Marché obligataire : première émission à vingt ans de l'année

27/04/2010 - 10:28 - Option Finance

(AOF) - Avril se présente comme un mois dynamique sur le marché obligataire, qui profite notamment du report de certaines émissions gelées pendant la période de publication de résultats des entreprises. Depuis le début de l'année, les corporates français ont émis au total 18 milliards d'euros d'obligations, selon les estimations de Deutsche Bank. Ces dernières semaines, les corporates européens sans notation ont été particulièrement actifs avec tout d'abord, en début de mois, l'émission de SAP, pour 1 milliard d'euros, puis, récemment, les émissions successives du voyagiste britannique Thomas Cook, pour 400 millions d'euros et 400 millions de livres, des groupes allemands Celesio et Stada, respectivement pour 500 et 350 millions d'euros... et enfin, le 19 avril, des Galeries Lafayette, pour 300 millions d'euros. L'enseigne de grands magasins a profité d'une fenêtre de marché pour refinancer sa précédente émission, réalisée en 2003, qui arrivait à échéance. "Ces émissions confirment un accès facilité au marché pour les émetteurs non notés, une tendance remarquée depuis la fin de l'année dernière", souligne Karim Mezani, responsable de la syndication obligataire corporates chez Natixis. Autre tendance notable, le rallongement des maturités, illustré par l'émission à vingt ans réalisée par EDF mercredi dernier. L'opérateur énergétique a facilement levé 1,5 milliard d'euros d'obligations - son carnet d'ordre a atteint les 4 milliards d'euros - à mid-swap + 95 points de base, soit un coupon de 4,625 %. "Il s'agit de la première opération à plus de quinze ans depuis le début de l'année sur le marché corporate en euros, rappelle Karim Mezani. Il faut remonter en septembre dernier pour retrouver une émission de maturité comparable, celle de 1 milliard d'euros de Wal-Mart. Un autre producteur d'énergie, l'allemand EnBW, avait également procédé à une émission à trente ans, de 750 millions d'euros, en juillet 2009." Le niveau des taux et des spreads incite en effet les investisseurs à aller plus loin sur la courbe des taux pour obtenir du rendement, ce qui permet aux entreprises de rallonger la maturité de leurs émissions, même pour les non notées. Néanmoins, les émissions à quinze ans et plus restent exceptionnelles et réservées aux entreprises très bien notées. En l'occurrence, EDF est notée A + par Standard & Poor's et Aa3 par Moody's. Du côté des high yield, le marché reste cependant toujours propice, comme le montre l'émission de la filiale de General Motors spécialisée dans les services financiers, GMAC. "Alors qu'elle n'arrivait plus à émettre sur les marchés jusqu'à récemment, la société a réussi à lever 1 milliard d'euros", note Karim Mezani. Si les investisseurs restent présents, le marché affiche néanmoins une forte volatilité, qui incite les entreprises à retarder l'annonce de leur opération juste avant son lancement. "Malgré des niveaux de spreads relativement stables, les entreprises doivent actuellement guetter les fenêtres de marché", confirme Karim Mezani. Cette volatilité est renforcée par les difficultés de la Grèce, dont le coût de la dette à dix ans a atteint la semaine dernière un nouveau record, en franchissant la barre des 8 %. Pour autant, le marché reste bien orienté et l'appétit des investisseurs demeure fort. "On prévoit pour cette année un volume total d'émissions de 150 à 200 milliards d'euros en Europe, soit une réduction de 50 % par rapport à l'année dernière. Si tel est le cas, l'année restera, malgré tout, l'une des plus fortes années depuis 2001 si l'on se situe sur le haut de la fourchette", rappelle Karim Mezani. Le marché devrait notamment être soutenu par des nouveaux émetteurs.