GDF SUEZ : Albert Frère soutient le rapprochement avec IP

20/07/2010 - 09:30 - Option Finance

(AOF) - Le projet de rapprochement a été présenté hier après-midi au conseil d'administration de GDF Suez, écrit ce matin "Les Echos". Premier actionnaire, l'Etat français a émis un avis favorable, tout en soulignant qu'il pourrait avoir un impact sur la notation du groupe. A terme, des cessions d'actifs ne sont pas à exclure. Le premier actionnaire privé, Albert Frère, a également apporté son soutien. Lundi, le champion français de l'énergie a confirmé des discussions en vue d'un rapprochement avec le premier producteur d"électricité britannique International Power. Pour l'heure, aucune décision n'a été prise, a précisé GDF Suez. Selon le "Mail on Sunday", le groupe français envisage une offre de 6,4 milliards de livres (7,6 milliards d'euros), soit 420 pence par action. Le rapprochement serait réalisé par émission d'actions nouvelles International Power au profit de GDF Suez qui deviendrait ainsi l'actionnaire majoritaire du nouvel ensemble International Power qui resterait coté à la Bourse de Londres. Toujours selon "Mail on Sunday", International Power pourrait verser un dividende exceptionnel en numéraire pour dédommager ses actionnaires. Les négociations entre les deux groupes, qui s'étaient achevées sans succès en janvier dernier, auraient repris il y a deux semaines. L'opération serait stratégique pour GDF Suez qui souhaite étendre sa présence à l'international. Or International Power détient 45 centrales électriques dans le monde, dont des actifs en Asie et en Australie. Par ailleurs, doté d'un faible endettement, GDF Suez a les moyens de son ambition. L'année dernière, GDF Suez a généré un cash flow libre de 9,6 milliards d'euros et affichait un ratio d'endettement de 45,7% au 31 décembre.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- GDF Suez est le premier opérateur gazier en France et l'un des premiers énergéticiens au niveau mondial. - La diversité de ses métiers, sur l'ensemble de la chaine énergétique, ainsi qu'un modèle économique qui combine activités régulées et concurrentielles, assurent une certaine visibilité des résultats. - Le groupe s'est fixé un plan d'investissements ambitieux, qu'il met méthodiquement en oeuvre. - Le groupe bénéficie d'un bilan solide, qui le met à l'abri de cessions d'actifs dans l'urgence ou d'opérations de recapitalisation, le point faible de beaucoup de ses concurrents. - L'action offre un rendement élevé (environ 6%).

Les points faibles de la valeur

- Le groupe est très dépendant de son marché domestique. - L'environnement va rester difficile cette année. En conséquence, les objectifs ambitieux qui avaient été fixés pour 2011, à savoir essentiellement un Ebitda de 17 à 18 milliards d'euros, ont été reportés. - On assiste à une décorrélation nouvelle des prix du gaz et du pétrole : alors que les cours du pétrole sont remontés, les prix du gaz restent déprimés, du fait de la faiblesse de la demande et de la mise en service de nouvelles capacités de production. - GDF-Suez pâtit d'un retard dans le nucléaire par rapport à EDF, qui a quatre à cinq ans d'avance sur ses concurrents. - Un risque politique est attaché au titre car les tarifs de gaz pratiqués par le groupe dépendent des décisions de l'Etat français.

Comment suivre la valeur

- GDF Suez fait partie du secteur des " utilities ", traditionnellement sensible à l'évolution des taux d'intérêt. - C'est une valeur considérée comme défensive, grâce à la régularité de ses résultats et à son modèle économique. Le groupe a encore prouvé la solidité de son modèle économique l'an passé. - Les performances de GDF Suez sont liées à l'évolution des prix du gaz, eux-mêmes dépendants du fioul domestique, du fioul lourd, du Brent et de la parité de change entre l'euro et le dollar. - La formule d'indexation des coûts d'approvisionnement de GDF Suez fait l'objet d'un audit régulier. Un audit est actuellement en cours et les conclusions sont attendues pour septembre. Mais une nouvelle révision à la hausse des prix du gaz au 1er octobre n'est pas acquise.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Le projet de loi " Nome " ("nouvelle organisation du marché de l'électricité") a été adopté le 15 juin 2010 par l'Assemblée nationale. Il soulève une forte résistance d'EDF, qui doit céder 20% de sa production à la concurrence. L'objectif est d'assurer le nouvel équilibre du système électrique français, principalement au bénéfice des concurrents d'EDF. Ces derniers devraient pouvoir revendre de l'électricité en France sans perdre de l'argent. Ce n'est actuellement pas le cas pour Poweo et Direct Energie par exemple. Ils ne peuvent pas, pour le moment, produire ou acheter de l'électricité à un prix inférieur au tarif réglementé appliqué aux particuliers. Ces opérateurs promettent en échange de proposer des services innovants, permettant notamment de maîtriser la consommation d'électricité. Le président d'EDF, Henri Proglio, prévient, lui, que la cession d'une partie de sa production à la concurrence ne se fera pas en dessous de son coût de revient, soit entre 42 et 45 euros par mégawattheure (MWh).