Ces petites sociétés de gestion qui résistent à la crise

26/01/2010 - 10:55 - Option Finance

(AOF / Funds) - Avec la crise financière, tous les spécialistes de l'asset management prédisaient une hécatombe au sein des petites sociétés de gestion et la fin du modèle dit des "boutiques". Plus d'un an après, force est de constater que finalement il y a eu peu de faillites. En revanche, les spécialistes avaient raison sur un point, les cartes sont en train d'être rebattues. Certaines sociétés de gestion de petite taille, mais aussi de très grandes à l'image du Crédit Agricole Asset Management (CAAM) et de la Société Générale Asset Management (SGAM), ont dû rechercher des partenaires. Des noms connus de la gestion comme Richelieu Finance, qui est passé dans le giron de KBL European Private Bankers, filiale du groupe belge KBC, ou encore Tocqueville, racheté par la Banque Postale, ne sont pas parvenus à faire face seuls à la crise. La baisse des encours les a conduits à rechercher des partenaires pour les aider à passer le cap de la crise et à assurer leur développement. A contrario, d'autres sociétés de gestion ont réussi à s'en sortir seules, voire à gagner de nouveaux clients. Avec des points communs mais aussi des stratégies particulières. Il n'y a pas en effet de recette miracle. "On ne peut pas identifier de stratégies gagnantes uniques, constate Vincent Lefèvre, associé chez Eurogroup Consulting. En revanche, il existe des modèles qui sont plus ou moins résistants à la crise. En premier lieu, il faut noter que les petites sociétés de gestion qui s'en sortent bien se sont construites autour d'un modèle entrepreneurial avec un ou des gérants vedettes qui se sont fait connaître autour d'un style de gestion. C'est donc une histoire d'homme davantage qu'une histoire de stratégie." Ces gérants officiaient auparavant dans des plus grandes structures. Ils ont réussi à développer un style de gestion particulier et surtout des performances sur une longue période, ce qui leur a permis d'emmener avec eux une partie de leur clientèle. "Marc Renaud par exemple est parti du groupe CCR avec une notoriété très forte et a pu ainsi créer Mandarine Gestion", poursuit Vincent Lefèvre. Mandarine Gestion a été créée avec le soutien de trois investisseurs institutionnels, à savoir la Financière Dassault, l'UFG IM et Amlab, une entreprise commune entre le groupe OFI et La Banque Postale Asset Management. Ils ont pris chacun 15 % du capital et ont accompagné la société de gestion pendant la tempête. Par ailleurs, Marc Renaud est spécialisé dans la gestion "value" (recherche de valeurs décotées) et dispose dans ce domaine d'un historique de performance. Avec la hausse des marchés en 2009, les clients se sont intéressés à nouveau à ce style de gestion. "Nous avions pris du retard dans la réalisation de notre business plan, notamment en termes de collecte, mais nous avons réussi à atteindre nos objectifs en 2009. A la fin de l'année notre encours s'élevait à près de 900 millions d'euros", indique Marc Renaud, fondateur et président-directeur général de Mandarine Gestion. Une spécialité marquée serait ainsi un gage de réussite. En général, les petites sociétés de gestion sont tournées plutôt vers les actions. La recherche de valeurs décotées parfois dans une optique contrariante constitue souvent la marque de fabrique des petites sociétés de gestion indépendantes. C'est le cas de Mandarine Gestion, mais aussi par exemple de Métropole Gestion ou encore d'Amiral Gestion. Il existe toutefois des exceptions à cette règle. Ainsi, Hugau Gestion est quant à elle spécialisée dans les produits de taux. Cette petite société de gestion indépendante propose des produits monétaires et obligataires dont les encours ont grimpé de 198 millions d'euros à fin 2008 à 661 millions d'euros à fin 2009. Un succès qui récompense une importante recherche menée en interne sur les titres sélectionnés, mais aussi sur l'environnement macroéconomique. Catherine Huguel, cofondatrice avec Daniel Huguel d'Hugau Gestion en 2008, a travaillé à l'OCDE et a fait de la recherche en macroéconomie à l'Université. Ces derniers étaient déjà à l'origine de la création d'Ecofi Gestion qu'ils ont ensuite cédé. Ils disposent donc d'un historique de performance important. Avoir une spécialité qui permet de générer de la valeur, mais surtout s'y tenir, constitue ainsi l'une des conditions pour asseoir une réussite. Depuis ses débuts, Métropole Gestion s'est spécialisée dans la gestion value et n'en a pas bougé. Marc Renaud s'est positionné sur le même segment, fort d'une longue expérience dans ce domaine, notamment chez CCR. "Les gérants indépendants ont des caractères assez forts, atypiques, indique Dominique Fière, directeur général délégué d'Amiral Gestion. Ce sont souvent des pionniers sur des nouvelles classes d'actifs (émergents, matières premières...) ou de nouvelles techniques de gestion (long/short). Ils s'y tiennent, quitte à penser contre le consensus". Carmignac Gestion a ainsi été l'un des premiers à s'intéresser aux pays émergents et aux matières premières. Ces gérants doivent également conserver leurs méthodes de gestion en période de crise et expliquer à leurs clients leurs choix et la réaction de leurs produits lors des différentes phases de marché. Cette constance séduit d'autant plus les investisseurs qu'elle s'accompagne de bonnes performances. "Nous avons réussi à obtenir des performances sur un cycle boursier complet, s'est félicité François-Marie Wojcik, PDG de Métropole Gestion, lors de la présentation à la presse de son activité le 12 janvier dernier. Tous nos produits affichent une performance largement supérieure aux indices sur un cycle complet". Le fonds Métropole Sélection par exemple a enregistré une performance de 81,41 % entre 2002 et 2009 tandis que le DJS Large n'a crû que de 6,8