ALCATEL-LUCENT : rachats complémentaires d'OCEANE 2011

11/09/2009 - 16:18 - Option Finance

(AOF) - Alcatel-Lucent a annoncé des rachats complémentaires d'obligations à options de conversion et/ou d'échange en actions nouvelles ou existantes (OCEANE) venant à échéance le 1er 2011 pour l'équivalent de 2,99% de l'émission initiale. Ayant déjà racheté 11,97% des OCEANE 2011 initialement émises, l'équipementier télécoms en détient désormais 14,96%. Le 2 septembre, Alcatel-Lucent a annoncé son intention de racheter jusqu'à 20% de ces titres. " Le groupe ne souhaitait pas dépasser 20% car, au-delà de ce seuil, il aurait dû initier une offre de désintéressement sur l'ensemble des OCEANE 2011 ", a expliqué Jose-Antonio Gagliardi, directeur associé au sein de l'activité equity capital market de la Société Générale, à l'hebdomadaire Option Finance. Cette opération avait été lancée parallèlement à l'émission d'OCEANE à échéance janvier 2015, dont le montant été porté à 1 milliard d'euros après l'exercice de l'option de surallocation. "L'objectif de l'émission est de permettre, à titre principal, le refinancement de l'endettement du groupe et le rallongement de la maturité de ce dernier et, de manière résiduelle, de répondre aux besoins de financement généraux du groupe", avait alors précisé Alcatel-Lucent.

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

Oceane : Les obligations convertibles en actions nouvelles ou existantes permettent à leur émetteur d'échanger les obligations contre des actions préexistantes. Les Océane ont généralement un taux inférieur à celui d'une obligation classique, puisque le porteur peut bénéficier de l'avantage de la conversion, et par ailleurs, elles évitent à l'émetteur le risque de dilution du capital.

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

- Au 30/06/2009 : 7,503 milliards d'euros (-5,8%) - Au 31/12/2008 : 16,984 milliards d'euros (-4,5%)

Résultats

- Au 30/06/2009, résultat d'exploitation : -316 millions d'euros, soit -4,2% des revenus; résultat net part du groupe : -302 millions (contre -317 millions au 1er semestre 2008); - Au 31/12/2008, résultat de l'activité opérationnelle :-5,303 milliards contre -4,249 en 2007. Résultat net part du groupe : -5,215 milliards d'euros contre -3,518 en 2007.

Prévisions

Alcatel-Lucent a réaffirmé ses prévisions pour l'année 2009. Il prévoit toujours une baisse du marché global des équipements de télécommunications et des services de déploiement associés de 8% à 12% pour 2009, à taux de change constant. Le résultat d'exploitation ajusté (hors éléments exceptionnels) devrait atteindre l'équilibre en 2009.

Stratégie

A fin juin 2009, Alcatel Lucent estimait avoir atteint environ 35% de son plan annualisé de réduction de coûts. Ce plan vise (en rythme annualisé) 750 millions d'euros de réduction de coûts d'ici la fin du quatrième trimestre 2009. Des réductions d'effectifs sont prévues, notamment en France, ainsi que des réductions du nombre de sous-traitants, la rationalisation des sites, entre autres. A cela s'ajoute une stratégie de co-sourcing : le 18 juin dernier, Alcatel-Lucent et HP ont annoncé leur intention de mettre en oeuvre un projet d'une durée de 10 ans, qui devrait permettre d'améliorer l'efficacité de l'infrastructure informatique et de télécommunications d'Alcatel-Lucent. Des revenus devraient également être générés grâce à des offres commerciales conjointes.

Evènements financiers

Le groupe vient de lancer une émission d'obligations convertibles et/ou échangeables en actions nouvelles ou existantes (Océanes) pour 870 millions d'euros. Ce montant pourrait être porté à 1 milliard d'euros. L'objectif de l'émission est essentiellement de permettre le refinancement de l'endettement du groupe et le rallongement de sa maturité. La cession des titres Thales (20,8% du capital) à Dassault Aviation a été finalisée pour 1,566 milliard d'euros. L'entreprise étudie la possibilité de vendre d'autres actifs qui ne font pas partie de son coeur de métier.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Sur le second trimestre le chiffre d'affaires a progressé de 8,5 %, alors que le recul du marché était compris entre 8% et 12% à taux de change constants; - Le groupe a publié un bénéfice net de 14 millions d'euros au deuxième trimestre. Il s'agit du premier profit depuis la fusion entre Alcatel et Lucent, survenue en 2006; - Le nouveau management devrait faciliter la réorientation stratégique : le style direct du nouveau directeur général, Ben Verwaayen, et sa recherche de proximité avec les salariés, tranche avec l'équipe précédente; - Le groupe est engagé dans un vaste plan d'économies, qui devrait améliorer ses performances opérationnelles. Il pourrait quitter son siège historique dans le VIIIe arrondissement de Paris; - Le groupe a récemment réitéré ses objectifs financiers; - L'équipementier vient de signer deux nouveaux contrats en Chine auprès de China Mobile et China Telecom, les deux autres opérateurs du pays. Le groupe est déjà le premier équipementier occidental en Chine, via sa coentreprise Alcatel-Lucent Shanghai Bell. La Chine constituerait un important relais de croissance car il bénéficie d'une hausse d'activité estimée de 5% alors que le marché mondial risque de chuter de 10% cette année.

Faiblesses

- La situation de trésorerie du groupe est tendue : à fin juin 2009, sa trésorerie opérationnelle était négative pour 330 millions d'euros tandis que le déficit de financement des retraites s'est creusé à 1,162 milliard d'euros; - Le groupe ne cesse d'enregistrer des dépréciations d'actifs depuis sa fusion avec Lucent : l'an passé il a dû comptabiliser une perte de valeur sur actifs, plus importante qu'en 2007 et s'élevant à 4,725 milliards d'euros; - Certains analystes considèrent que la stratégie n'est pas très claire et qu'elle doit encore faire ses preuves; - Le groupe ne versera pas de dividende pour l'année 2008. Si distribuer des dividendes fait partie intégrante de la stratégie, les dirigeants ne peuvent dire quand l'entreprise pourra en verser.

La valeur et son secteur

Principales activités

Trois segments : opérateurs (68%), services (24%), entreprises (8%)

Le secteur

Les équipementiers télécoms sont pénalisés par les réticences des opérateurs à investir dans leurs infrastructures dans un contexte de crise. Ces derniers reportent leurs investissements pour préserver leurs marges. Les équipementiers doivent également affronter une concurrence accrue avec l'apparition de nouveaux acteurs. Les chinois Huawei et ZTE, qui ont renforcé leur compétence technologique, tirent les prix vers le bas.

La valeur dans son secteur

Leader mondial dans le secteur des équipements de réseaux d'opérateurs. Leader dans l'accès haut débit, en optique (terrestre et sous-marin), en CDMA (équivalent américain du GSM), et dans le secteur de la téléphonie d'entreprise en Europe occidentale.

Comment suivre la valeur

- Surveiller la santé des opérateurs télécoms est indispensable pour évaluer comment se porte la demande d'infrastructures auprès des équipementiers; - Surveiller le développement en Chine, qui représente un enjeu majeur; - Suivre l'amélioration des performances opérationnelles suite à la réalisation du plan de réduction des coûts.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Equipementiers télécoms

Selon le cabinet d'études Gartner, les ventes de téléphones mobiles dans le monde ont chuté de 9,4% au premier trimestre. Le secteur est touché par une baisse de la demande suite à la crise économique. A cela s'ajoute un déstockage massif de la part des revendeurs, qui résulte des méventes de 2008. Côté fabricants, le niveau des stocks a chuté de 25 millions d'unités au premier trimestre. Gartner estime que ce mouvement devrait continuer sur la période d'avril à juin. Par contre les téléphones dits " intelligents  » (ou " smart-phones ") s'en sortent bien. Leurs ventes ont bondi de 12,7% au premier trimestre. En France, la situation est similaire : sur les quatre premiers mois de 2009, les ventes de mobiles classiques ont reculé de 6%, mais celles des "smart-phones" se sont renchéries de 113%, selon l'institut GfK. Cette tendance a permis au marché global de se maintenir par rapport aux quatre premiers mois de 2008. Les mobiles à écran tactile représentent aujourd'hui le quart des ventes en France alors qu'ils sont arrivés très récemment sur le marché. Pour faire face à cet engouement, les fabricants misent sur ce créneau. Pionnier dans ce domaine, LG Electronics a introduit la fonction tactile sur des mobiles de milieu de gamme. Son compatriote Samsung s'apprête à lancer trois nouveaux modèles tactiles.