(AOF / Funds) - Il ne manquait plus que le G20 nous abandonne en rase campagne. Bien que prévisible, cela est tout de même inquiétant. C'est comme pour l'équipe de France, on aurait voulu qu'elle gagne même si on savait d'avance que ce n'était qu'une illusion. Ainsi, les 20 plus riches nations réunies à Toronto ont certes tenté de rassurer et ont appelé à la prudence dans la gestion des politiques de sortie de crise, mais au total, c'est bien à pas dispersés, sans véritable coordination, que nous évoluerons dans les mois, voire les années à venir dans ce difficile monde multipolaire. Une réforme globale de l'architecture financière mondiale et notamment de la régulation n'est pas pour demain. C'est pour l'instant pays par pays que l'on avance, avec les Etats-Unis donnant le la, avec une législation qui devrait être adoptée très prochainement et qui pèsera sûrement sur la profitabilité des grandes institutions financières américaines, même si le marché est encore avare d'estimations précises sur l'impact final. L'Europe est encore loin des grandes réformes, et pour cause. La crise en zone euro ne cesse de faire douter les marchés quant à la solidité du système bancaire européen. Les craintes sur les dettes publiques sont venues amplifier les inquiétudes sur la solidité des bilans. Rappelons que, d'après le FMI, les pertes potentielles encore à provisionner par les banques seraient de l'ordre de 250 milliards de dollars. Afin de rassurer les investisseurs, on s'apprête à publier les "stress tests" sur les 26 principales institutions financières de la zone euro. Cela devrait sûrement aider à redorer le blason de certaines banques, notamment espagnoles. Néanmoins, pour l'ensemble du système, cela risque d'être insuffisant, et il faudra élargir le champ de la transparence. Au total, nous nous trouvons face aux valorisations de banques à des niveaux historiquement bas, intégrant certes beaucoup de mauvaises nouvelles mais aussi nous indiquant que la confiance est loin d'avoir été rétablie. Il est urgent de recapitaliser de manière adéquate les banques. Pour la pérennité de la reprise, il est essentiel de retrouver le bon fonctionnement du système bancaire. C'est l'été, mais le climat s'est bien détérioré sur le marché. L'avenir proche semble maintenant bien trop incertain. Le mieux, à ce stade, serait de passer les vacances sans s'exposer aux éventuels orages d'été et de garder plus de liquidités qu'à l'accoutumée pour saisir des opportunités à la rentrée. Par Sebastian Paris-Horvitz, directeur de la Stratégie d'Investissement, AXA IM