Interview / Michel Favre (Rexel)

20/01/2010 - 16:17 - Option Finance

(AOF) - Interview de Michel Favre, directeur finances, contrôle et juridique de Rexel

Quels sont les grands chantiers de la direction financière en 2010 ?

Après avoir refinancé la société fin 2009, nous allons nous concentrer cette année sur des priorités de deux ordres. En termes d'activité, nous sommes dans une phase de plateau. La gestion du cash et la maîtrise des coûts restent prioritaires, mais la reprise d'activité est désormais une question de mois. L'enjeu va donc être d'être très réactif dès que la reprise va se concrétiser, probablement vers l'été, avec comme objectif d'obtenir de meilleurs résultats que le reste du secteur. Alors qu'en 2009 nous avons coupé nos investissements de façon drastique, cette année nous souhaitons renouer avec un niveau plus "normal", de l'ordre de 80 millions d'euros. Les investissements vont néanmoins rester très ciblés, ce qui va demander un pilotage fin. L'autre priorité va concerner le contrôle interne et la gestion de risques. Nous souhaitons évoluer vers des process plus automatisés et centralisés. [-73]· cette fin, nous allons mettre en place des plateformes informatiques transversales pour l'ensemble du groupe, implanté dans 34 pays, et réaliser une mise à niveau de nos procédures. Cela s'avère d'autant plus nécessaire que nous avons intégré de nombreuses entités ces trois dernières années. Nous allons également renforcer notre panel d'indicateurs, en en rajoutant 5, plus opérationnels que financiers.

Comment évolue votre secteur d'activité ?

Le secteur du matériel électrique a beaucoup souffert de l'absence de projets, notamment liée au fort ralentissement de la construction tertiaire. Notre chiffre d'affaires a ainsi enregistré une baisse organique de 18,4 % à 8,4 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'année 2009, ce qui ne nous empêche pas de gagner des parts de marchés dans nos principaux pays. Depuis le deuxième trimestre dernier, cependant, la chute d'activité s'est stabilisée et l'on a récemment pu observer quelques signes de reprise sur certains marchés, par exemple la Chine et l'Allemagne. Notre secteur doit cependant faire face à un décalage dans le temps entre le début des projets de construction et l'impact sur notre activité, généralement de 6 à 9 mois. Je pense donc qu'à partir du deuxième semestre 2010, nous observerons de vrais signes de reprise, en particulier grâce à des projets industriels et résidentiels. De plus, nous devrions commencer à ressentir les effets des programmes gouvernementaux de relance. A.F.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- L'acquisition d'Hagemeyer permet au groupe de renforcer son leadership mondial grâce à l'élargissement de sa présence européenne (55% des ventes). - Rexel se concentre sur l'optimisation de la structure financière et la génération de cash-flows pour faire face à un environnement incertain. - Rexel a mis en place des relais de croissance sur trois segments : les économies d'énergie, les énergies renouvelables et les projets internationaux dans les secteurs du gaz et du pétrole. Sur ces trois segments, Rexel entend porter son chiffre d'affaires d'environ 200 millions d'euros en 2009 à 600 millions en 2012. - Rexel va également poursuivre le développement de ses ventes internet. L'e-commerce gagne environ 1,5 point par an en pourcentage du chiffre d'affaires. A partir de 10% du chiffre d'affaires, le commerce en ligne ouvre la voie à une amélioration de la productivité. Sa part est estimée à 12% pour 2009.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe a un mix géographique jugé défavorable avec une forte exposition à l'Europe (55% du chiffre d'affaires) et une faible présence dans les pays émergents. - Rexel est une valeur cyclique. Elle est très exposée au ralentissement des marchés de la construction. - Rexel est pénalisé par toute chute des cours du cuivre : les câbles représentent 18% du chiffre d'affaires. Ils sont composés à 58% de cuivre. Tout repli de 500 dollars de la tonne de cuivre a un impact d'environ 15 millions d'euros sur le résultat opérationnel ajusté - Pour optimiser sa structure financière, Rexel a suspendu la distribution d'un dividende.

Comment suivre la valeur

- L'acquisition d'Hagemeyer devrait créer d'importantes synergies, évaluées à 50 millions d'euros à l'horizon 2011. 25 millions sur les 30 prévus pour 2009 sont déjà sécurisés. - Réalisant un tiers de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, Rexel est dépendant du marché américain de la construction et de l'évolution du dollar. - On s'intéressera également aux tendances à long terme de l'industrie et aux investissements de production d'électricité.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Distribution spécialisée

Selon l'Institut français de la mode (IFM), les ventes de mode et de textile devraient baisser d'environ 4% en valeur en 2009. Après des ventes qui avaient profité d'une légère hausse en octobre (+0,2% sur un an avec un samedi de plus), les dernières données plaident pour une diminution sur l'année pleine. Néanmoins, en 2010, le recul des ventes devrait se limiter à 1,1% en valeur. La reprise s'amorcera en 2011, avec une hausse de la consommation de textile. L'attrait d'Internet ne se dément pas. La Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) estime que le montant des ventes de fin d'année (se rapportant aux mois de novembre et décembre) sur Internet devrait dépasser 5 milliards d'euros. Ce montant représente un bond de 25% par rapport à l'activité de la même période en 2008. Un plus grand nombre d'internautes a l'intention d'acheter en ligne pour les fêtes : 70% d'entre eux contre 68% l'an passé. Les principales motivations pour recourir à Internet sont des prix plus attractifs et une facilité d'achat.

Biens d'équipement

Selon la FIM, si l'activité des industries mécaniques devrait décroître de 10% à 12% en 2009, elle devrait progresser de 2% à 3% l'année prochaine. La vraie reprise du secteur devrait intervenir en 2011. La FIM s'inquiète de la capacité de résistance des entreprises sur le plan financier. Elle estime que les licenciements vont vraisemblablement se poursuivre, tout comme les défaillances d'entreprises. C'est pourquoi elle a interpellé les pouvoirs publics pour que soient mises en place des mesures de soutien rapides et concrètes dans quatre domaines : financier, à l'export du fait de l'attitude très frileuse des compagnies d'assurance, social et fiscal. La mécanique n'est pas la seule filière à demander une aide gouvernementale. Représentant 900.000 salariés et 110 milliards d'euros de chiffre d'affaires, la filière électrique est candidate au grand emprunt. Elle a émis plusieurs propositions pour relancer le secteur en crise, parmi lesquelles l'instauration d'une prime au renouvellement du parc de moteurs électriques.