Obligataire : préférer les 5 ans aux 10 ans sur la courbe des taux (SG)

20/08/2010 - 11:33 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Pour les investisseurs en apoplexie, nous avons quelques recommandations", expliquent les analystes de Société Générale Cross Asset Research, préférant "les 5 ans aux 30 ans". "La plupart des discussions autour des parallèles sont entachées d'une certaine fatalité, comme si le reste de la planète était en quelque sorte destiné à suivre l'exemple du Japon. Certaines des forces motrices de la décennie perdue sont les mêmes partout dans le monde - la démographie, les fardeaux budgétaires, et ainsi de suite. Nous ne sommes pas de grands fans de cette fatalité, mais nous voyons des parallèles." "Nous nous trouvons toujours au beau milieu d'un bunge. Tel est le terme inventé il y a deux ans pour décrire le phénomène contraire de la bulle. John Kay (universitaire et écrivain pour le FT) avait organisé un concours afin de trouver le terme exact, caractérisant l'opposé d'une bulle. Cette situation s'observe lorsque les prix se décorrèlent de la valeur fondamentale et que les vendeurs pensent, indépendamment de l'économie, qu'ils seront bientôt en mesure d'acheter ce qu'ils vendent à un prix inférieur. L'un de nos éditeurs a remporté la bouteille de champagne du FT pour avoir trouvé le terme bunge à l'époque", rappellent les analystes. "La bulle, tout comme le bunge, gagne en crédibilité en raison de notre difficulté à croire que tout ce qui est attendu est déjà dans le prix. Paul Samuelson a déjà prouvé il y a 45 ans que les prix correctement anticipés fluctuent de façon aléatoire. Donc, s'ils sont loin d'être parfaitement anticipés et si les incertitudes sont élevées, il est raisonnable de s'attendre à ce que les prix fluctuent considérablement." "Les archives de Bloomberg renferment plusieurs papiers décrivant la supposée bulle obligataire japonaise de la fin des années 1990 et du début 2000. Dans un sens, ils avaient raison (...) On parle d'une réunion d'urgence de la BoJ avant la prochaine session ordinaire, le 7 septembre. Cela paraît si étrange pour une économie qui est fortement exposée au prétendu moteur de la croissance mondiale, la Chine. Des commentaires circulent également sur le fait que les courtiers de Tokyo seraient en quasi-rupture de stock de titres à vendre - tout comme les obligations de catégorie investment grade de courte et de moyenne maturité." "Ce dernier point de vue paraît juste. Les investisseurs japonais désespèrent de plus en plus d'acheter de la duration, avec des achats record à l'étranger. La semaine dernière, les achats nets d'obligations nipponnes de moyen à long terme étaient les plus importants jamais enregistrés (2.178 milliards de yens)", ajoutent les analystes." "L'autre mot à la mode en ce moment, à l'exclusion des bulles, est le mot parallèle, et notamment les parallèles entre le Japon, les États-Unis et l'Europe. La littérature économique sur les parallèles remonte à plusieurs années, certains économistes comme Adam Posen (aujourd'hui réincarné en colombe de la BoE) ont presque fait toute une carrière en écrivant à ce sujet. Paul Krugman a utilisé le thème des parallèles afin de remporter un prix et, plus récemment, de terrifier le public avec l'idée que les États-Unis entament leur quatrième année de décennie perdue. Il n'a pas encore été récompensé pour avoir évoqué les décennies perdues." "Il existe également des différences majeures dans la structure de marché qui suggèrent que l'expérience américaine au sujet d'une possible décennie perdue ne serait pas simplement une répétition de la performance japonaise. Au Japon, lorsqu'il devenait difficile de faire de l'argent sur la courbe, les positions de vol courtes synthétiques devenaient très populaires, telles que les obligations Power Reverse Dual Currency (PRDC). Cela ne se reproduira jamais au vu du cadre réglementaire aujourd'hui (...). La couverture en convexité hypothécaire devrait également empêcher l'effondrement de la vol implicite, contrairement à ce qu'il se passe au Japon. Une partie de l'univers hypothécaire peut toujours être refinancée (par exemple, les maisons récemment achetées qui n'ont pas encore connu la dépréciation des prix) conduisant à une offre de vol à un moment donné." "L'une des principales différences entre le Japon et le reste de la zone de l'OCDE réside dans l'épargne et les flux de capitaux. Le Japon continue à chercher sans relâche des rendements plus élevés pour économiser au moyen d'investissements étrangers. Il est à craindre que cette soupape ne fasse que renforcer la trappe à liquidité. Si les sorties de capitaux étaient interdites, l'épargne aurait enfin à chercher une maison plus productive au sein de l'économie non-financière. Comme les taux baissent dans le monde entier, l'attrait de l'épargne étrangère finira par diminuer. La crainte même de cette perspective est aujourd'hui suffisante pour déclencher une course acharnée aux capitaux." "Bien que le sentiment haussier et que le positionnement semble s'étendre partout - à la fois au Japon et dans le reste de la zone de l'OCDE - la faiblesse des taux continuera à inciter les investisseurs vers des actifs plus risqués, ceci sera néanmoins ponctué par des périodes de doute existentiel de peur que les crises n'éclatent et s'éteignent (avec le temps)." AUT/ALO