Carmignac ne craint pas le retour en récession et s'expose aux actions

13/09/2010 - 13:55 - Option Finance

(AOF / Funds) - "(...) les actions continuent d'avoir notre faveur. Les entreprises publient des résultats et des chiffres d'affaires en nette croissance alors que les marchés ont stagné ou reculé. Ainsi, nous avons repris une exposition proche de 100% au risque actions sur les fonds les plus offensifs, tels que Carmignac Investissement, Carmignac Émergents ou Carmignac Commodities. Sur les fonds à vocation plus prudente, comme Carmignac Patrimoine, l'exposition aux actions a été relevée à près de 30%", affirme Carmignac Gestions. "Après le fort rebond d'activité connu sous l'effet des mesures fiscales et monétaires, l'économie marque le pas. Il fallait s'y attendre. Le marché immobilier demeure affaibli, notamment par de nombreuses saisies. De ce fait, le secteur de la construction est exsangue, et l'activité de crédit réduite à peau de chagrin. Les entreprises investissent prudemment, et réembauchent encore plus prudemment. De ce fait, les ménages relèvent leur taux d'épargne et ne consomment qu'à due proportion de leur revenu, lequel stagne du fait d'un taux de chômage élevé "Cette perspective assombrie n'a fait qu'exacerber le débat sur les mesures additionnelles de soutien que le gouvernement de M. Obama et la FED de M. Bernanke pourraient apporter au pays. L'attitude attentiste du gouvernement, alors que les sondages donnent un parti démocrate en grande difficulté pour les élections de mi-mandat, nous surprenait, mais nous apprenons en écrivant ces lignes que le président Obama vient de décider de proposer un plan supplémentaire de relance budgétaire d'environ 50 milliards de dollars. D'autres mesures fiscales sont encore à l'étude, et notamment la prorogation des baisses d'impôt remontant à l'ère Bush. Dans ce contexte, une rechute de l'économie paraît évitable." "Mais pour rendre auto-entretenue la croissance économique, il faut plus que cela. Il faut encourager l'investissement, afin de créer des emplois, qui généreront de la consommation, etc. Deux conditions sont nécessaires, la disponibilité du crédit et l'ancrage des anticipations d'inflation. Si en effet seul le crédit est disponible mais que la perspective est la déflation, on se retrouve dans la situation du Japon. Et c'est exactement ce qui préoccupe aujourd'hui M. Bernanke. L'inflation est basse, l'inflation sous-jacente, structurelle, est basse aussi et toutes deux vont continuer de baisser dans les mois à venir. De plus, les anticipations d'inflation reculent. En comparant les emprunts d'État nominaux et les indexés sur l'inflation, on en déduit une anticipation d'inflation. Or, celle-ci, qui était revenue sur les niveaux moyens de long terme, proches de 2,5%, est retombée en quelques mois à moins de 1,5%." "Ceci explique les exposés récents de M. Bernanke sur les éventuelles mesures quantitatives additionnelles qui pourraient contrecarrer les attentes actuelles des financiers quant aux futures baisses des prix. Nous n'en sommes pas encore là. Pour l'instant, des obligations acquises pendant la crise arrivent à maturité, et le réemploi des liquidités fait déjà débat au sein de la FED, certains membres s'opposant au point de vue de M. Bernanke, qui souhaite les utiliser pour acheter davantage d'obligations émises par le Trésor, et maintenir ainsi le bilan de la Réserve Fédérale à près de 2.300 milliards de dollars. Là encore, et même si le débat n'est pas tranché, on voit que la banque centrale est prête à soutenir l'activité économique, ce qui écarte de nouveau la possibilité d'une rechute brutale à court terme de l'économie américaine." "Là où notre affaire se complique, c'est que pour voir ces mesures additionnelles, tant monétaires que fiscales, se mettre en place, il faudrait que les chiffres économiques américains continuent d'être mauvais. Or, les dernières publications étaient plutôt encourageantes, en amélioration d'un mois sur l'autre et supérieures aux anticipations des marchés. C'est le cas des ventes de maisons, des indices des directeurs d'achat ou encore de l'emploi. On est donc dans une situation où l'économie s'améliore tendanciellement mais avec une pente faible, et donc avec une perspective de croissance moindre, insuffisante pour faire reculer rapidement le taux de chômage. Les marchés obligataires ont acté cette réalité avec un recul des taux à 10 ans à moins de 2,5%." "Et l'Europe dans tout ça ? Elle est partagée entre l'Europe du Sud - pas express du tout et l'Allemagne Express. Avec un trimestre de croissance à la chinoise (et une croissance annuelle anticipée de 3%), saluons la performance de l'économie, et en particulier de l'industrie exportatrice de nos cousins d'outre-Rhin. Que dis-je, elle est partagée ? Elle fait le grand-écart cette zone euro. La vraie question est : pour combien de temps ? L'Allemagne profite de l'euro faible parce que son industrie est déjà compétitive internationalement. Ce n'est pas le cas de l'Espagne, a fortiori de la Grèce. L'Allemagne se finance à 10 ans à 2%, la Grèce à 11%. Et au milieu de cela, notre brave Jean-Claude Trichet essaie d'asseoir une unité monétaire." "Les stress tests des banques ont eu une efficacité limitée, la confiance dans le système interbancaire demeurant extrêmement sélective. Les banques sont toujours avides de dépôts. Elles vont tellement bien que certaines d'entre elles proposent jusqu'à 4,5% de rémunération sur les dépôts à un an ! La BCE a ainsi, grâce aux résultats allemands, révisé à la hausse ses prévisions de croissance. De 1% à 1,6% pour cette année, et de 1,2% à 1,4% pour 2011 (...) Il est clair qu'on a là un double problème, stabiliser le chômage et réduire les déficits. Dans les deux cas, je ne vois pas de solution évidente. Nous persistons à penser que des nuages obscurcissent le ciel européen et que la monnaie unique, dans ce contexte, ne pourra durablement constituer un ancrage solide face aux monnaies des pays et zones économiquement plus dynamiques. Notre exposition à l'euro demeure donc limitée, voire légèrement négative pour certains de nos fonds." AUT/ALO