Dollar et livre "vilaines soeurs", l' euro "animal blessé" (BNY Mellon)

06/08/2010 - 16:01 - Option Finance

(AOF / Funds) - Pour les analystes de BNY Mellon, le contexte justifie un sentiment partagé sur les marchés des changes où le dollar américain et la livre sterling apparaissent comme deux "vilaines soeurs", peu attrayantes en raison de la persistance de faibles taux d'intérêt, tandis que la monnaie unique européenne devrait survivre à la crise de la dette mais rester dans l'opinion des cambistes un "animal blessé". "Les taux d'intérêt ayant été très faibles (aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, ndlr) depuis une période prolongée, le risque inflationniste ne peut être exclu. Ces devises se sont renforcées face à la vive dépréciation de l'euro et du fait que les devises pouvant absorber des flux de vente aussi importants sur une même devise que ceux observés récemment sont très rares", expliquent-ils. "Avec un peu de recul, il convient de reconnaître que la zone euro présente une balance externe et un excédent de la balance des paiements de base relativement raisonnables, une faible inflation et des taux d'intérêt réels relativement élevés ; en d'autres termes, le ciment d'une devise forte. Le problème actuel tient au fait que l'euro souffre d'une crise de confiance." Simon Derrick, qui s'accorde sur l'opinion de Dale Thomas, pense que le marché ne devrait pas tant s'inquiéter de la sous-évaluation de l'euro. Selon lui, le marché rééquilibre la prime extrême qui s'était accumulée ces dix dernières années. En 2005, la parité EUR/USD était de 1,20. La devise unique devrait survivre à cette crise de confiance, mais la perception des investisseurs à son égard en ressortira changée pour se rapprocher de celle des anciennes devises du sud de l'Europe. Selon Simon Derrick, le risque de recul de la devise est très important. L'euro devrait survivre, mais restera un animal blessé. "Le positionnement des pays à réserves de change est vital, en particulier celui de la Chine. Ces derniers mois, une certaine évolution dans le discours des autorités laisse penser que le gouvernement chinois serait de plus en plus inquiet quant à l'euro. Le State Administration of Foreign Exchange (SAFE) de la Chine a prévenu le 19 avril 2010 que les problèmes de la dette en Grèce pourraient déclencher une réaction en chaîne et ralentir la reprise économique au sein de la zone euro. De surcroît, le SAFE a rappelé que la Chine protègerait la valeur de ses réserves de change. Bien que la ventilation exacte des 2.450 milliards USD de réserves de change de la Chine n'a pas été communiquée, sa composition ne laisse que peu de doutes. En ce qui concerne la répartition globale des réserves de change des pays émergents, il semblerait que l'euro représente près de 31% des réserves totales (pour celles dont l'allocation est connue)." "Il convient également de noter que l'essentiel de soutien financier apporté aux marchés des emprunts d'Etat européens durant le mois de mai est probablement venu de la Banque Nationale Suisse (BNS). L'importance de l'intervention de la BNS, proche de 70 milliards USD en mai, a dépassé l'ensemble des records mensuels des autres pays à l'exception de la Chine. Le comportement passé laisse penser que la majorité de ces fonds ont été injectés sur le marché des emprunts d'Etat européens. La BNS et la BCE ont probablement été les seuls grands acheteurs de dette souveraine européenne en mai." Tout comme Dale Thomas, Simon Derrick est partagé quant aux marchés des changes. En ce qui concerne le renminbi, plus les autorités chinoises tarderont à revoir leur politique, plus la situation empirera compte tenu du nombre limité de devises à même d'endosser le statut de réserve de change. Simon Derrick prévoit que la devise pourra librement s'apprécier et ne sera plus indexée d'ici trois ans, compte tenu de l'importance du volume d'exportations vers la Chine et du fait que les devises concernées sont relativement dépendantes de ce facteur. En ce qui concerne le dollar américain et la livre sterling, Simon Derrick est nettement mois optimiste sur le long terme et rappelle que le billet vert a récemment été qualifié de "borgne au royaume des aveugles". Bien qu'il anticipe une appréciation de la livre sterling face à l'euro, il ne serait pas surpris si la devise s'affaiblissait par rapport au dollar américain. Enfin, en ce qui concerne l'euro, la situation en Allemagne et en Grèce reste incertaine selon Simon Derrick. Les liquidités sortent de l'Europe du Sud. Cependant, l'Allemagne bénéficie d'une demande particulièrement forte tant pour ses actions que ses actifs obligataires. Une telle demande pour des actifs allemands est sans précédent durant une période de repli vers la sécurité sur les marchés. Cela ne s'est pas produit en 2008. Il semblerait, selon Simon Derrick, que les investisseurs souhaitent détenir des actifs allemands dans la mesure où ces actifs pourraient peut-être de nouveau être un jour libellés en deutschemarks. AUT/ALO