Analyse / Les ajustements longs en zone euro

03/05/2010 - 11:05 - Option Finance

(AOF / Funds) - Dans les tensions autour de la Grèce, l'attention s'est focalisée sur la question des déficits publics. La problématique est plus large. Trois points sont à souligner. 1 - Une interrogation sur le modèle de croissance. L'Espagne ou l'Irlande ont ainsi vu avec la fin de la bulle immobilière leur modèle de croissance remis en cause. 2 - Les indicateurs de compétitivité de l'Irlande, de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne se sont dégradés au cours du cycle précédent. Au sein de la zone euro, un ajustement est nécessaire. Soit les pays qui ont maintenu ou amélioré leur compétitivité acceptent davantage d'inflation, ce qui est peu probable, soit les quatre pays doivent améliorer leur compétitivité. Dans ce cas, pour peser sur les prix et les salaires, la croissance de l'activité s'inscrira durablement sous la tendance du dernier cycle si celle-ci était prolongée. 3 - Durant la crise financière, les finances publiques ont été mises à rude épreuve. Les gouvernements et les banques centrales ont pris à leur charge une grande partie des risques qui avaient été pris sur les marchés financiers. Les déficits se sont rapidement mais durablement creusés et les dettes publiques ont progressé très rapidement. Il y a donc trois sources d'ajustement pour les pays de la zone euro. - Un ajustement budgétaire pour retrouver à terme des marges de manoeuvre pour la mise en oeuvre de la politique budgétaire. Ce processus sera long. - Un ajustement de compétitivité afin de rééquilibrer les conditions de la concurrence au sein de la zone euro. - Dégager les nouvelles sources d'activité pour éponger la hausse récente du chômage en Espagne et en Irlande, notamment. La problématique des pays de la zone euro est donc plus large que celle des finances publiques. Le risque est d'avoir une croissance modérée pendant un certain temps, car toutes ces problématiques ne se régleront que dans la durée. Aux Européens de capter la dynamique globale pour améliorer cette situation. Philippe Waechter, directeur de la recherche économique, Natixis Asset Management