Point de vue / Comment investir en cas de prix d'actifs "à bulles" ?

07/09/2009 - 12:00 - Option Finance

(AOF / Funds) - La liquidité mondiale croît très rapidement pour deux raisons : les politiques monétaires très expansionnistes dans les pays de l'OCDE et le retour depuis le deuxième trimestre 2009 à l'accumulation de réserves de change pour stabiliser le dollar. Cette liquidité abondante accompagnée de taux d'intérêt à court terme très faibles finance déjà des achats spéculatifs de différents actifs : matières premières, obligations corporate, actions des pays émergents, peut-être même actions des pays de l'OCDE. Avec le désendettement du secteur privé, on envisage un retour progressif à une croissance modérée, et pas une reprise forte des économies. Dans cette situation (hausse du chômage, baisse des salaires, etc.), il est impossible que les Banques centrales passent à une politique monétaire plus restrictive. L'excès de liquidité et le fait que les prix de plusieurs actifs sont dirigés par la liquidité et non par les fondamentaux vont donc s'amplifier. Or nous pensons que la consommation des ménages va s'affaiblir fortement en 2010 avec la hausse des prix des matières premières et du chômage ; avec l'arrêt d'aides publiques (prime à l'achat d'automobiles en particulier, et enfin avec le freinage des salaires. Ces mauvaises nouvelles sur la consommation peuvent faire remonter l'aversion pour le risque des investisseurs qui est devenue très faible depuis le début de 2009, et conduire à une correction des prix d'actifs "à bulle" (tirés par la liquidité). Alors, que doivent faire les investisseurs ? Ils sont confrontés à des rendements très élevés sur les actifs dont les prix sont tirés par la liquidité (matières premières, crédit, actions, actions des émergents). Ils sont aussi confrontés au risque de correction sur les prix de ces actifs si l'aversion pour le risque remonte avec les mauvaises nouvelles sur la consommation. Puisque l'excès de liquidité va se prolonger, ils ne peuvent pas renoncer à profiter de la hausse des prix des actifs risqués. Il faut donc qu'ils restent investis en matières premières, crédit, actions, émergents. Mais il faut qu'ils se couvrent contre le risque de remontée de l'aversion pour le risque, ce qui peut se faire en prenant une position longue sur les dettes publiques (avec la baisse des taux d'intérêt à long terme qu'entraînerait la remontée de l'aversion pour le risque, comme on l'a vu en 2003 et de l'été 2008 au printemps 2009. Patrick Artus, directeur de la recherche et des études de Natixis