Sous-pondérer les obligations d'Etat, choisir les matières premières (BNP)

20/08/2010 - 15:37 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les marchés boursiers ont essuyé leur recul le plus prononcé depuis la troisième semaine de mai, à la suite de la décision de la Fed de continuer à acheter des bons du Trésor, des craintes d'un ralentissement mondial plus important et de turbulences sur les marchés européens des obligations d'État. Les rendements américains et allemands ont ainsi plongé. Clôturant une position longue en duration, nous avons vendu des obligations d'État en estimant que la contraction des rendements semblait excessive et que les marchés étaient largement surachetés", juge BNP-Paribas IP. "De même, nous continuons de sous-pondérer les actions, prévoyant en effet que les chiffres pèseront sur les marchés au cours des prochains mois. L'incertitude a continué d'alimenter la volatilité des marchés, malgré des résultats positifs au deuxième trimestre. Les perspectives sont loin d'être roses. UBS a indiqué que la croissance des revenus des entreprises du S&P500 pourrait s'arrêter si la croissance américaine ralentissait pour atteindre 1,5% en glissement trimestriel annualisé au troisième trimestre et si l'inflation oscillait autour des 1%. Ce scénario est plausible, et il serait difficile pour les entreprises d'accroître leurs bénéfices dans un tel environnement, qui plus est étant donné que les coûts ont déjà été réduits au strict minimum", ajoute le gestionnaire. "La croissance ralentit sur les marché émergents. La production industrielle brésilienne a régressé pendant trois mois consécutifs, alors que celle de l'Inde et de Russie s'est révélée étonnamment faible. Le creux entre la production des dix plus grands pays émergents et celle des sept plus grandes économies développées est passé de 16% début 2010 à moins de 5%. Les pressions inflationnistes se sont certes atténuées sur les marchés émergents, mais l'IPC indonésien a dépassé la barre des 6% pour la première fois depuis mi-2000." "Notre surpondération des matières premières peut sembler contradictoire avec nos perspectives de croissance pessimistes, mais nous croyons aux facteurs structurels positifs de cette classe d'actifs. Nous pourrions prendre nos bénéfices - les matières premières ont en effet enregistré de belles performances en juin et juillet - mais ces actifs se situent selon nous quelque peu en deçà des niveaux du début de l'année et du début du mois d'avril." "En Europe, l'écart de taux entre les obligations d'État de la plupart des pays et le Bund s'est creusé la semaine passée. En Irlande, la réduction du déficit était essentiellement imputable au nombre en baisse de banques nécessitant des injections de liquidités. Or, il ressort à présent que les besoins de capitaux des banques irlandaises seront plus importants que prévu initialement. Citons comme autre facteur d'élargissement des spreads le cas de l'Espagne qui semble avoir relâché ses efforts de réduction du déficit public. La situation semble cependant moins dans l'impasse qu'il y a quelques mois. Les taux espagnols et italiens ont même reculé malgré l'élargissement des spreads." "Les grands pays de l'UE ont affiché des chiffres de croissance très positifs. Le PIB de l'Allemagne a progressé de 9% en glissement trimestriel annualisé au deuxième trimestre, surpassant de loin les 2,4% des États-Unis et les 0,4% du Japon. La croissance française s'est accélérée pour s'établir à 2,5%, alors que celle des Pays-Bas atteignait 3,6%. Il est manifeste que des facteurs temporaires, tels que la construction en Allemagne, ont dopé la croissance. La dépendance de l'Europe aux exportations ainsi que les mesures d'austérité budgétaire qui pourraient pousser les pays périphériques de la zone euro vers une récession en double creux sont au centre des préoccupations, des pans de l'économie mondiale montrant en effet des signes de ralentissement." "Les statistiques aux Etats-Unis ont globalement déçu les analystes. La confiance des consommateurs ne s'est pas suffisamment améliorée pour compenser ses reculs antérieurs, et les ventes au détail (hors automobiles et essence) ont chuté. Voilà qui n'est pas étonnant au vu de la faible croissance des revenus, du chômage élevé et de la confiance en berne. La confiance des constructeurs de logements américains a elle aussi perdu des plumes, et le nombre de permis de bâtir a diminué. L'investissement résidentiel a contribué à la croissance au deuxième trimestre, un soutien qui semble cependant difficile tenable à plus long terme." Les chiffres du commerce ont laissé présager une révision à la baisse de la croissance au deuxième trimestre et montrent que les États-Unis pourraient éprouver les pires difficultés à s'extirper de la récession par les seules exportations. Du côté des bonnes nouvelles, une enquête a révélé une plus grande disposition dans le chef des banques à faciliter l'octroi de crédit au troisième trimestre et un regain de la demande de prêts. La production industrielle a connu un rebond deux fois plus important que prévu. Néanmoins, la reconstitution des stocks étant terminée dans l'ensemble et la croissance affichant un ralentissement, elle pourrait marquer le pas." AUT/ALO