environnement plus incertain, les investisseurs ont plébiscité les valeurs défensives au détriment des cycliques, plus sensibles aux aléas de la croissance, à l'instar du secteur des médias, de l'automobile, des mines ou des banques. Le secteur des médias traverse une période difficile : pour tenter d'endiguer la chute des recettes publicitaires et des audiences, TF1 a annoncé mardi dernier la nomination d'Axel Duroux, président du directoire du groupe RTL, au poste de directeur général de la Une aux côtés du P-DG Nonce Paolini. Les investisseurs ont bien accueilli cette décision : le cours a ouvert en hausse de plus de 5 % avant de clôturer sur un gain de 1,69 %. "C'est une très bonne nouvelle pour TF1. Le groupe renforce son management avec l'un des managers les plus expérimentés du secteur média en France", a estimé Natixis. Mais l'embellie a tourné court, lorsque la presse a fait état du mécontentement de M6. En effet, Axel Duroux représentait RTL, l'actionnaire principal de M6, à son conseil de surveillance. M6 s'apprêterait donc à contester cette nomination en justice pour concurrence déloyale. A cette mauvaise nouvelle est venu s'ajouter l'avis négatif d'un broker. RBS a réduit sa recommandation de Conserver à Vendre sur TF1, en abaissant son objectif de cours de 7,10 à 5,60 euros. Le broker estime que le cours de l'action intègre déjà une reprise en 2010 et un retour à des marges au plus haut niveau, ce qui lui semble injustifié. Au final, TF1 a terminé la semaine sur un repli de 4,69 % à 8,063 euros. Dans son sillage, M6 a abandonné 4,40 % à 13,26 euros. Les valeurs défensives remises à l'honneur : mis de côté durant le récent rally, les secteurs relativement peu corrélés au cycle ont largement surperformé le marché la semaine dernière. Le géant français de l'alimentaire Danone a signé la meilleure performance du CAC 40 en progressant de 3,52 % à 35,42 euros en cinq séances. Autre valeur défensive, Sanofi-Aventis a grimpé de 1,57 % à 48,40 euros. Le laboratoire profite de l'inquiétude suscitée par la pandémie de grippe porcine alors qu'il a augmenté sa cadence de production pour répondre à la demande en antivirus. Preuve de la solidité qu'inspire Sanofi : vendredi dernier, le titre a gagné jusqu'à 1,6 % en séance, malgré la décision défavorable prise par la justice américaine sur son traitement Eloxatine contre le cancer. Le groupe était opposé à des sociétés de génériques. Credit Suisse a reconnu que cette décision était "clairement une déception". Toutefois, invoquant les perspectives sur les marchés émergents et le succès annoncé du Multaq (contre l'arythmie cardiaque), le broker a renouvelé son opinion positive sur la valeur. Enfin, Vivendi et France Télécom ont respectivement progressé de 1,16 % à 17,85 euros et de 1,03 % à 16,25 euros, les investisseurs appréciant leur flux régulier de trésorerie. L'aéronautique monte des signes timides de reprise : les 12,9 milliards de dollars de contrats signés par Airbus durant le Salon aéronautique du Bourget ont permis la semaine dernière à EADS (+ 2,42 % à 11,65 euros), sa maison mère, de réaliser la deuxième meilleure performance du CAC 40. Airbus a enregistré des contrats portant sur 127 appareils au total. Les principales commandes fermes enregistrées au cours du salon émanent de compagnies du Moyen-Orient et d'Asie. "Les performances commerciales d'Airbus prouvent que les compagnies aériennes continuent à investir dans les avions les plus respectueux de l'environnement et dont la consommation de carburant est la plus faible", a commenté Airbus. Pierre-Jean Lepagnot