Quelles classes d'actifs à privilégier en 2010 ?

05/01/2010 - 12:15 - Option Finance

(AOF / Funds) - Quelles classes d'actifs et quels thèmes faut-il sélectionner pour surperformer le marché en début d'année ? Pour répondre à ces questions, Option Finance a consulté les principaux gérants d'actifs de la place. Résultat : ces derniers sont majoritairement favorables aux actions émergentes, au crédit et aux obligations convertibles. Malgré le rally des actions en 2009, la majorité des gérants restent positifs au sujet de cette classe d'actifs pour le premier trimestre 2010. "Avec des performances positives accompagnées d'une volatilité plus faible qu'en 2009, le risque actions sera mieux rémunéré en 2010, affirme Rachid Medjaoui, directeur de la gestion tactique de l'allocation d'actifs à La Banque Postale AM. De plus, même si la croissance économique est modérée, les entreprises ont tellement restructuré leur bilan l'an passé qu'elles seront à même de dégager des marges de rentabilité. Nous sommes donc globalement positifs sur les actions." A plus de 80 %, les gérants interrogés sont positifs sur les actions internationales. Une surpondération que Jean-Yves Dumont, responsable de l'allocation stratégique de Dexia AM, explique par "des signes de reprise économique qui se confirment, des valorisations attractives et des bénéfices qui seront positifs en 2010 et 2011". Certaines zones géographiques seront néanmoins plus discriminantes pour trouver de la performance. A ce titre, un consensus positif se dégage sur les actions de pays émergents, surpondérées dans plus de 80 % des allocations d'actifs. "En 2010, nous surpondérons les pays émergents en raison d'une dynamique de croissance et d'une amélioration de leur profitabilité non valorisée dans les cours pour l'instant", indique Jean-Yves Dumont. La situation sera cependant hétérogène : "Nous sommes sélectifs, ce qui nous conduit à privilégier l'Amérique latine et à rester à l'écart des actions d'Europe émergente", indique Rachid Medjaoui. Selon lui, concernant les pays développés, "les valorisations des entreprises européennes sont plus attractives en Europe qu'aux Etats-Unis". Pourtant, 43 % des maisons de gestion optent pour une pondération neutre de cette classe d'actifs, leur préférant les marchés américains à 68 %. Un choix que Rachid Medjaoui explique notamment par " le caractère plus défensif de ces marchés". Pour CPR AM, "les Etats-Unis profiteront d'une compétitivité accrue compte tenu de la dévaluation du dollar, sachant que ce pays réalise plus de 30 % de son PIB à l'extérieur et que l'économie de la Chine et des pays émergents redémarre, indique Malik Haddouk, responsable gestion diversifiée de la société de gestion. De plus, les entreprises américaines, hors financières, ont réduit massivement leurs coûts, se sont restructurées et disposent désormais de cash. Leur situation bilancielle est plus saine, avec une réduction de l'endettement. Enfin, après des résultats meilleurs que prévu au troisième trimestre 2009, grâce à une bonne maitrise des coûts, nous attendons désormais qu'elles améliorent de façon plus marquée leur chiffre d'affaires comme elles ont déjà commencé à le faire au cours du dernier trimestre." A l'inverse, le Japon fait l'objet d'avis plus partagés : 25 % des gérants le surpondérant, 25 % étant neutres, 37 % le sous-pondérant et 12 % le sous-pondérant fortement. Pour certains, il est intéressant de jouer les actions japonaises pour une question de momentum : "nous anticipons une dépréciation du yen et, historiquement, à chaque fois que cela s'est produit, les marchés japonais se sont appréciés, à mesure que l'on s'approche de la fin de l'exercice fiscale en mars prochain", indique Cyrille Geneslay, gérant gestion diversifiée chez CPR AM. Pour redevenir positifs sur le Japon, d'autres gérants attendent que la croissance mondiale redevienne autoentretenue, c'est-à-dire progresse sans l'aide des banques centrales et des Etats. Outre la zone géographique, les thématiques actions font l'objet d'une approche différente de la part des gérants. Tout d'abord, 56 % des gérants privilégient les actions de grandes capitalisations plutôt que les petites et les moyennes. "Nous estimons qu'il existe un retard de valorisation sur les large caps de qualité", précise Rachid Medjaoui. S'agissant du style d'investissement, les actions dites "value" auront plus d'avenir que les valeurs de croissance en 2010 pour 31 % des gestionnaires. "Dans une optique de reprise molle de la croissance, il vaut mieux jouer les actions values que growth", indique Malik Haddouk. Pour leur part, les actions à dividendes (ou rendement) sont surpondérées dans 56 % des allocations d'actifs. Pour Dexia AM, "si, en 2009, toutes les valeurs se sont appréciées, avec très peu d'écarts de performance, les sociétés de bonne qualité distribuant un dividende stable feront la différence en 2010, notamment dans le domaine des télécoms et de l'énergie", indique Jean-Yves Dumont. D'autres gérants les privilégient "pour leur caractère défensif en cas de nouvelle baisse des marchés", souligne Rachid Medjaoui. Surpondérées par 68 % des répondants, les matières premières ont elles aussi du succès dans les allocations et plus particulièrement "les métaux industriels, le pétrole et l'agriculture", précise Malik Haddouk. Dans le domaine des taux, la sous-pondération sur le monétaire euro traduit une absence d'anticipation de remontée des taux pour la majorité des gérants. En revanche, comme en 2009, le crédit et les obligations convertibles sont des classes d'actifs reines dans les allocations d'actifs. "Les titres de crédit investment grade devraient délivrer des performances totales aux alentours de 7 % ou 8 %, indique Malik Haddouk. Les obligations à haut rendement restent également intéressantes, car elles offrent déjà des rendements aux alentours de 7 % en se contentant de les porter à leur terme, sans même prendre en compte une éventuelle réduction des spreads de crédit. Enfin, les obligations convertibles qui offrent un couple rendement/risque intéressant trouvent toute leur place dans un portefeuille final dans un souci de diversification". En ce qui concerne les devises, le seul consensus qui se dégage est celui sur la dette émergente, avec 62 % des gérants la surpondérant. Pour Rachid Medjaoui, "l'Europe de l'Est présente encore un potentiel d'appréciation lorsque l'on veut jouer le thème de la convergence des monnaies d'Europe de l'Est avec l'euro". Enfin, en 2010, la gestion alternative retrouve sa place dans les allocations d'actifs par rapport à 2009. "Avec une volatilité qui sera inférieure en 2010 par rapport à 2009, les stratégies alternatives vont de nouveau performer l'année prochaine, indique Rachid Medjaoui. Cependant, nous restons sélectifs en privilégiant par exemple celles sur les convertibles. Le non coté nous intéresse également. A l'inverse, nous préférons rester à l'écart de la global macro, en raison de l'absence de tendances marquées dont ces stratégies ont besoin pour performer." La gestion alternative fait désormais l'objet d'un intérêt pour la majorité des gérants, puisque 56 % d'entre eux la surpondèrent. Floriane Tedoldi