VIVENDI : le régime fiscal favorable pas menacé avant 2011 (presse)

09/09/2010 - 08:28 - Option Finance

(AOF) - Le régime fiscal avantageux, dit du "bénéfice mondial consolidé", de Vivendi ne serait pas remis en cause avant la fin 2011, mais pourrait ne pas être renouvelé au-delà, écrit ce matin "La Tribune". Le même quotidien rapportait hier que le président de la République avait indiqué vouloir réexaminer cet avantage lors d'une réunion avec les professionnels du cinéma qui a eu lieu lundi soir. Ce type de régime est intéressant pour les groupes essuyant des pertes à l'étranger et des bénéfices en France. Ce qui a été le cas pour le spécialiste du divertissement lors de l'ère Messier. Il permet en effet de consolider fiscalement ses pertes et profits avec les pertes et profits des sociétés du groupe contrôlées directement ou indirectement à 50% au moins, situées tant en France qu'à l'étranger. Or les pertes essuyées à l'étranger par le spécialiste du divertissement lors de l'ère Messier ont été lourdes. Grâce à ce régime, Vivendi reçoit chaque année près d'un demi-milliard d'euros du fisc (435 millions en 2009), ce qui constitue sa deuxième source de cash après SFR, selon le quotidien. Ce régime avait été octroyé en 2004 pour 5 ans par Nicolas Sarkozy, alors au ministère de l'Economie, en contrepartie d'engagements en faveur de l'emploi. Il a ensuite été renouvelé en 2009 jusqu'à fin 2011. Cheuvreux estime que le groupe dispose de moyens pour limiter l'impact de la suppression de ce régime avantageux. L'analyste estime que l'impact serait " modeste ".

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Vivendi est le n°1 mondial des jeux vidéo et de la musique. Leader français et marocain des télécoms, leader français de la télévision payante. - Vivendi bénéficie de la prépondérance des abonnements dans ses recettes (75%) du fait de ses activités de télécoms (SFR, Maroc Télécom) et de télévision à péage (Canal+). Il bénéficie ainsi de revenus récurrents qui offrent une bonne visibilité. - Le recentrage progressif du groupe et l'éloignement du statut de conglomérat devraient permettre une réduction de la décote de holding appliquée à Vivendi. Le groupe a renforcé son exposition au secteur des télécoms, qui génère des liquidités récurrentes. - Le groupe accroît son exposition aux pays émergents. - Vivendi a lancé la cession de ses 20% dans le groupe de médias américain NBC Universal. En plus de 2 milliards de dollars versés au plus tard en septembre, Vivendi devrait recevoir un solde de 3,8 milliards, certainement d'ici début 2011. - Vivendi distribue au moins 50% de son résultat net chaque année sous forme de dividende. Le rendement (plus de 8%) est l'un des plus élevé au sein du CAC 40.

Les points faibles de la valeur

- Le modèle de croissance Universal Music Group peine à convaincre. Cette activité pâtit de la baisse de la demande de CD, de la diminution des redevances et du faible programme de sorties d'albums. - L'environnement est moins favorable pour l'activité télécoms : la réglementation s'est durcie en France avec une nouvelle taxe audiovisuelle, avec la régulation des prix de détail et la baisse brutale des prix de gros. - Au Maroc aussi, pour sa filiale Maroc Telecom, la réglementation des télécommunications est plus contraignante. - Les positions concurrentielles de SFR sont menacées par l'attribution d'une quatrième licence mobile à Free. - Le prix payé pour acquérir le fournisseur d'accès à l'Internet brésilien GVT parait élevé à certains analystes par rapport aux fondamentaux de l'entreprise. Par ailleurs, les autorités boursières du pays estiment que le groupe aurait mal informé les marchés pour racheter cette société. Si la fraude est prouvée, l'amende pourrait atteindre 1,3 milliard d'euros, selon la presse brésilienne. Le montant avancé est toutefois à prendre avec précaution. - Le recours collectif (class action) lancé aux Etats-Unis pour des actes remontant aux années 2000 pèse sur le titre. Vivendi a été condamné, mais le montant des indemnités n'est pas encore connu. La procédure devrait être longue, car le Français projette de faire appel. Tous les risques ne semblent pas intégrés dans la valorisation en Bourse.

Comment suivre la valeur

- L'action est une valeur défensive du fait de la présence de Vivendi dans différents métiers qui lui procurent des revenus récurrents. - Malgré le recentrage en cours des activités, la société a encore une image de conglomérat en Bourse car la part des intérêts minoritaires est importante. Ce statut explique la décote appliquée à la valeur. - Les analystes espèrent, depuis de nombreuses années, le rachat par Vivendi des 44% détenus par Vodafone dans SFR, qui permettrait à l'opérateur mobile d'avoir une situation actionnariale claire, comme ses concurrents. Le président du groupe a récemment confirmé son intérêt pour le rachat des minoritaires de SFR. - La manne financière à recevoir de la cession de ses 20% dans le groupe de médias américain NBC Universal pourrait permettre une acquisition, l'achat de la part de Vodafone dans SFR, ou simplement une réduction de l'endettement. - A suivre également le projet de cotation des 20% de Lagardère dans Canal+ France. Mais Lagardère ne peut introduire Canal+ en Bourse qu'entre le 15 mars et le 15 avril de chaque année, conformément au pacte d'actionnaires conclu avec Vivendi en 2007. La proposition de Lagardère est plutôt perçue comme une tactique pour relancer les négociations avec Vivendi.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Communication - Medias

Tous les intervenants soulignent le manque de visibilité pour la fin de l'année 2010. Ils sont toutefois certains que le retour aux niveaux de revenus publicitaires de 2008, année précédant la crise, ne sera pas pour 2010. Il leur faudra attendre au moins deux à trois ans. D'après une étude de l'OCDE, portant sur la situation des médias dans le monde, le principal défi pour la presse est de parvenir à s'adapter à l'essor d'Internet. Selon l'organisation, les nouveaux médias engendrent des changements de consommation, particulièrement pour les jeunes lecteurs. Ces deux dernières années, 20 pays sur les 31 étudiés par l'OCDE ont ainsi subi un déclin de leur lectorat. Les Etats-Unis sont le plus durement touchés par cette érosion avec un nombre de lecteurs qui a chuté de 30% entre 2007 et 2009. Sur le plan économique, les recettes générées par Internet ne compenseraient pas encore les pertes liées à la crise. La part de la publicité sur Internet dans les revenus des journaux n'était que de 4% en 2009. Toutefois elle a fortement progressé : aux Etats-Unis, elle est ainsi passée de 2,6% en 2003 à 8,2% en 2008. FTB/ACT/