Quelle politique d'investissement fin. en situation déflationniste ?

30/08/2010 - 11:21 - Option Finance

(AOF / Funds) - Même si les chiffres de croissance de la fin de 2009 et du début de 2010 aux Etats-Unis et au Japon, du 2e trimestre 2010 dans la zone euro (1 %), de la Chine (supérieur à 10 %), des autres pays émergents d'Asie..., sont très supérieurs aux attentes, il ne faut pas avoir d'illusions : l'économie mondiale va connaître pendant plusieurs années une situation déflationniste. On observe en effet toutes les caractéristiques, dans l'économie mondiale, d'un équilibre défl ationniste. Le taux d'épargne du secteur privé mondial a augmenté de 4 points entre 2007 et 2010, avec la poursuite de la baisse du taux d'épargne en Asie, dans les pays producteurs de pétrole ; avec la remontée de l'épargne des ménages aux Etats-Unis (de 5 points), au Royaume-Uni (de 7 points), dans la zone euro (de 3 points), au Japon (de 2 points) ; avec la forte remontée de l'épargne (des profits) des entreprises : le taux d'autofinancement (rapport entre les profits et l'investissement) atteint au début de 2010 120 % aux Etats-Unis, 110 % au Japon et en Allemagne, 130 % au Royaume-Uni. Même en tenant compte de la hausse des déficits publics (pour le monde, de 1 % du PIB en 2007 à 7 % du PIB en 2010), avec la baisse de l'investissement des entreprises et en logements, le monde est aujourd'hui en situation d'excès (ex-ante) d'épargne, d'où les conséquences normales de cette situation : faible inflation (l'inflation sous-jacente du monde est de 1 %), faibles taux d'intérêt (le taux d'intérêt à dix ans du monde est de 4,1 % ; aux Etats-Unis et au Japon, le taux d'intérêt à long terme recule sans arrêt en dessous de 2,6 ou 2,4 %) ; faiblesse persistante des prix des actifs (aux Etats-Unis, en Europe, au Japon) ; déformation du partage des revenus au détriment des salariés (au niveau mondial, la productivité du travail augmente en tendance de 4 % par an, le salaire réel de 2 % par an), ce qui affaiblit la demande. Que doivent faire les investisseurs dans une situation d'équilibre déflationniste ? Ils ne doivent craindre ni l'inflation, ni la hausse des taux d'intérêt, à toutes maturités. Ils doivent examiner les conséquences d'une situation où d'une part la croissance de la demande intérieure est faible, d'autre part la profitabilité des entreprises redevient très forte grâce à la déformation du partage des revenus au détriment des salariés. Cette situation conduit normalement à la stagnation des marchés boursiers, qui ont toujours été dans le passé pénalisés par la faiblesse de la demande des ménages ; à une bonne performance des marchés du crédit (Corporate bonds) grâce à la hausse de la profitabilité. Patrick Artus, directeur de la recherche et des études de Natixis AUT/CHR