LAFARGE : Moody's pourrait dégrader sa note en catégorie spéculative

03/08/2010 - 15:35 - Option Finance

(AOF) - Moody's a mis la note de crédit de Lafarge Baa3 sous surveillance en vue d'une possible dégradation. L'agence de notation estime que le cimentier éprouvera des difficultés à respecter les ratios financiers lui permettant de conserver une notation investment grade au cours des prochains trimestres. Actuellement, la note de Lafarge est seulement un cran au-dessus de la catégorie spéculative. Moody's estime que les ratios financiers de Lafarge n'ont progressé que de façon limitée malgré les mesures prises par le groupe pour se désendetter. Les mesures prises ayant été dans une certaine mesure neutralisées par la hausse du dividende.

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

Investment/ Speculative Grade : Les notes des agences de notation de crédit s'articulent autour de deux catégories. La catégorie dite d'investissement ("investment grade" en anglais) correspond à une signature de qualité, synonyme d'un accès aux capitaux plus facile pour l'entreprise concernée. La catégorie spéculative à l'inverse ("speculative grade") désigne les obligations émises par les entreprises considérées comme les plus spéculatives (risques d'accident de paiement sérieux) et sont qualifiées de "junk bonds". Moody's : Moody's est l'une des trois grandes agences internationales de notation financière (ou "credit rating"). Une agence de notation attribue, selon des critères et une classification qui lui sont propres, une note traduisant son opinion sur la capacité d'un émetteur à remplir ses obligations financières, donc à ne pas se trouver en situation de défaut de paiement. En tant que mesure du niveau du risque de crédit, la note influe sur le niveau du taux d'intérêt proposé à l'entreprise notée. En d'autres termes, plus la note d'un émetteur est mauvaise, plus il lui coûtera cher d'emprunter car il lui sera difficile d'intéresser les investisseurs. L'échelle des notes de Moody's se présente de la façon suivante. La catégorie investissement regroupe les notes Aaa, Aa1, Aa2, Aa3, A1, A2, A3, Baa1, Baa2, Baa3 (notes à long terme, durée initiale de la dette émise supérieure à un an) et Prime-1, Prime-2, Prime-3 (notes à court terme, durée initiale de la dette émise inférieure à un an). Cette catégorie est censée refléter une qualité de crédit solide. Si Aaa est supposé le plus solide, un Baa3 offre tout de même une espérance de parcours sans incident, avec une forte probabilité pour que la dette soit remboursée à temps même si l'environnement économique ou la société émettrice rencontrent quelques turbulences. La catégorie spéculative regroupe les notes Ba1, Ba2, Ba3, B1, B2, B3, Caa1, Caa2, Caa3 (à long terme) et la mention 'Not Prime' à court terme. Cette catégorie suppose des risques sérieux d'incidents de paiement, qui deviennent extrêmement sérieux en bas de l'échelle (on parle alors de junk bond, ou obligation pourrie). En cas de défaut probable ou imminent sont appliquées les notes Ca ou C. Agence de notation : Une agence de notation est une agence spécialisée qui attribue des notes, sous la forme de symboles, pour qualifier le risque de crédit attaché à une entreprise et à sa dette (négociée sous forme d'obligation). Standard & Poor's, Moody's et Fitch Ratings sont les principales agences de notation de crédit.

Les points forts de la valeur

- Lafarge est le leader mondial des matériaux de construction et du ciment, numéro 2 des granulats, numéro 3 du béton et du plâtre. - Sa diversification géographique permet au groupe de mieux résister que ses concurrents à la conjoncture difficile, grâce au poids important des pays émergents dans son chiffre d'affaires (46% réalisé au Moyen-Orient, en Europe Centrale et de l'Est, en Afrique et en Asie à fin 2008). Le rachat d'Orascom Cement a permis à Lafarge de détenir des positions de leader au Moyen-Orient, marché en plein essor. - La politique de désendettement combinant cessions et augmentation de capital a permis non seulement au groupe de réduire son endettement net mais aussi d'éliminer son covenant bancaire associé et optimiser l'échéancier de ses remboursements.

Les points faibles de la valeur

- La visibilité s'est détériorée sur la vitesse de redressement des volumes et donc des résultats des pays matures et en particulier dans plusieurs pays d'Europe de l'Ouest, voire de l'Est. Les volumes ont globalement touché le fond, mais leur redressement sera plus lent que prévu, n'intervenant au mieux qu'en 2012. - Les plans d'austérité en Europe pourraient se traduire par un tassement des dépenses d'infrastructures. - Même si l'augmentation de capital a renforcé la structure financière du groupe, elle aura un impact dilutif sur le bénéfice net par action. - La génération de trésorerie reste un enjeu primordial dans les prochains mois car le groupe continue à supporter une dette élevée (14,5 milliards d'euros nets).

Comment suivre la valeur

- Les performances de Lafarge sont étroitement liées à l'état du secteur de la construction. Fortement cyclique, ce dernier dépend de l'évolution des taux d'intérêt, des facilités d'accès au crédit et du climat de confiance. - Le prix de l'énergie est également à surveiller car il compte pour 25% à 30% du coût de production du ciment. - Les résultats de Lafarge sont, pour partie, dépendants du cours du dollar par rapport à l'euro du fait de sa présence aux Etats-Unis. - Le groupe souhaite accélérer l'innovation, notamment pour répondre aux modes de construction plus durables.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

Même si leur environnement s'améliore progressivement, les intervenants du secteur sont encore confrontés à un certain nombre de risques. Le marché européen de la construction demeure fragile car il n'y a pas de nette reprise de la demande de permis de construire. De plus, comme la crise de ce marché a débuté plus tard qu'aux Etats-Unis, la reprise se réalisera également plus tardivement. Les experts estiment qu'il faudra attendre 2011 pour que le marché du BTP européen se stabilise. Par conséquent certains analystes estiment que cette année, la demande de matériaux de construction devrait baisser de 5% en France. L'activité du secteur va donc continuer à être soutenue par la croissance dans les pays émergents. L'autre menace qui pèse sur les acteurs est l'évolution des couvertures sur les coûts énergétiques. Si elles sont actuellement favorables, ces couvertures devraient avoir un impact négatif dès le second semestre 2010. FTB/ACT/