Après deux mois de destructions d'emplois, l'économie américaine a perdu 54000 emplois supplémentaires en août. Mais ce chiffre est inférieur aux 100000 destructions anticipées par les économistes. En outre, le nombre d'emplois détruits en juillet, initialement annoncé à 131000, a été revu à la baisse, à 54000. Le taux de chômage continue cependant à augmenter, à 9,6% contre 9,5% le mois précédent.
La bonne surprise provient de l'évolution de l'emploi privé. Attendues à 40000 par les économistes, les créations d'emplois privés se sont élevées à 67000. Les économistes estiment que les créations d'emplois privés sont le meilleur indicateur de l'état du marché du travail, les chiffres du secteur public, qui a détruit 121000 emplois en août, étant pour le moment biaisés par l'arrivée à échéance des contrats des travailleurs temporaires recrutés à l'occasion du recensement décennal. Cependant, le dynamisme de l'emploi privé est à relativiser. En effet, pour compenser la hausse de la population, les Etats-Unis devraient créer 300 000 emplois par mois afin de retourner au plein emploi dans cinq ans. On est encore loin du compte.
La dégradation moins importante que prévu du marché du travail américain au mois d'août ne doit pas masquer les difficultés persistantes de la première économie mondiale. La croissance a sensiblement ralenti (+1,6% seulement au deuxième trimestre) et les entreprises, face à une demande finale faible, sinon fragile, ne sont pas euphoriques : les commandes n'ont augmenté que de 0,1% en août, contre +0,3% attendu et l'ISM non manufacturier, qui mesure l'activité dans les services, a chuté à 51,5 contre 54,3 en juillet. Cette morosité ne se dissipera qu'avec une franche embellie sur le front de l'emploi. La lutte contre le chômage est donc plus que jamais une priorité. Ben Bernanke, le patron de la FED, a en effet rappelé la semaine dernière, lors de son discours de rentrée, que la Banque Centrale mettrait en œuvre tous les moyens nécessaires pour soutenir le marché du travail. Barack Obama a également déclaré cette semaine que le rétablissement de l'économie et de l'emploi restait la première préoccupation de son administration. Plusieurs mesures fiscales visant à stimuler la croissance et l'emploi pourraient ainsi être mises en place prochainement. La contrainte budgétaire limitera cependant la marge de manœuvre de la Maison Blanche. Le consensus des économistes n'attend donc pas de miracle et prédit un taux de chômage toujours au-dessus de 9% en 2011.
Les investisseurs ont réagi positivement aux chiffres annoncés par le Département du Travail américain. Le CAC 40 a clôturé à 3672,20 points, gagnant 1,12%.