Asie-Pacifique: les marchés émergents vont surperformer (Baring)

13/08/2010 - 12:53 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Par rapport au milieu des années 1990, les pays en développement de la région Asie-Pacifique ne sont pas seulement dans une position beaucoup plus forte, grâce aux réformes structurelles. Leurs économies sont beaucoup plus importantes, tant en termes absolus que par rapport aux économies développées (...) A la mi-2010, deux autres raisons impliquent que les marchés émergents d'Asie-Pacifique n'en sont encore qu'aux premiers stades d'une longue période de surperformance", juge Baring. "La crise financière asiatique de 1997, comme la crise financière mondiale qui a atteint sa phase critique en septembre 2008, a été dans une grande mesure le produit d'une dette trop importante finançant de mauvais investissements. Au milieu des années 1990, des pays comme l'Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie et la Corée du Sud s'étaient développées trop vite parce que les banques, les gouvernements et les entreprises avaient bénéficié de fonds pour des grands projets qui ne pouvait pas offrir un taux de rendement suffisant pour couvrir le coût du capital. Pire, la plupart des fonds ont été empruntés à des prêteurs étrangers et n'étaient pas libellée en monnaies locales", rappelle le gestionnaire. "Les détails varient selon les pays, mais les comptes courants étaient pour la plupart en situation de déficit et l'ancrage des monnaies a été maintenu à un niveau artificiellement élevé. Que ce soit en raison d'un manque de discipline sur les dépenses ou à la suite de la nécessité de renflouement des banques et d'autres institutions, les budgets gouvernementaux ont également été souvent en déficit. Par rapport aux normes du milieu de cette décennie, l'inflation et les taux d'intérêt s'affichaient à des niveaux élevés." "Dans les années après la crise, il devint clair que les décideurs dans la région Asie-Pacifique - que ce soit dans les gouvernements, les banques centrales ou le secteur privé - avaient retenu la leçon de la décennie précédente. La croissance et l'investissement ont été financés par des liquidités générées de l'intérieur, de façon bien plus importante qu'auparavant. Les banques ont été recapitalisées. Les normes de gouvernance et la transparence dans le secteur des entreprises ont été améliorées. La plupart des pays de la région ont enregistré un excès d'épargne - pour un certain temps. En général, les gouvernements ont équilibré leurs politiques budgétaires. L'inflation et les taux d'intérêt ont baissé sensiblement par rapport aux niveaux de la fin des années 1990." "En 2009, le ratio de la dette souveraine par rapport au produit intérieur brut (PIB) dans la quasi- totalité des pays en développement dans la région Asie-Pacifique était de 50% ou moins. A titre de comparaison, ce taux était de 80% à 120% dans la plupart des pays développés et certains marchés émergents en Europe centrale et orientale. Surtout, davantage de devises ont pu flotter librement, ou dans des limites plus larges." Expliquant les raisons de surperformer aujourd'hui des marchés émergents d'Asie-Pacifique, Baring explique : "Tout d'abord, les perspectives pour l'économie mondiale s'améliorent. Les marchés actions et la plupart des catégories de titres obligataires ont bien performé en juillet 2010. Conséquence d'une amélioration substantielle de l'appétit pour le risque des investisseurs. En dépit de statistiques quelque peu décevantes aux États-Unis, et du ton toujours prudent des commentaires du FOMC, la plupart des investisseurs en est venue à penser qu'une nouvelle récession ne serait pas à l'ordre du jour au cours de la prochaine année." "La croissance de l'économie mondiale avantage les marchés émergents d'Asie-Pacifique de plusieurs façons. Parce que beaucoup d'économies sont orientées vers les exportations, elles sont naturellement bénéficiaires d'une reprise du commerce mondial. Les prévisions des résultats des entreprises dans tous les marchés émergents - notamment ceux d'Asie-Pacifique - ressortent en hausse depuis la fin de 2009. En dépit du regain actuel des bénéfices des entreprises qui a eu lieu dans les marchés émergents au cours de la dernière année, les bénéfices restent à des niveaux bien inférieurs à ceux anticipés sur la tendance à long terme qui est observée depuis la fin des années 1990. En bref, nous croyons que les bénéfices des sociétés devraient augmenter beaucoup plus, et sur une longue période de temps." "Bien que les pays en développement de la région Asie-Pacifique (et, en particulier, la Chine) abritent une épargne colossale, ils peuvent s'appuyer sur d'autres sources de capital. En dépit des problèmes liés à la crise financière mondiale, de nombreuses multinationales dans les pays développés ont renforcé leur bilan au cours des dix dernières années. Fin 1999, par exemple, les liquidités détenues par les sociétés non financières cotées aux États-Unis s'élevaient à environ 6% de leur capitalisation boursière. Maintenant, ce chiffre est d'environ 14%." "La seconde raison est que la demande intérieure en général - et de la consommation en particulier - est appelée à croître de façon constante pendant une longue période dans de nombreux pays en développement dans la région Asie-Pacifique. Un grand nombre de ménages sont, pour la première fois, en mesure d'augmenter leurs dépenses. Ceci est en partie dû au fait que leurs revenus sont en croissance et en partie parce que, dans certains cas au moins, les prix des biens et services sont en baisse. La propagation des téléphones mobiles à travers les marchés émergents est l'un des résultats importants de la baisse des prix des télécommunications." "Les ménages dans les pays en développement sont généralement mieux placés pour accroître leur consommation à un rythme plus rapide que leurs homologues dans les pays développés. En Chine, en Indonésie et en Inde, par exemple, la dette des ménages s'élève à environ 10% du PIB. En Chine et en Indonésie, les prêts des banques à des clients non-bancaires ressort à environ 70% du total des dépôts. (En Inde, le chiffre est un peu plus élevé, à 95%). Dans tous ces pays, les ménages ont la possibilité d'emprunter plus, les banques, à prêter davantage. Le développement des services financiers, y compris les services de micro-crédit pour les ménages pauvres, devrait permettre d'assurer une croissance continue de la consommation." "Dans le contexte mondial, la migration interne en Chine est une importante raison pour laquelle la consommation augmente dans les pays émergents. Lorsque la réforme économique a été introduite dans ce pays par Deng Xiaoping en 1978, la population urbaine s'élevait à 20% du total. En 2007, le pourcentage est passé à environ 42%. Parce que les citadins ont été mieux placés que les habitants ruraux pour bénéficier de l'expansion de la Chine dans la fabrication, la construction et les exportations, les revenus urbains ont augmenté beaucoup plus rapidement que les revenus des régions rurales. Aujourd'hui, les revenus des Chinois habitant en ville sont environ trois fois plus grand que les revenus ruraux. Néanmoins, la population rurale de la Chine - plus des deux tiers en proportion - représente encore un énorme marché pour les biens de consommation de toutes sortes. En 2007, environ la moitié des ménages ruraux en Chine possédait une machine à laver. Environ un quart possédait un réfrigérateur." "La proportion des chinois possédant un téléphone portable, cependant, fournit une utile illustration du potentiel de croissance de la consommation en Chine (...). En 1999, environ 5% des ménages urbains possédaient un téléphone mobile. Aujourd'hui, dans la Chine rurale, les trois quarts environ de tous les ménages possèdent un portable." AUT/ALO