Un euro aux pieds d'argile (CAAM)

10/07/2009 - 11:00 - Option Finance

(AOF / Funds) - " L'économie de la zone euro va mal. La BCE a enfin pris acte de cette réalité en repoussant à la mi-2010 ses prévisions de reprise économique et en annonçant encore 200 milliards de pertes dans les banques commerciales de la zone. Dans le même temps, le reste du monde s'engage dans ce qui pourrait s'avérer être une véritable reprise économique, avec en tête les pays les plus proactifs en termes de politiques publiques, comme la Chine, les États-Unis, l'Australie, le Royaume-Uni, la Suède et la Norvège. La force de l'euro dans un tel contexte a de quoi surprendre ", écrit Loïc Cadiou, dans la dernière lettre mensuelle de CAAM. Selon l'analyste la force de l'euro reflète la perception du sérieux de la BCE face à des consoeurs ayant trop vite succombé aux sirènes de l'hétérodoxie monétaire. "Or, le masque est tombé avec une des plus grandes injections de liquidité de l'histoire moderne. Avec plus de 440 milliards offerts à un an, la BCE donne les moyens aux banques de faire ce que la Fed et la Banque d'Angleterre font directement : acheter des titres de crédit et monétiser la dette des États de la zone euro, tout cela dans des proportions bien supérieures. Maintenant que la BCE a dépassé ses camarades dans l'hyperactivité monétaire, l'euro apparaît bien fragile : sa surévaluation contre le dollar et la plupart des devises paneuropéennes (GBP, SEK, NOK) et un différentiel de taux devenu défavorable font de l'euro une des devises les plus vulnérables aujourd'hui", conclut estime Loïc Cadiou.

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

BCE (Banque Centrale Européenne) : La Banque centrale européenne (BCE) se veut avant tout la gardienne de la stabilité des prix à moyen terme dans la zone euro (Belgique, Allemagne, Espagne, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Autriche, Portugal, Finlande, Grèce), afin de protéger le pouvoir d'achat et de contribuer à l'instauration d'un environnement économique favorable. La BCE et les banques centrales nationales des 12 pays de la zone euro constituent ce qu'on appelle l'Eurosystème. Les banques centrales des trois Etats de l'Union européenne n'ayant pas encore adopté l'euro (Danemark, Suède et Royaume-Uni) ne participent pas au processus de décision concernant la politique monétaire unique. Organe de décision suprême de la BCE, le conseil des gouverneurs (composé des six membres du directoire de la BCE et des douze gouverneurs des banques centrales nationales de la zone euro) est habilité à fixer les taux d'intérêt auxquels les banques commerciales et autres établissements de crédit peuvent obtenir de la monnaie (c'est-à-dire de la liquidité). Ces établissements jouent le rôle de canal de transmission de la politique monétaire vers l'ensemble des agents économiques. Ainsi, le conseil des gouverneurs pilote indirectement les taux d'intérêt pratiqués dans l'ensemble de l'économie de la zone euro, notamment les taux des prêts accordés par les banques commerciales aux ménages et aux entreprises et les taux de rémunération des dépôts des épargnants.