Construction : ajustement douloureux attendu en Europe et aux Etats-Unis

30/12/2009 - 09:02 - Option Finance

(AOF) - Les principaux groupes cimentiers mondiaux anticipent un ajustement douloureux dans le secteur de la construction dans les pays développés selon le Financial Times qui a interviewé plusieurs responsables de ces sociétés. La hausse de la dette des Etats devrait en effet se traduire par un tassement des dépenses d'infrastructures. En Europe, la demande de ciment en 2010 devrait être inférieure de 30% à celle de 2007 avant de se redresser légèrement en 2012 selon Euroconstruct. " Même en Chine où le gouvernement a été le plus prompt à mettre ses plans en oeuvre, nous commençons juste à sentir les effets du plan de relance de 800 milliards de dollars ", a par ailleurs déclaré Jean Desazars de Montgailhard, directeur général adjoint de Lafarge.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

- Au 30.06.2009 : 7 991 millions d'euros (-12%) - Au 31.12.2008 : 19 033 millions d'euros (+8%)

Résultats

- Au 30.06.2009, résultat d'exploitation courant : 1 131 millions d'euros (-30%); Résultat net part du groupe : 370 millions d'euros (contre 911 millions au 1er semestre 2008) - Au 31.12.2008, résultat d'exploitation courant : +9% à 3 542 millions d'euros; Résultat net part du groupe en baisse de 16% à 1 598 millions d'euros

Prévisions

Le groupe a révisé à la baisse ses prévisions. Il table désormais sur une baisse annuelle des volumes de ciment comprise entre 4% et 8% sur les marchés sur lesquels il est présent cette année (contre un recul de 2% à 5% estimé auparavant). Le groupe considère que la baisse des volumes devrait continuer à peser sur les marges opérationnelles. Les coûts d'énergie devraient diminuer durant la seconde moitié de l'année. Il perçoit déjà certains effets positifs des plans de relance en Chine. L'impact de la plupart des autres plans sur le secteur devrait être notable en 2010.

Stratégie

Lafarge donne la priorité au désendettement et à la génération de cash-flow. Le groupe va poursuivre la mise en oeuvre rapide du programme de réduction de coûts de 400 millions d'euros d'ici 2011. 750 millions d'euros de désinvestissements ont été réalisé sur un total de 1 milliard d'euros pour 2009. Lafarge a également deux priorités stratégiques pour l'avenir : poursuivre sa croissance sur les marchés émergents et accélérer l'innovation, notamment pour répondre aux modes de construction plus durables. Dès 2010, 65% de ses résultats devraient être réalisés sur les marchés émergents.

Evènements financiers

Pour consolider sa structure financière, Lafarge a procédé à une augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros. Il a également réalisé plusieurs émissions obligataires d'un montant total proche de 2,5 milliards d'euros, visant à restructurer son endettement.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Positions de leader dans chacune de ses activités ; - Grâce à la génération d'un cash-flow libre de en hausse de 746 millions d'euros à 875 millions d'euros au 1er semestre, le groupe est parvenu à réduire son endettement de 2 292 millions d'euros au 2ème trimestre ; - Sa diversification géographique permet au groupe de mieux résister que ses concurrents à la conjoncture difficile, grâce au poids important des pays émergents dans son chiffre d'affaires (46% réalisé au Moyen-Orient, en Europe Centrale et de l'Est, en Afrique et en Asie à fin 2008). Sur le premier semestre, Lafarge a bénéficié d'une forte croissance de son résultat d'exploitation courant au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie ; - Le rachat d'Orascom Cement a permis à Lafarge de détenir des positions de leader au Moyen-Orient, marché en plein essor ; - Le groupe a mené ses refinancements avec succès : il a ainsi pu réduire son endettement net, éliminer son covenant bancaire associé et optimiser l'échéancier de ses remboursements.

Faiblesses

- Prudent pour l'avenir, le cimentier a préféré diviser par deux le dividende versé à ses actionnaires au titre de l'exercice 2008 ; - Le ralentissement économique a pesé sur les volumes et les marges, notamment dans les marchés développés, à la fois au second trimestre et au premier semestre. Au total ses ventes reculent de 12% au premier semestre et son résultat d'exploitation courant de 30% ; - Même si l'augmentation de capital a renforcé la structure financière du groupe, elle aura un impact dilutif sur le bénéfice net par action.

La valeur et son secteur

Principales activités

Trois activités : ciments (57% du chiffre d'affaires), béton et granulats (35%), plâtre (8%)

Le secteur

Lafarge estime qu'à long terme, l'industrie mondiale du ciment sera soutenue par des tendances de fond telles que l'urbanisation, la croissance démographique et les besoins en infrastructures des pays émergents. Les marchés européen et américain sont aujourd'hui matures. C'est pourquoi les cimentiers sont d'ores et déjà positionnés dans les pays en voie de développement comme l'Inde ou la Chine. Sur le plan géographique les plus gros producteurs de ciment sont la Chine, suivie de l'Inde et ensuite des Etats-Unis.

Comment suivre la valeur

Les performances de Lafarge sont étroitement liées à l'état du secteur de la construction. Fortement cyclique ce dernier dépend de l'évolution des taux d'intérêt, des facilités d'accès au crédit et du climat de confiance. Le prix de l'énergie est également à surveiller car il compte pour 25% à 30% du coût de production du ciment. Les résultats de Lafarge sont, pour partie, dépendants du cours du dollar par rapport à l'euro du fait de sa présence aux Etats-Unis : le groupe bénéficie de la remontée actuelle du dollar.

Rémunération des actionnaires

Dividendes versés

2 euros par action au titre de 2008

Taux de distribution des dividendes

25% des bénéfices 2008

Taux de croissance du dividende par action

-100% (4 euros par actions sur résultats 2007)

Rendement

4,4%

Estimations de dividendes par action

1,73 euro en 2009

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

Les acteurs doivent s'adapter à deux défis : la crise et un meilleur respect de l'environnement. Pour affronter la crise, la plupart, à l'instar de Saint-Gobain, ont mis en place des plans de réduction des coûts. Quant au respect de l'environnement, selon les objectifs fixés par le Grenelle de l'environnement, la consommation énergétique moyenne du parc de bâtiments, estimée à 240 kWh/m2/an, doit être ramenée à 50 kWh/m2/an en 2050. Les acteurs du secteur de la construction comme de celui des matériaux de construction innovent pour satisfaire ces exigences. Ainsi Lafarge et Bouygues Construction ont coopéré pour créer une nouvelle gamme de bétons isolants prêts à l'emploi, Thermedia. Ce produit diviserait par trois la conductivité thermique par rapport à un béton standard et limiterait donc les déperditions thermiques des bâtiments. Il ne sera lancé qu'en septembre 2011. Lafarge et Bouygues avaient déjà mis au point dans le passé un béton léger, le Ductal. Les distributeurs de matériaux s'adaptent également, et commercialisent de nouveaux matériaux, en particulier les panneaux photovoltaïques.