PAGESJAUNES : pas reprise du marché de la publicité locale

28/07/2010 - 11:08 - Option Finance

(AOF) - PagesJaunes (- 7,68% à 8,522 euros) affiche la plus forte baisse de l'indice SBF 120 après la publication de ses résultats semestriels. Le spécialiste de la publicité locale a réalisé une marge opérationnelle brute (MBO) de 255,3 millions d'euros, en recul de 2,5%. Pour expliquer cette baisse, PagesJaunes a mis en avant un contexte de pression sur les revenus et d'investissements sur Internet fixe et mobile. Elle a représenté 47,1% d'un chiffre d'affaires en recul de 3,5% à 542,3 millions d'euros, contre 46,6% un an plus tôt. Internet a représenté 48,7% du chiffre d'affaires, soit 263,9 millions d'euros (+4,8%), à comparer avec 44,8% au premier semestre 2010. Le consensus Thomson Reuters était de 247 millions d'euros pour la MBO et de 545 millions d'euros pour le chiffre d'affaires. Jean-Pierre Remy, directeur général du groupe, a indiqué que le marché de la publicité locale ne montrait pas de reprise. Il a également souligné que les efforts de réduction des coûts avaient permis de poursuivre les investissements Internet, tout en maintenant le niveau de taux de marge de MBO. PagesJaunes a réitéré ses objectifs 2010 d'une MBO comprise entre 510 et 530 millions d'euros et d'un chiffre d'affaires en baisse de -1% à -3%. Le groupe anticipe un rebond de l'activité à partir du second semestre grâce à la montée en puissance des nouveaux produits Internet. Il prévoit également le maintien d'une politique de dividende élevé. PagesJaunes a également confirmé viser une hausse d'au moins 5% par an des ventes en 2011 et 2012 grâce à ses activités Internet avec un taux de marge rapportée au chiffre d'affaires comparable à celui de 2010. Par ailleurs, il compte toujours faire croître son chiffre d'affaires Internet de 50% entre 2009 et 2012.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Le groupe s'est adapté au métier mature de l'édition d'annuaires imprimés grâce à ses diversifications dans les services en ligne et à l'international, ainsi qu'à un positionnement haut de gamme. - Le groupe a réussi son passage sur Internet, qui représente près de 50% de ses recettes. Le contenu est régulièrement enrichi et de nouvelles offres sont proposées, sous l'impulsion de la nouvelle direction. - Le groupe est également le numéro un de la publicité locale. Sa force commerciale, très présente sur le terrain, connaît bien les entreprises en régions. - La valeur offre un rendement de plus de 8%.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe subit une forte décroissance des annuaires imprimés qui pèse sur ses résultats. - Le marché de la communication locale, qui a mieux résisté pendant la crise, ne rebondira pas autant que celui de la publicité télévisuelle. - La situation financière du groupe inquiète. Depuis l'arrivée en mai 2006 de KKR et Goldman Sachs au capital, regroupés dans la holding Mediannuaire, le groupe est passé d'une situation de trésorerie nette à un endettement net de près de 2 milliards d'euros. - Les déboires de ses concurrents Yell et de Seat Pagine Gialle incitent à la prudence. - Les moteurs de recherche pourraient venir concurrencer PagesJaunes sur le segment des annuaires. - La valeur se traite nettement en-dessous de son cours d'introduction en juillet 2004 (14,10 EUR pour les particuliers).

Comment suivre la valeur

- PagesJaunes n'échappe pas à la détérioration du marché publicitaire français. Mais le groupe subit ses effets avec du retard, à cause de la façon dont sont enregistrés les contrats. - Le niveau de valorisation du titre par rapport à son cours d'introduction en Bourse doit être pris en compte dans une stratégie d'investissement. - La bonne présence de PagesJaunes sur Internet et au niveau local en fait une cible de choix, notamment pour des moteurs de recherche comme Yahoo ! ou Google. Les déclarations de Mediannuaire, actionnaire à 54,8%, sont également à suivre.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Communication - Medias

Tous les intervenants soulignent le manque de visibilité pour la fin de l'année 2010. Ils sont toutefois certains que le retour aux niveaux de revenus publicitaires de 2008, année précédant la crise, ne sera pas pour 2010. Il leur faudra attendre au moins deux à trois ans. D'après une étude de l'OCDE, portant sur la situation des médias dans le monde, le principal défi pour la presse est de parvenir à s'adapter à l'essor d'Internet. Selon l'organisation, les nouveaux médias engendrent des changements de consommation, particulièrement pour les jeunes lecteurs. Ces deux dernières années, 20 pays sur les 31 étudiés par l'OCDE ont ainsi subi un déclin de leur lectorat. Les Etats-Unis sont le plus durement touchés par cette érosion avec un nombre de lecteurs qui a chuté de 30% entre 2007 et 2009. Sur le plan économique, les recettes générées par Internet ne compenseraient pas encore les pertes liées à la crise. La part de la publicité sur Internet dans les revenus des journaux n'était que de 4% en 2009. Toutefois elle a fortement progressé : aux Etats-Unis, elle est ainsi passée de 2,6% en 2003 à 8,2% en 2008.