Analyse / Profiter du décalage Etats-Unis / Europe

22/02/2010 - 11:13 - Option Finance

(AOF / Funds) - Les nouvelles les plus récentes, éclipsées jusque-là par les préoccupations grecques, ont tendance à confirmer que l'histoire se répète, à savoir que les Etats-Unis ont toujours un temps d'avance sur le Vieux Continent. En Europe, la croissance de l'activité a été poussive au quatrième trimestre 2009. Les entreprises n'ont pas fini de réaliser les gains de productivité nécessaires à la reconstitution de leurs marges, si bien que les marchés du travail devraient continuer à se dégrader en 2010. La reprise de l'investissement attendra et la consommation devrait rester faible. Aux Etats-Unis, le secteur manufacturier redémarre. Les exportations reprennent, grâce à la dynamique des pays émergents et à la sous-évaluation toujours marquée du dollar. Après avoir détruit 8,4 millions d'emplois en deux ans, l'économie américaine s'apprête à en recréer. Ce serait même déjà le cas sans le fardeau du secteur de la construction. Après plusieurs années de sous-investissement, qui ont rendu obsolète une partie de leur capital, les entreprises réinvestissent en biens d'équipement et logiciels. Pour le quatrième trimestre 2009, trois quarts des entreprises cotées ont publié des résultats en hausse et supérieurs aux attentes, notamment dans les secteurs technologiques et industriels. Qui plus est, ces hausses ne proviennent pas seulement de la reconstitution des marges, comme c'était essentiellement le cas auparavant, mais également des chiffres d'affaires. A bien y regarder, l'ensemble de ces indicateurs n'est pas de nature à pavoiser, mais ils confortent l'idée que la reprise se consolide et qu'elle ne repose pas seulement sur le cycle des stocks ou les stimuli publics. Les minutes de la dernière réunion de la Fed ou le récent discours de Ben Bernanke au Congrès montrent que la Fed infléchit graduellement sa communication. Elle cherche à convaincre les investisseurs qu'elle conservera une politique monétaire accommodante tout en commençant sa normalisation pour éviter l'apparition de risques inflationnistes ou de bulles financières. Elle dispose en effet d'une large palette d'outils (vente de titres, enchères inversées, taux de rémunération des réserves...) qu'elle pourrait même utiliser "dans un futur proche", et ce avant même d'augmenter le taux cible des fed funds. En résumé, les investisseurs seraient bien avisés de garder en tête dans leur allocation géographique que l'histoire se répète et que les Etats-Unis sont toujours plus précoces que l'Europe en sortie de récession. Par Michel Martinez, stratégiste groupe Amundi