Chronique / Stratégies de sortie

30/10/2009 - 11:27 - Option Finance

(AOF / Funds) - La situation dans les marchés financiers s'est considérablement améliorée. Les problèmes de liquidité dans le système bancaire semblent appartenir au passé. La situation économique montre quelques signes de stabilisation. Il n'est pas étonnant, dans ce contexte, que certaines banques centrales envisagent de revoir les politiques monétaires mises en place pendant la crise dans un sens un peu moins généreux. En fait, le processus est déjà engagé. La banque centrale d'Australie a ainsi remonté récemment son taux directeur. Certes, l'Australie est dans une situation économique relativement confortable, que beaucoup de pays lui envient. Il n'en reste pas moins que le marché a vu dans cette décision un signe avant-coureur d'un changement de cap généralisé des politiques monétaires. La Fed, de son côté, a déjà revu sensiblement à la baisse beaucoup de ses programmes non conventionnels mis en place pendant la crise. La plupart d'entre eux s'arrêteront de toute manière au début de l'année prochaine. Dans le beige book publié cette semaine, la banque centrale des Etats-Unis adoptait un ton relativement optimiste, en notant une amélioration de la situation dans l'industrie manufacturière et l'immobilier, même si de gros problèmes subsistent, tels que la demande de crédit, qui reste faible, ou le marché du travail, qui ne donne guère de signaux d'amélioration. En Europe, Mervyn King (BoE) déclarait cette semaine qu'il fallait se préparer à une hausse, tôt ou tard, du taux de base. Et Axel Weber affirmait qu'il faudra songer à retirer des liquidités du système bancaire. En fait, il est très peu probable que l'on observe, dans les grands pays de l'OCDE et dans les douze prochains mois, une hausse des taux directeurs. En revanche, on ne peut pas exclure que les mesures non conventionnelles prises pendant la crise et destinées à répondre à des problèmes qui se sont, pour beaucoup d'entre eux, fortement atténués, soient progressivement retirées. Concrètement, dans la mesure où les mécanismes de transmission de la politique monétaire semblent à nouveau fonctionner un peu plus normalement, les instruments non conventionnels s'imposent de moins en moins. Pour le marché, cependant, retirer les mesures non conventionnelles peut être annonciateur d'une future hausse des taux directeurs. C'est l'une des raisons pour lesquelles les marchés obligataires se sont plutôt mal comportés au cours de la semaine sous revue. Le rendement du bund dix ans a ainsi progressé de 5 pb, celui du Tnote dix ans de 6 pb et celui du Gilt de même maturité de 7 pb. Dans la mesure où la baisse de l'obligataire incombe en partie aux perspectives de changement de cap monétaire, les actions n'ont pas profité de la baisse de l'obligataire et ont, de manière générale, plutôt fait du surplace. Elles n'ont pas réussi à capitaliser sur les résultats des entreprises, pas plus que sur des chiffres de conjoncture qui, de manière générale ne contredisaient pas l'idée d'une amélioration de la situation conjoncturelle. Ainsi, les PMI de la zone euro s'affichent désormais tous les deux au-dessus de 50 (50,7 pour l'industrie manufacturière et 52,3 pour les services). L'indice Ifo, en Allemagne, a confirmé sa tendance haussière, en s'affichant à 91,9 en octobre, contre 91,3 le mois précédent. En France, les dépenses de consommation ont progressé de 2,3 % d'août à septembre, et la confiance dans les milieux d'affaire a continué de s'améliorer en octobre. Aux Etats-Unis, les chiffres relatifs à l'immobilier, sans être extraordinaires, étaient plutôt rassurants - permis de construire et mises en chantier relativement stables en septembre, baisse des prix des maisons moins rapide puisque, selon l'indice RPX Composite 28 jours, elle ne serait "plus" que de 9,76 % en août, contre un recul de 12,46 % en juillet et de 23 % en début d'année. Au Royaume-Uni, l'évolution en glissement annuel du prix des maisons est redevenue positive en octobre pour la première fois depuis juin 2008. Il y a tout de même quelques ombres dans ce tableau conjoncturel, notamment au Royaume-Uni, avec le surplace des ventes au détail en septembre et, surtout, la baisse inattendue du PIB au troisième trimestre (- 0,4 % par rapport au deuxième trimestre, soit un recul de 5,2 % en glissement annuel). Le calendrier économique de la semaine prochaine est particulièrement bien fourni. On surveillera en particulier, aux Etats-Unis, le PIB du troisième trimestre, les commandes à l'industrie et le prix des maisons. En zone euro, on sera particulièrement attentif à la confiance des ménages (France et Italie), au climat des affaires dans plusieurs pays, aux chiffres du chômage en Allemagne. Les prix - et en particulier le flash estimate de l'inflation de la zone euro - seront également à l'honneur, surtout après la forte hausse du prix du brut. René Defossez Stratégiste, Natixis