(AOF) - Les places boursières ont nettement rebondi, soutenues par des publications de sociétés et des indices économiques globalement rassurants. Après plus d'un mois de repli, le Dow Jones s'apprêtait à clôturer vendredi soir à New York sur un gain hebdomadaire de 6,80 %. Au terme d'une cinquième séance de hausse consécutive, l'indice CAC 40 a gagné 7,89 % à 3 118,46 points sur la semaine. Début juillet, les mauvais chiffres du chômage américain avaient brutalement remis en question la reprise attendue au second semestre. Depuis lors, les investisseurs attendaient avec anxiété le début de la saison des résultats pour voir si les signes de reprise, les fameux "green shoots", allaient se matérialiser dans les comptes des sociétés ou, tout du moins, dans leurs perspectives. Alors que la saison des résultats est bien entamée, le bilan semble jusqu'à présent positif. Sur les marchés, les investisseurs ont accueilli avec soulagement les résultats supérieurs aux attentes des principales banques américaines (Citigroup, Bank of America, JPMorgan et Goldman Sachs). Les robustes performances de certaines valeurs technologiques (Intel, IBM) ont permis de compenser les résultats décevants de Dell ou Google. Aux Etats-Unis comme en Europe, les opérateurs ont déserté les secteurs les plus fragilisés par la crise, à l'image de l'hôtellerie. Vendredi, Accor a chuté de près de 8 % après l'annonce d'un chiffre d'affaires trimestriel en baisse de 8,1 %. La veille, la chaîne américaine Marriott avait perdu plus de 6 % sur des prévisions décevantes. A l'inverse, les valeurs considérées comme les plus risquées (automobiles, banques...) ont été plébiscitées. Preuve de ce regain d'optimisme, le baril de WTI est repassé au-dessus des 60 dollars pour s'approcher des 64 dollars. Les valeurs cycliques, et notamment automobiles, soutiennent l'embellie des marchés : bis repetita. A l'image du rally entamé en mars et achevé en juin, les valeurs les plus exposées au cycle économique ont profité de l'appétit retrouvé des investisseurs pour le risque. Encore une fois, les valeurs liées à l'automobile se sont particulièrement distinguées, notamment grâce à l'annonce de la première hausse des immatriculations de voitures neuves en juin (+ 2,4 %) depuis mai 2008. Le pire semble donc passé dans un secteur qui ne devrait cependant pas connaître de redémarrage avant 2011, selon Carlos Ghosn, le P-DG de Renault Nissan. Après son rival, PSA Peugeot Citroën, le constructeur français a d'ailleurs annoncé vendredi une baisse de 16,5 % de ses ventes de véhicules au premier trimestre, en ligne avec le marché mondial, mais a fait état d'un free cash flow "significativement positif" sur la période. A la Bourse de Paris, ces deux nouvelles ont permis à Renault de terminer la semaine à la deuxième place du CAC 40 (+ 17,13 % à 24,55 euros), devant Peugeot (+ 9,80 % à 8,215 euros). Hors CAC 40, les équipementiers Faurecia et Valeo ont grimpé respectivement de 15,38 % à 6,761 euros et 20,73 % à 15,64 euros en cinq séances. Société Générale a repris sa couverture sur Faurecia à l'Achat tandis qu'UBS a repris son suivi de Valeo à l'Achat également. Bonne semaine pour les valeurs technologiques : les grands noms de la Silicon Valley ont envoyé cette semaine des signaux positifs sur l'état de santé du segment technologique. Dans le secteur des semi-conducteurs, STMicroelectronics s'est envolé de 7,28 % mercredi (+ 8,76 % à 5,426 euros en cinq séances), grâce à la présentation par le numéro un mondial, Intel, de prévisions officielles de chiffre d'affaires pour la première fois depuis janvier. Son P-DG, Paul Otellini, a explicitement reconnu que la visibilité s'améliorait sur ses marchés. Dans le secteur des services informatiques, Capgemini (+ 7,96 % à 28,535 euros en une semaine) a affiché vendredi la plus forte hausse de l'indice CAC 40, porté par les résultats supérieurs aux attentes du numéro un mondial, IBM. Le groupe américain s'est notamment distingué en annonçant une progression de ses marges. "Cette publication est rassurante sur la capacité de résistance des marges du secteur dans un environnement qui reste hostile", a commenté Oddo. L'analyse a en particulier mis en avant la progression des marges dans l'infogérance, une évolution qu'il s'attend également à observer chez Capgemini. Enfin, Alcatel-Lucent a signé la meilleure performance du CAC 40, soutenu par le relèvement de recommandation à Achat de Bank of America-Merrill Lynch. La grande distribution entame sa convalescence : d'avril à juin, les ventes mondiales de Carrefour ont reculé de 1,2 % à 23,44 milliards d'euros et baissé de 3 % en France. "Les ventes semestrielles de Carrefour témoignent d'une bonne résistance dans un environnement qui ne montre pas de signe d'amélioration à court terme", s'est félicité le directeur général du groupe Lars Olofsson. "Nous percevons au deuxième trimestre des signes encourageants des actions que nous avons engagées", a-t-il ajouté. En Bourse, le titre du premier distributeur européen a pourtant cédé 3,73 % à 31,40 euros vendredi (+ 1,29 % en une semaine) à la suite de cette publication. Les investisseurs ont le sentiment que les initiatives du groupe pour relancer ses ventes ne donneront pas de résultats rapides. A contrario, Casino a progressé de 4,78 % en cinq séances à 47,35 euros, les analystes ayant jugé son chiffre d'affaires trimestriel et ses perspectives rassurants. Le rival de Carrefour en France a annoncé un chiffre d'affaires au deuxième trimestre, en recul de 1,9 % à 6,82 milliards d'euros, conforme au consensus, et s'est déclaré dans les temps sur son plan de réduction de coûts. Pierre-Jean Lepagnot