La véritable menace n'est pas une nouvelle récession américaine

13/09/2010 - 10:34 - Option Finance

(AOF / Funds) - Dans son Beige Book, la Fed vient de confirmer, s'il en était besoin, que la croissance ralentit. Depuis un an, celle-ci a pourtant été modérée (3 % l'an) en comparaison des reprises passées. Quand la croissance est aussi molle, le risque d'une rechute en récession existe bel et bien et explique que la Fed reste en mode de gestion des risques, prête à agir si nécessaire. Un tel risque nous semble toutefois limité. La bonne santé des entreprises et les politiques budgétaire et monétaire particulièrement accommodantes devraient mettre l'économie à l'abri d'une nouvelle récession. En particulier, la part des profits dans la valeur ajoutée atteignait au deuxième trimestre 2010 un plus haut depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2011, la croissance sera probablement proche de 2 %, permettant une reprise très graduelle du marché du travail. Selon nous, le principal risque au cours des trois ou quatre prochaines années est que la croissance américaine reste proche de son potentiel, autour de 2 % l'an. Elle ne parviendrait alors pas à résorber ses excès de capacité sur cette période (il faudrait pour cela une croissance proche de 3,5 % l'an) : des capacités de production seraient définitivement détruites, le chômage structurel augmenterait. Un tel scénario se traduirait par une décennie de croissance faible (très en deçà des 3 % l'an des vingt dernières années) et d'inflation faible, et serait peu favorable aux actifs risqués. La principale raison pour laquelle ce scénario pourrait se matérialiser tient au désendettement des ménages, qui pèse sur leur consommation, réduit la visibilité des entreprises sur la demande future et freine leurs décisions d'embauche. En un an, les ménages ont réduit leur endettement de 5 points de PIB, beaucoup plus rapidement que prévu. Ce processus de désendettement devrait normalement ralentir, mais il est loin d'être terminé. L'enjeu est donc de donner un coup d'accélérateur à la reprise pour éviter de tomber dans une trappe à croissance molle. On peut espérer que les ménages et les entreprises cessent d'eux-mêmes d'être trop précautionneux. Si tel n'est pas le cas, la politique monétaire se révélera probablement insuffisante pour relancer la machine. Les annonces récentes de l'administration Obama s'inscrivent évidemment dans le contexte des "mid-term elections" de novembre. Mais d'un point de vue économique, ces initiatives pourraient se révéler déterminantes. Dans tous les cas, les investisseurs devront savoir se montrer patients avant de prendre des risques. Michel Martinez, responsable adjoint de la Stratégie groupe Amundi AUT/CHR