DANONE fusionne ses produits laitiers avec Unimilk dans la zone CEI

18/06/2010 - 08:51 - Option Finance

(AOF) - Danone et Unimilk ont signé un accord de fusion des activités Produits Laitiers Frais de Danone dans les pays de la zone CEI avec celles de la société russe Unimilk. Cette opération concerne la Russie, l'Ukraine, le Kazakhstan et la Biélorussie et toutes les catégories de produits laitiers. Elle donnera naissance au leader des produits laitiers dans la zone CEI et notamment en Russie où le nouvel ensemble Danone-Unimilk détiendra environ 21% du marché total avec des positions fortes sur les segments valorisés en plus forte croissance, explique Danone dans un communiqué. La nouvelle entité réalisera un chiffre d'affaires de l'ordre de 1,5 milliard d'euros et comptera plus de 18 000 collaborateurs. Elle sera présidée par Andrey Beskhmelnitsky (actuel Président Directeur Général d'Unimilk) et dirigée opérationnellement par Filip Kegels (actuel Directeur Général de Danone Produits Frais Europe de l'Est et Asie Centrale). Cette complémentarité permettra à la nouvelle entreprise de bénéficier de synergies importantes de ventes et de coûts, indique le groupe français. Danone-Unimilk pourra aussi bénéficier pleinement de la croissance du marché des produits laitiers dans la zone et en renforcer la dynamique dans les années à venir. Sur le plan financier, Danone contrôlera 57.5% du nouvel ensemble, 42.5% étant détenus par les actionnaires actuels d'Unimilk. La transaction se fera principalement sous la forme d'une contribution d'actifs complétée par une acquisition de titres par Danone, payée en numéraire. Avec cette opération, la dette nette de Danone augmentera de 1,3 milliard d'euros, du fait principalement d'options de vente qui seront consenties aux actionnaires actuels d'Unimilk. Ces options leur permettront de céder tout ou partie de leurs actions dans ce nouvel ensemble, Danone pouvant détenir 100% de ces actions en 2022. L'opération sera relutive sur le bénéfice net par action de Danone dès la première année.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

Au 31.12.2009 : 14.982 millions d'euros (-1,6% en publié et +3,2% à périmètre et taux de change constants) Au 31.12.2008 : +19,1% à 15.220 millions d'euros du fait de l'acquisition de Numico (Croissance de 8,4% à données comparables)

Résultats

Au 31.12.2009 : Résultat opérationnel courant : 2.294 millions d'euros (+7,4% à périmètre et taux de change constants) ; Résultat net part du groupe : 1.361 millions d'euros (+3,7%) Au 31.12.2008, croissance de 12,3% du résultat opérationnel courant (à 2,27 milliards d'euros) et amélioration de la marge opérationnelle courante de 53pb (à 14,91%) à données comparables.

Prévisions

Le groupe s'attend à affronter une conjoncture encore difficile en 2010, marquée par une évolution négative de la consommation dans les pays occidentaux, par la faiblesse des devises des pays émergents et par l'inflation du cours des matières premières. Se basant sur les objectifs à moyen terme, annoncés en novembre 2008, Danone a les objectifs suivants pour 2010 : (i) une croissance du chiffre d'affaires d'au moins 5% en données comparables (à périmètre et taux de change constants), (ii) une croissance d'au moins 10% du Free Cash-Flow (ou trésorerie disponible) opérationnel et (iii) une marge opérationnelle courante (EBIT) stable (à données comparables) par rapport à 2009.

Stratégie

Pour 2010, le groupe continuera à se focaliser sur la croissance de son Free Cash Flow. Il affrontera l'augmentation anticipée des coûts des matières premières (comme le lait et le pétrole) grâce à ses gains de productivité et à une politique tarifaire concurrentielle. Danone ne prévoit pas de hausse de tarifs. Si elles ont néanmoins lieu, pour répondre à l'inflation des coûts, elles seront limitées pour préserver les parts de marché. Considérant que les pays matures ne pourront lui procurer suffisamment de croissance dans les prochaines années, le groupe continue à miser sur les pays émergents et va poursuivre sa stratégie de conquête de nouveaux marchés, tels que la Corée, le Mozambique, ou l'Inde. Danone poursuit également ses innovations, essentielles à sa stratégie de différenciation. Il vient de lancer dans plusieurs pays un yaourt au calcium et à la vitamine D, baptisé Densia.

Evènements financiers

En Afrique du Sud, Danone a racheté à son partenaire Clover, les 45% qu'il ne détenait pas encore dans leur société commune de produits laitiers frais. C'est un investissement stratégique dans la mesure où le groupe veut faire du pays sa tête de pont pour se développer sur le continent africain. Cette acquisition fait suite à la volonté de Danone d'être le seul maître à bord de ses filiales dans les pays émergents, depuis ses mésaventures en Chine. Dans ce pays, après plus de deux ans de bataille judiciaire avec son partenaire Zong Qinhou, le groupe a accepté de céder pour 300 millions d'euros ses parts dans leur joint-venture Wahaha (soit 51% du capital). Avec l'objectif de réduire la dette et son coût, Danone a mené une offre publique de rachat de plusieurs émissions obligataires, d'échéances 2011, 2014 et 2015, pour 1,2 milliard d'euros.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Acteur majeur de l'industrie alimentaire mondiale; - Grâce à l'acquisition du néerlandais Numico, Danone a intégré deux métiers orientés santé et en forte croissance, la nutrition médicale et la nutrition infantile; - Fort dynamisme en termes d'offre grâce à une politique d'innovation constante et à une grande réactivité par rapport à la demande des consommateurs; - En 2009, Danone est parvenu à accroître son activité sur une base comparable, en particulier grâce à la nutrition infantile et animale; - En dépit de la crise, Danone a amélioré ses performances opérationnelles avec une marge qui a augmenté de 61 pb pour s'établir à 15,31% en données comparables. Le groupe n'a donc pas sacrifié ses marges à sa nouvelle stratégie basée sur une baisse des prix; - La forte exposition aux pays émergents (qui représentent 40% de son activité), assure au groupe une bonne dynamique de croissance; - L'augmentation de capital de 3 milliards d'euros et la progression de 20,6% du free cash flow opérationnel ont permis une amélioration de la structure financière en 2009, qui avait été fragilisée par l'endettement lié à l'acquisition en 2007 du néerlandais Numico; - Avec un flottant de plus de 70% et en l'absence d'un actionnaire de référence, le groupe est potentiellement opéable=> intérêt spéculatif de l'action.

Faiblesses

- En France, les marques de distributeurs se développent dans un contexte de crise; - Les difficultés structurelles du pôle des eaux embouteillées en Espagne et au Japon se sont poursuivies au quatrième trimestre 2009. Néanmoins, sur la période, la croissance des volumes en France, au Royaume-Uni, et en Allemagne a confirmé le rebond des performances amorcé au troisième trimestre dans ces pays; - Les coopérations dans les pays émergents sont difficiles : au conflit avec le chinois Wahaha s'est ajoutée la rupture du joint-venture avec l'indien Wadia Group; - Du fait des nouvelles normes comptables (qui imposent de réévaluer les goodwill), le groupe pourrait enregistrer des dépréciations élevées suite au rachat de Numico, qui a par ailleurs gonflé l'endettement du groupe; - Le groupe maintient son niveau de dividende par action pour 2009.

La valeur et son secteur

Principales activités

(i) Produits Laitiers Frais, (ii) Eaux, (iii) Alimentation Infantile et (iv) Nutrition Médicale

Le secteur

Le secteur se recompose. Le nouveau leader mondial de la confiserie est né avec le rachat du confiseur britannique Cadbury par l'américain Kraft Foods, numéro deux mondial de l'agroalimentaire, pour 13 milliards d'euros. Quant au leader mondial du secteur, Nestlé, il a racheté pour 3,7 milliards de dollars (2,5 milliards d'euros) les pizzas surgelées de Kraft en Amérique du Nord. Le surgelé est devenu, en effet, un de ses nouveaux axes stratégiques de développement. Le groupe détient déjà plus de 6% du marché mondial, tous produits confondus.

La valeur dans son secteur

n°1 mondial des produits laitiers frais, n°2 des eaux embouteillées, n°2 de la nutrition infantile (et leader européen) et n°3 de la nutrition médicale

Comment suivre la valeur

- Valeur défensive du fait de son activité. Néanmoins, la concurrence des MDD (Marques de distributeurs) souligne bien que les performances du groupe sont influencées par le contexte économique général. - Entreprise facilement opéable du fait d'un actionnariat très éclaté. - Le groupe n'exclut pas des acquisitions de taille modeste dans les divisions médicale, nutrition infantile, ou produits laitiers pour dynamiser sa croissance.

Rémunération des actionnaires

Dernier dividende versé

1,2 euro par action

Taux de distribution des dividendes

47%

Taux de croissance du dividende par action

Stable

Rendement moyen

3%

Estimation du prochain dividende par action

1,25 euro en 2010

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Agroalimentaire

Le secteur de l'agroalimentaire, second employeur en France, regroupe plusieurs segments de marché (conserves, biscuits, produits laitiers, plats cuisinés, produits surgelés et boissons alcoolisées et non alcoolisées). Il inclut également l'industrie du tabac. Les innovations lancées par les industriels cherchent essentiellement à lutter contre le développement des marques de distributeurs. Les spécialistes estiment que le secteur est pénalisé par un manque de visibilité du fait de coûts de matières premières très volatils, cette volatilité étant alimentée par un retour de la spéculation. Après un recul de leurs marges en 2009, les intervenants du secteur devraient attendre 2011 pour bénéficier d'un redressement de leur profitabilité. Parmi les géants mondiaux du secteur la diversification est de mise.