Analyse / A l'Est quoi de nouveau ?

12/11/2009 - 11:21 - Option Finance

(AOF / Funds) - Une de mes blagues favorites sur la Guerre froide met en scène Staline sur son balcon interrogeant le soleil à différentes périodes de la journée sur le fait de savoir qui est le maître sur terre. Le matin et le midi le soleil conforte Staline dans son ego. Puis vient le soir et, surprise, plus de réponse. Le Soleil est passé à l'Ouest ! Le soleil économique ne serait-il pas subitement passé à l'ouest de l'Ouest... c'est-à-dire de nouveau en Asie ? Le temps du leadership américain incontesté sur les économies, les marchés et d'autres thèmes encore semble bien derrière nous. Et quand bien même le dynamisme de l'économie américaine nous surprendra lorsque les problèmes liés à l'immobilier, au chômage, à la dette fédérale, à la surconsommation américaine, à l'excès des lobbies auront trouvé des solutions, force est de constater que ce ne sont pas les indicateurs du passé, en particulier la consommation américaine, qui doivent retenir l'attention pour les semestres qui viennent. Les reprises en Chine, en Inde et au Brésil ont pris le relais du moteur américain. Les raisons de ce changement sont durables car les transformations que ces pays vont connaître ne sont pas sans précédent historique dans les pays développés - exode rural et équipement en infrastructures ont été les ferments des "Trente glorieuses". Ceci n'est d'ailleurs pas nouveau, et rend les plans de relance dans ces pays d'autant plus solides et crédibles. Leur exécution dans des pays où la stabilité politique et légale n'est pas durablement acquise doit être attentivement suivie. Et là, réside la deuxième difficulté dans cette phase critique. Les informations abondent sur les économies développées qui connaissent des difficultés. Faute de faire l'effort de collecter l'information nécessaire sur les pays émergents, sans l'analyse de situations qui nous sont moins familières, sans appréciation rigoureuse des risques liés à ces transitions vers l'industrialisation et l'émergence de classes moyennes nombreuses, il faut se préparer au risque de conduire le nez dans le rétroviseur. Même si ces moteurs doivent connaître des ratés, il y a fort à parier que le retour à "l'investment grade" de la dette brésilienne ne restera pas un événement isolé et que les profits des entreprises locales ou des entreprises internationales établies dans ces zones en croissance bénéficieront de l'embellie actuelle. Dans cette phase, paradoxalement, c'est en dehors du rond de lumière du réverbère qu'il faut chercher la lumière. Par Jean-François Boulier, directeur général, Aviva Gestion d'Actifs