Point de vue / Il n'y a pas de sortie de crise tranquille

15/02/2010 - 11:17 - Option Finance

(AOF / Funds) - Est-il possible d'envisager une sortie de crise facile ? Sûrement pas. En effet, corriger, s'ajuster pour rétablir la confiance afin de retrouver une prospérité durable ne peut pas être un chemin sans embûches. Ainsi, aujourd'hui, face à une crise financière planétaire, la pire depuis des décennies, il serait illusoire de s'attendre à un parcours tranquille vers la sortie. Les marchés, peut-être installés trop rapidement pour un voyage paisible, ont été mis à mal ces dernières semaines. Les annonces de la Chine concernant le besoin de ralentir la progression du crédit les à fait tressaillir. Les propositions de régulation des banques aux Etats-Unis les ont tout aussi refroidis car, outre l'incertitude créée sur l'avenir du secteur, elles ont exacerbé l'inquiétude, déjà grande, sur l'évolution du crédit bancaire. Mais, plus encore, c'est l'intensification des craintes sur l'état des finances publiques, notamment en Europe, qui a engrangé un fort retrait de l'appétit pour le risque. La Grèce est dans l'oeil du cyclone. Ce pays, représentant seulement 3 % du PIB de la zone euro, avec des déficits public et extérieur autour de 13 % du PIB, a donc pris une dimension systémique. La possibilité d'un défaut est devenue très réelle pour certains investisseurs, fragilisant l'ensemble de la zone et emportant l'euro avec elle. Vraiment, est-ce que le défaut est concevable ? Un jour, qui sait, mais, à courte échéance, on peut en douter. Le coût est tout simplement trop élevé pour la Grèce ainsi que pour l'Europe. La solution à ce qui paraît aujourd'hui une impasse passera par un soutien financier extérieur et un programme d'ajustement crédible. Le programme actuel qui défend le passage d'un déficit de 13 % du PIB à moins de 3 % en 2012 est une pure fiction. L'idéal serait que la zone règle seule ce problème. Qu'elle donne aussi une feuille de route claire pour l'avenir afin de reporter les craintes sur d'autres candidats à la méfiance des marchés (Portugal, Espagne, Irlande...). Peut-être que, seule, elle ne le pourra pas et qu'il faudra inviter le FMI à la fête mais, du moins pour cette fois, le problème sera sûrement réglé. Est-ce que tout cela va faire dérailler la reprise économique en cours ? Il est difficile de le croire. Ainsi, à moyen terme, l'environnement reste porteur pour celui qui veut prendre le risque de capter la croissance. Par Sebastian Paris-Horvitz, directeur de la stratégie d'investissement, AXA IM