Un scenario de déflation favorisera les actifs risqués (Natixis)

03/09/2010 - 11:46 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Dans une situation déflationniste, les taux d'intérêt sans risque sont très faibles, les primes de risque sont élevés, ce qui est exactement ce qu'on observe. Le monde, et encore plus les Etats-Unis et l'Europe se trouvent aujourd'hui dans une situation déflationniste : faiblesse de la demande, et chômage élevé, désendettement, excès d'épargne mondiale, recul des coûts salariaux et niveau bas de l'inflation, perte de richesse avec la baisse des prix des actifs", observe Natixis. "Dans un équilibre déflationniste, l'excès d'épargne conduit à une forte baisse des taux d'intérêt sans risque ; mais l'aversion pour le risque est forte (la croissance est faible, la variabilité historique des prix des actifs est forte), ce qui conduit à des primes de risque élevées. C'est exactement ce qu'on observe aujourd'hui : taux d'intérêt à long terme très bas sur les dettes publiques supposées sans risque (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France) ; primes de risque supérieures au niveau normal sur les actions, les obligations d'entreprise. Ceci pousse les investisseurs à se reporter vers des actifs plus risqués." "Les taux d'intérêt sans risque ne fournissent plus alors aux investisseurs les rendements qu'ils désirent obtenir, ce qui les pousse vers des actifs plus risqués pour profiter du niveau élevé des primes de risque. Ceci peut expliquer par exemple, dans la zone euro la forte demande pour les obligations d'entreprise à partir de novembre 2008 et le succès des émissions des Trésors des pays périphériques en difficulté avec leurs finances publiques", explique le gestionnaire. "L'automne est rarement favorable aux marchés risqués. Au-delà des traditionnels effets saisonniers, ces derniers souffrent et vont continuer d'être pénalisés par la hausse de l'aversion pour le risque et le ralentissement en cours de l'économie mondiale (...) Notre cible à trois mois pour le taux 10 ans américain est désormais de 2,35% (un plus bas vers 2% n'est pas à exclure), un niveau cohérent avec notre cible de 80 pour l'USD/JPY à cet horizon. Par ailleurs, le repli attendu des indices actions s'accompagnera d'une baisse de l'EUR/USD dont notre nouvel objectif s'établit à 1,22. En dépit d'une plus grande résistance de l'économie européenne (jusqu'en T4 au moins), les écarts de croissance seront insuffisants pour contrer la logique en cours de hausse de l'aversion pour le risque et les flux acheteurs de dollars associés." "La conférence de Jackson Hole a confirmé à quel point les challenges de politiques économiques restaient entiers mais que les armes pour les combattre s'amenuisaient rapidement. Sur le plan politique, de plus en plus de pays voient leur paysage passer de majorités claires à des coalitions plus ou mois solides. C'est le cas par exemple du Royaume-Uni et plus récemment l'Australie et très probablement les Etats-Unis en novembre. Non que le partage du pouvoir soit nécessairement synonyme d'inefficacité, mais il est sans nul doute pourvoyeur de plus grande incertitude." "Du coté des politiques monétaires, notre scenario exclut désormais tout relèvement des taux repo aux Etats-Unis et en zone euro en 2011. Ben Bernanke a annoncé qu'il allait maintenir le bilan de la Fed à son niveau actuel ; La BOJ multiplie les injections de liquidité et la BCE maintiendra, au moins jusqu'à la fin de l'année, ses mesures exceptionnelles... Ailleurs, en Asie notamment, de nombreuses banques centrales font une pause dans leurs resserrements monétaires dans l'attente d'informations plus claires sur l'ampleur du ralentissement en cours" "L'histoire sans fin continue avec une succession de périodes de fuite vers la qualité et de regain d'optimisme, sur fond d'incertitude sur les conséquences structurelles de la crise sur les économies et les marchés. On suivra à cet égard la persistance d'une corrélation positive entre le dollar et l'or", conclut Natixis. AUT/ALO