Une semaine de marchés - Regain de l'aversion pour le risque

22/06/2009 - 15:50 - Option Finance

(AOF) - Au cours de la semaine écoulée, l'aversion pour le risque a connu un certain regain, pénalisant ainsi davantage les marchés boursiers et les marchés du crédit, au profit des obligations souveraines et du dollar. Les marchés boursiers ont connu une deuxième semaine de baisse consécutive, principalement du fait de prises de bénéfices après le rebond de ces derniers mois. Les indices CAC 40 et SP 500 ont chuté respectivement de 2,6 % et de 2,8 % sur la semaine écoulée. Cette correction a eu lieu en dépit de la multiplication des signaux de stabilisation de l'activité globale. Aux Etats-Unis, l'enquête d'activité Philly Fed s'est améliorée, puisque l'indice s'affichait à -2,2 en juin, après - 22,6 en mai. En zone euro, l'indice Zew allemand a également rebondi, pour s'établir à 44,8 en juin, après 31,1 en mai, revenant ainsi sur les niveaux de juin 2006. De fait, il semble que les investisseurs soient plus prudents à l'heure où les agences de notation continuent de revoir à la baisse les notations de plusieurs banques dont celle de Wells Fargo et attendent des signaux de réel redressement de la croissance et non plus des signaux de stabilisation. Les incertitudes persistent en effet sur la qualité de la reprise économique dans les prochains trimestres. De notre côté, nous anticipons un scénario de reprise en forme de "W", à savoir que la reprise actuelle liée aux plans de relance serait vite avortée pour connaître une rechute au premier semestre 2010, suivi d'une amélioration au second semestre 2010. Le désendettement des agents économiques (ménages, entreprises et banques) reste un processus long et douloureux, avec comme symptôme la poursuite de la hausse du chômage et des défauts d'entreprise, voire de certains pays. Ces développements pèseront lourdement sur la demande intérieure et, par là, sur la croissance mondiale. Dans ce contexte, une poursuite de la hausse des actifs risqués ne peut avoir lieu que si les indicateurs économiques témoignent d'une amélioration notable de l'activité. On attendra particulièrement les résultats du deuxième trimestre qui commenceront à être publiés à partir de juillet, sachant que, d'ici là, les risques de "profit warnings" ne sont pas à écarter. Ainsi, les prises de bénéfices peuvent s'expliquer sur l'assurance, le pétrole et sur les secteurs cycliques tels que l'automobile, les médias, l'hôtellerie, les produits de base et ce au profit des valeurs défensives telles que la pharmacie et les télécoms. Face au regain d'aversion pour le risque, les obligations souveraines ont joué leur rôle traditionnel de valeur refuge, du moins principalement en Europe et au Japon alors que les marchés obligataires américains étaient toujours sous pression. Ainsi, le taux dix ans allemand s'est détendu de 10 points de base, jusqu'à 3,53 % en une semaine, alors que le taux dix ans américain s'est tendu de 5 points de base, jusqu'à 3,84 %. Les marchés américains ont sous-performé leurs homologues européens en dépit d'une forte baisse de l'inflation en territoire négatif à - 1,3 % en mai, éloignant ainsi les craintes inflationnistes. Ces mouvements se sont traduits par une repentification des courbes de taux à la fois aux Etats-Unis et en zone euro. Dans les prochaines semaines, les taux longs resteront dépendants de l'évolution des marchés boursiers, qui seront volatils à très court terme, avant les résultats du deuxième trimestre. Sur le marché des changes, la couronne suédoise et le yen enregistrent les plus grands mouvements. Le yen s'est apprécié sur fond de regain d'aversion pour le risque. A très court terme, le yen restera sous pression tant que les actions seront mal orientées, mais il conserve un biais baissier sachant que son excédent courant diminue vite, que les investisseurs domestiques continuent à acheter des obligations étrangères comme le reflètent les données hebdomadaires et que l'économie reste en pleine dépression. De son côté, l'eurodollar s'est stabilisé entre 1,38 et 1,40, le dollar n'ayant pas encore réussi à capitaliser sur les bons chiffres d'activité (Philly Fed index, inflation). Il semble tiraillé entre les messages négatifs donnés par les marchés boursiers et les bons chiffres d'activité actuels. A court terme, le biais reste en faveur d'une baisse de l'eurodollar. Enfin, la livre sterling semble toujours soutenue par les anticipations d'une amélioration rapide de l'activité, bien que pénalisée ces derniers jours par la chute des ventes de détail et des valeurs bancaires. La semaine prochaine, on se focalisera sur les chiffres d'activité qui confirmeront la stabilisation de l'activité de part et d'autre de l'Atlantique (ventes de logements aux Etats-Unis et PMI en zone euro). Le FOMC devrait souligner la légère amélioration des indicateurs économiques et la nécessité de taux courts durablement bas. Dans cet environnement, les actifs risqués pourraient se stabiliser, ce qui devrait alors peser sur les marchés obligataires. Par Nordine Naam, stratégiste, Natixis