Chronique / La crise est d'abord monétaire

22/10/2009 - 15:13 - Option Finance

(AOF / Funds) - Les variations de change très importantes que l'on observe actuellement entre le dollar, l'euro et le yen, viennent nous rappeler qu'une des origines de la crise financière de 2007 et de la récession de 2008 se retrouve dans la faiblesse du système monétaire international. Depuis le début, ce système basé sur le dollar a un défaut : la liquidité mondiale dépend et varie au gré du déficit des paiements courants des Etats-Unis. Ce défaut s'est sensiblement aggravé avec l'irruption de la Chine comme puissance économique majeure. Cette dernière base en effet son expansion sur les exportations et les excédents qu'elle en dégage. Au cours des douze derniers mois, l'excédent des paiements courants chinois a en effet atteint 6,1 % du PIB. Cette stratégie s'accompagne d'une politique de change stable par rapport au dollar, ce qui souligne l'accumulation de réserves en dollar très importantes investies pour l'essentiel en obligations américaines. Cette liquidité créée en abondance entre 2003 et 2007 a généré les bulles du crédit, des matières premières et surtout de l'immobilier. L'éclatement de celles-ci a entraîné, depuis 2007, les événements que nous connaissons. Si les Etats-Unis cherchent à sortir de la crise en relançant la consommation de leurs ménages (qui représente 71 % du PIB, proportion probablement trop importante), la même cause produira inévitablement les mêmes effets, déficit des paiements courants, liquidités trop abondantes, éclatement des bulles qui se seront reformées, crise financière et récession. Les relances budgétaire et monétaire en cours visent évidemment aussi à relancer la consommation, mais une autre voie semble aussi apparaître, la dévaluation du dollar contre l'euro et le yen comme moyen de rééquilibrer le déficit américain. Mais cette politique a beaucoup d'inconvénients. Elle laisse de côté la Chine, qui reste de facto dans la zone dollar, avec en conséquence des conditions monétaires inadaptées à une économie qui croît de 10 % par an. Elle s'attaque par ailleurs à la zone euro, qui dégage pourtant un déficit des paiements courants (1 % du PIB). Cette tentative de correction par le change apparaît donc mal calibrée et dangereuse. En fait, le phénomène de création de liquidités en dollar est reparti de plus belle. Il est même accentué par la transformation du dollar en monnaie d'emprunt, base d'opérations de carry trade. Nous sommes donc en route pour la reproduction de nouvelles bulles. Profitons-en pendant la phase la plus agréable. Mais il ne faudra pas oublier de se couvrir le moment venu. Jean-Pierre Hellebuyck, vice-président, directeur de la stratégie d'investissement, Axa Investment Managers