Une liquidité mondiale rare!

30/06/2010 - 18:49 - Sicavonline
Une liquidité mondiale rare!

Afin de maintenir au plus fort de la tempête l'économie mondiale la tête hors de l'eau, les banques centrales n'ont pas depuis 2008 pêché par excès de retenue. Elles ont au contraire rivalisé d'inventivité pour, jusqu'à aujourd'hui, transfuser au système financier d'abondantes liquidités. De nombreux observateurs stigmatisent cette prodigalité en l'assimilant à une orgie de création monétaire qui fera tôt ou tard le lit de l'inflation. Chez Schroders, on se veut iconoclaste et l'on estime à l'inverse qu'en ces temps troublés, la liquidité tend à se raréfier !

Et l'on ne veut pas en démordre ! « Nos équipes ont conçu un indicateur de la liquidité mondiale qui agrège les masses monétaires de 35 pays, indique Nuno Teixeira, le directeur général adjoint de Schroders France. Cet indicateur nous signale en ce moment une forte contraction de la liquidité. Le durcissement progressif des politiques monétaires dans certains pays tels que l'Inde, le Brésil, la Chine ou l'Australie, de même que le démantèlement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni des mesures d'assouplissement quantitatif, sont autant de facteurs qui soustraient de la liquidité. » Et ce ne sont pas les seuls au dire de Nuno Teixeira. « Les banques qui bénéficient des largesses des banques centrales stérilisent les liquidités en les plaçant aussitôt en dépôt auprès de ces mêmes banques centrales ! En outre, on les force aujourd'hui à réduire la taille de leur bilan. » Et pour le DG ajoint de Schroders France, ce ne sont pas les rachats de dette souveraine par la BCE qui changeront quoi que ce soit à cette tendance : « La BCE pour éviter toute création monétaire à l'occasion de ses rachats de dette d'Etat de la zone euro retire de la liquidité du marché. On est loin de la création monétaire. » Tout cela ne serait pas embêtant si les phases de fortes contractions de la liquidité mondiale n'étaient communément annonciatrices de périodes pénibles, aussi si bien sur les marchés financiers que dans l'économie réelle. « Quand survient une décélération prolongée de la croissance de la liquidité disponible, les investisseurs font le tri et se débarrassent de ce qui paraît le plus risqué, assène le directeur général adjoint de Schroders France. Les maillons les plus faibles du système financier se retrouvent alors encore davantage fragilisés et les classes d'actifs risquées, je pense en particulier aux actions, souffrent. Or, considérez que très prochainement des Etats vont revenir se financer sur les marchés financiers pour des montants très importants. Quelles liquidités restera-t-il à investir dans les marchés actions après ces opérations ? ». Bref, les semaines et les mois qui viennent pourraient d'après Schroders s'avérer agités. Petite consolation cependant, l'affaissement de la liquidité mondiale n'aurait de valeur prédictive qu'à court terme. Autrement dit, rien n'interdit d'imaginer qu'à plus long terme le panorama de la liquidité mondiale ne s'améliore et permette aux investisseurs de retrouver davantage d'appétit pour le risque. Mais, en ce moment, il faut bien en convenir, c'est peut-être beaucoup demander.

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