LAFARGE : la dette est sous contrôle

14/09/2010 - 09:00 - Option Finance

(AOF) - Pénalisé par une dette de 15,16 milliards d'euros liée essentiellement au rachat du cimentier égyptien Orascom début 2008, Lafarge ne compte pas procéder à une nouvelle augmentation. Dans un entretien à "La Tribune", le P-DG du premier cimentier mondial, Bruno Lafont, assure que la dette du groupe est "sous contrôle"."Lafarge est un groupe en sécurité, dont la situation financière est saine", a précisé le dirigeant. La société, dont l'activité est fortement dépendante de la conjoncture, a été durement pénalisé par la récession mondiale. "Mais à présent, même si certains marchés continuent à souffrir, on assiste globalement plutôt à des phénomènes de stabilisation, et, dans certains cas, nous constatons un premier redressement. Ma vision des marchés reste favorable sur le moyen terme, car le rebond peut être très rapide, même si je suis prudent sur le court terme", a précisé Bruno Lafont au quotidien. Le dirigeant a par ailleurs rappelé que le rachat d'Orascom (réalisé au plus du marché), demeurait une excellente opération sur le plan stratégique. "Avec Orascom, nous nous sommes renforcés dans des pays émergents en forte croissance où nous avons acquis des actifs de première qualité, qui constituent une plate-forme remarquable pour des développements futurs et qui génèrent aujourd'hui des cash-flows significatifs utiles dans la période actuelle". Enfin, Bruno Lafont, n'exclut aucun désinvestissement pour renforcer la structure financière du groupe cimentier si l'actif concerné n'est pas stratégique. Toutes les zones géographiques et toutes les activités peuvent être concernées, a-t-il précisé. Certains analystes estiment que la division plâtre, particulièrement exposée aux marchés matures pourrait être cédée. Elle a représenté 8% du chiffre d'affaires 2009 du groupe, ressorti à 15,9 milliards d'euros, contre 60% pour le ciment et 32% pour le béton et les granulats.

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Les points forts de la valeur

- Lafarge est le leader mondial des matériaux de construction et du ciment, numéro 2 des granulats, numéro 3 du béton et du plâtre. - Sa diversification géographique permet au groupe de mieux résister que ses concurrents à la conjoncture difficile, grâce au poids important des pays émergents dans son chiffre d'affaires (46% réalisé au Moyen-Orient, en Europe Centrale et de l'Est, en Afrique et en Asie à fin 2008). Le rachat d'Orascom Cement a permis à Lafarge de détenir des positions de leader au Moyen-Orient, marché en plein essor. - La politique de désendettement combinant cessions et augmentation de capital a permis non seulement au groupe de réduire son endettement net mais aussi d'éliminer son covenant bancaire associé et optimiser l'échéancier de ses remboursements.

Les points faibles de la valeur

- La visibilité s'est détériorée sur la vitesse de redressement des volumes et donc des résultats des pays matures et en particulier dans plusieurs pays d'Europe de l'Ouest, voire de l'Est. Les volumes ont globalement touché le fond, mais leur redressement sera plus lent que prévu, n'intervenant au mieux qu'en 2012. - Les plans d'austérité en Europe pourraient se traduire par un tassement des dépenses d'infrastructures. - Même si l'augmentation de capital a renforcé la structure financière du groupe, elle aura un impact dilutif sur le bénéfice net par action. - La génération de trésorerie reste un enjeu primordial dans les prochains mois car le groupe continue à supporter une dette élevée (14,5 milliards d'euros nets).

Comment suivre la valeur

- Les performances de Lafarge sont étroitement liées à l'état du secteur de la construction. Fortement cyclique, ce dernier dépend de l'évolution des taux d'intérêt, des facilités d'accès au crédit et du climat de confiance. - Le prix de l'énergie est également à surveiller car il compte pour 25% à 30% du coût de production du ciment. - Les résultats de Lafarge sont, pour partie, dépendants du cours du dollar par rapport à l'euro du fait de sa présence aux Etats-Unis. - Le groupe souhaite accélérer l'innovation, notamment pour répondre aux modes de construction plus durables.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

Même si leur environnement s'améliore progressivement, les intervenants du secteur sont encore confrontés à un certain nombre de risques. Le marché européen de la construction demeure fragile car il n'y a pas de nette reprise de la demande de permis de construire. De plus, comme la crise de ce marché a débuté plus tard qu'aux Etats-Unis, la reprise se réalisera également plus tardivement. Les experts estiment qu'il faudra attendre 2011 pour que le marché du BTP européen se stabilise. Par conséquent certains analystes estiment que cette année, la demande de matériaux de construction devrait baisser de 5% en France. L'activité du secteur va donc continuer à être soutenue par la croissance dans les pays émergents. L'autre menace qui pèse sur les acteurs est l'évolution des couvertures sur les coûts énergétiques. Si elles sont actuellement favorables, ces couvertures devraient avoir un impact négatif dès le second semestre 2010. FTB/ACT/