Analyse / La Grèce, le FMI et l'euro fort

29/03/2010 - 11:20 - Option Finance

(AOF / Funds) - Ce qui devait arriver est arrivé : le FMI devrait intervenir dans les prochaines semaines pour soutenir la Grèce en complément de prêts bilatéraux. Cette intervention constitue évidemment un aveu de faiblesse pour les institutions et gouvernements de la zone euro, incapables depuis des mois de proposer une solution crédible et pérenne. Pour la Grèce, qu'on ne s'y méprenne pas, cette solution met un terme à des mois d'incertitude qui ont été contre-productifs. Le pays doit lever environ 20 milliards d'euros d'ici à mai et pourrait très probablement continuer de recourir aux marchés. Mais, comme l'a clamé le premier ministre, Georges Papandreou, il serait idiot de se passer d'une aide du FMI, après tous les efforts consentis par le peuple grec. Pourquoi pâtir en effet des inconvénients du FMI (l'austérité budgétaire) sans en avoir les bénéfices. Si la Grèce passait un accord avec le FMI, elle pourrait en effet emprunter à des taux proches de 3,3 %, contre 6 % en moyenne sur les marchés. Qui plus est, les derniers exemples de pays passés sous la coupe du FMI (Hongrie, Turquie...) montrent qu'un tel recours n'a désormais rien de stigmatisant. Au contraire, bénéficiant de la crédibilité du Fonds, ces pays regagnent rapidement les faveurs des investisseurs et leurs taux d'intérêt se détendent. Une fois qu'un accord FMI/Grèce sera trouvé, il y a fort à parier que les investisseurs se repositionneront sur la classe des obligations souveraines des pays dénommés, de façon peu élégante, "PIGS". Ce dénouement tumultueux de la crise de la dette grecque a eu comme autre conséquence de faire dévisser l'euro/dollar, depuis son point haut à 1,51 en novembre dernier à 1,33 aujourd'hui. Nombre d'observateurs craignent que ce mouvement ne s'accentue et que les investisseurs internationaux se délestent de leurs placements en zone euro. A moyen terme, un tel scénario ne nous semble pas le plus probable, même si, à court terme, on ne peut exclure que l'euro/dollar retrouve son plus bas de mars 2009 à 1,25. Malgré tous les vents contraires (crise souveraine, Etats-Unis en avance dans le cycle), l'euro reste fort, surévalué d'environ 10 % par rapport au dollar. Cette forte résistance est probablement le signe que le mouvement structurel de diversification des réserves de change s'intensifie lorsque le dollar s'apprécie. S'il n'y a pas d'alternative crédible à court terme au dollar comme monnaie de réserve internationale, la devise américaine ne constitue pas non plus la panacée à long terme. Par Michel Martinez, stratégiste groupe Amundi