ERAMET : Monsieur Z passe à l' attaque

21/01/2010 - 10:14 - Option Finance

(AOF) - Eramet a confirmé l'information de presse selon laquelle l'homme d'affaires Romain Zaleski, qui contrôle 13% du capital du groupe minier, avait assigné en justice la famille Duval, actionnaire principal du groupe avec 36% du capital. Romain Zaleski, via sa société Carlo Tassara France, demande l'annulation des résolutions de l'assemblée générale extraordinaire d'Eramet du 21 juillet 1999 ayant approuvé les apports d'actions de Sima ainsi que d'annuler les actions Eramet émises pour rémunérer ces apports et d'ordonner la restitution par Eramet aux apporteurs de ces actions. Romain Zaleski demande en outre la condamnation de certains membres de la famille Duval, comme administrateurs communs des deux sociétés, à indemniser Eramet à raison de prêts accordés par Eramet à Sima depuis 1999. Dans le communiqué, Eramet rappelle que les apports des actions de Sima ont été approuvés par l'assemblée générale extraordinaire du 21 juillet 1999 au vu du rapport de deux commissaires aux apports désignés par le Président du Tribunal de Commerce de Paris et du rapport du conseil d'administration d'Eramet. Il y a un moment que Romain Zaleski, dit "Monsieur Z" s'agaçait sur la gestion d'Eramet par la famille Duval, explique "Le Monde" dans son édition du 17 janvier. "J'ai été très déçu de la gestion d'Eramet. Le management m'a tenu à l'écart pendant dix ans - c'est peu dire à l'écart. Je comprends mieux pourquoi aujourd'hui. Ils ont géré ça n'importe comment". L'homme d'affaires accuse les Duval d'une fraude colossale de plus de deux milliards d'euros liée à la fusion entre Eramet et la Société industrielle de métallurgie avancée (SIMA) de la famille Duval. L'assignation en justice de la famille Duval intervient alors que les discussions autour de la vente au FSI des 26% qu'Areva détient dans le groupe minier sont au point mort. Selon la presse, les deux parties peinent à s'entendre sur la valorisation.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Le groupe occupe des positions fortes sur le plan mondial dans ses trois activités : les alliages et aciers spéciaux à hautes performances, le manganèse et le nickel. - La production d'acier, et par ricochet l'activité d'Eramet, bénéficient d'une tendance porteuse à long terme : 50% de la production mondiale d'acier est aujourd'hui chinoise et 50% de la consommation mondiale vient du secteur de la construction, du fait de l'urbanisation croissante des pays émergents. - Le groupe dispose d'une marge de manoeuvre financière pour procéder à d'éventuelles acquisitions.

Les points faibles de la valeur

- En tant que premier employeur de Nouvelle-Calédonie, Eramet est très impliqué dans le climat social du territoire. - Le groupe est confronté à la dégradation de la rentabilité de sa branche nickel sous l'effet de l'évolution du coût de l'énergie, des taux de change, de l'évolution du gisement et surtout d'une dégradation de la productivité de l'entreprise. - Les trois activités du groupe sont cycliques, ce qui peut entraîner une certaine volatilité des résultats. La sidérurgie constitue 70% de la clientèle du groupe.

Comment suivre la valeur

- A suivre particulièrement : l'évolution des cours du nickel, qui entre dans la composition de l'acier inoxydable, et du manganèse. - On s'intéressera également à la situation politique du Gabon, où Eramet est présent pour le manganèse, et celle de Nouvelle-Calédonie pour le nickel. - La société souhaite mettre en place un plan d'économie avec pour objectif d'abaisser le coût de production complet de 1 dollar la livre de nickel. - Areva (25% du capital) s'attelle à la vente de sa participation. Mais le groupe ne peut céder ses titres sans l'accord de la famille Duval (36%). Le gouvernement a reconnu l'intérêt stratégique d'Eramet et la nécessité que la participation d'Areva demeure dans des mains publiques. Le nom du FSI est régulièrement évoqué.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Produits de base - Métaux

Les perspectives sont plutôt bonnes pour les entreprises minières puisque les experts considèrent que la demande globale devrait s'accélérer vers le milieu de 2010. Néanmoins les acteurs sont confrontés à un enjeu de taille : réduire leur endettement. Selon Ernst & Young, à fin 2008, la dette nette totale d'un panel regroupant les 60 principales entreprises du secteur, atteignait 182 milliards de dollars. Après avoir seulement augmenté de plus de 5% entre 1980 et 2003, l'endettement net de ces entreprises a bondi de 25% par an entre 2003 et 2008. Les acteurs cherchent donc à redresseur leur bilan en limitant le recours au crédit et en privilégiant les émissions d'actions. Rio Tinto a décidé de lancer une augmentation de capital de 15,2 milliards de dollars. Les intervenants peuvent compter également sur l'activisme du fonds souverain chinois China Investment Corp. (CIC), qui cherche à saisir des opportunités dans le secteur des mines. Des opérations de croissance externe sont reportées. Xstrata abandonne, pour le moment, son projet de fusion avec Anglo American et se concentre sur sa croissance organique.