BNP IP reste prudent et sous-pondéré sur les actions

13/09/2010 - 18:05 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Deux annonces en provenance de l'autre côté de l'Atlantique ont déclenché un vent d'euphorie sur les marchés boursiers : l'indice ISM manufacturier a dépassé les attentes et l'emploi a progressé dans le secteur privé. Ces quelques chiffres ne suffisent pas à revoir notre opinion : nous continuons de tabler sur une croissance molle de l'économie américaine. De même, nous restons sous-pondérés sur les actions. En effet, les sociétés pourraient éprouver les pires difficultés à accroître leurs bénéfices dans un contexte de croissance et d'inflation faibles", juge BNP IP. "Malgré les signes de ralentissement sur les marchés émergents cycliques, nous maintenons notre position neutre sur les actions émergentes. Nous avons toutefois pris nos bénéfices et allégé notre exposition à la dette émergente libellée en dollar américain de surpondérée à neutre. Anticipant une appréciation des devises locales, nous continuons de surpondérer la dette locale émergente." "Concernant les obligations indexées à l'inflation, le marché a récemment intégré une hausse de l'inflation en Europe. Nous considérons pourtant le climat déflationniste actuel et la prime de risque d'inflation supérieure à la moyenne comme des facteurs négatifs nous incitant à réactiver une position tactique courte. Nous avons réinvesti les recettes libérées par la réduction de la position sur la dette locale émergente et par la sous-pondération des obligations indexées sur l'inflation dans des obligations d'État, diminuant ainsi sensiblement leur sous-pondération." "Les derniers chiffres du commerce ne sont pas encourageants. Après correction saisonnière, les chiffres concernant les économies cycliques du Brésil, de la Corée du Sud et de Taïwan indiquent une chute des importations et des exportations , même sur trois mois annualisés. Il se peut que ce phénomène soit temporaire mais le rythme observé soulève de vives inquiétudes sur la santé de l'économie mondiale. La contraction du commerce allemand pourrait simplement marquer un retour à la normale après la poussée récente. Nous surveillerons les statistiques de près afin de vérifier si une nouvelle tendance apparaît." "Le rebond de l'indice ISM manufacturier et les chiffres de l'emploi meilleurs que prévu ont apaisé les craintes d'une récession en double creux aux États-Unis. Ceci dit, ces bonnes nouvelles ne changent pas nos prévisions. Selon l'ISM, les indicateurs prévisionnels comme les nouvelles commandes et les commandes en cours sont toujours orientés à la baisse. Le rapport sur l'emploi montre une évolution positive dans les soins de santé et la formation, mais ces deux secteurs ne sont pas des vecteurs traditionnels de croissance. Un an après le début de la reprise, la croissance est encore trop faible pour réduire le chômage. Étant donné que de plus en plus de personnes partent à la recherche d'un emploi, les pressions à la baisse sur les salaires se maintiendront probablement." "Dans le secteur non manufacturier aux États-Unis, les intentions d'embauche montrent que les employeurs sont plutôt enclins à licencier du personnel. Ce segment représentant 83% des emplois dans le secteur privé, cette information n'est pas à prendre à la légère. Les deux rapports ISM suggèrent un net ralentissement de la croissance du PIB dans les prochains trimestres. De nouvelles mesures gouvernementales ne devraient pas faire la différence, selon nous. L'amortissement accéléré sur le plan fiscal pourrait relancer les investissements des entreprises, mais le coût du capital ne joue pas un rôle clé dans les décisions d'investissement actuellement." "Alors que la BCE a relevé ses prévisions de croissance pour la zone euro à 1,6% pour cette année et à 1,4% pour l'année prochaine, les estimations pour 2011 sont entourées d'une grande incertitude. Pour 2010, la BCE semble tabler sur une croissance sensiblement inférieure à la moyenne au second semestre. Il n'est donc pas surprenant que la BCE ait décidé de continuer à fournir des liquidités illimitées au moins jusqu'en janvier 2011. Cette facilité est fort appréciée par les banques en Grèce, au Portugal, en Irlande et en Espagne. Ces pays sous perfusion pourraient causer une migraine aux banquiers centraux. En effet, alors que l'Allemagne pourrait envisager de relever les taux, la précarité du secteur bancaire dans d'autres pays l'en empêche." Les spreads des CDS bancaires se sont à nouveau élargis. L'incertitude concernant l'effet de la nouvelle réglementation sur les besoins de financement des banques alimente les craintes existantes. L'ampleur des déficits publics et la mauvaise santé du secteur bancaire plombent le ciel de la zone euro. Les spreads des obligations d'État grecques ont renoué avec les niveaux record atteints lors de l'éclatement de la crise de la dette grecque, alors que ceux de l'Irlande et du Portugal ont pris des proportions record. En conséquence, des coupons plus élevés doivent être payés sur les nouvelles obligations. Et vu les prévisions de croissance minime du PIB, la situation pourrait devenir insoutenable." AUT/ALO