Un rebond qui n'incite pas à revoir son exposition aux actions (BNP IP)

24/09/2010 - 10:12 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La faiblesse des données économiques et l'élargissement des spreads des obligations d'État européennes n'ont pas enrayé le rebond des actions. L'annonce par Microsoft d'une émission obligataire dans l'optique d'un rachat d'actions propres et celle de Cisco du paiement d'un premier dividende ont occulté les chiffres décevants. Les volumes d'échange sont restés limités, ce qui nous incite à penser que ce rebond manque de conviction. Nos prévisions de croissance économique constituent la principale raison de notre pessimisme à l'égard des actions", juge BNP IP dans sa note hebdomadaire. "Le regain actuel d'optimisme des marchés au sujet de la croissance augmente précisément, selon nous, la probabilité d'une rechute boursière tôt ou tard. Concernant les obligations d'État, nous avons initié une position en overlay longue sur la duration", ajoute le gestionnaire. "Nous estimons en effet que les taux des Bunds ont trop augmenté. Une inflation exceptionnellement basse et une politique monétaire accommodante plaident pour une baisse des taux. En outre, les risques liés à la dette souveraine du Portugal, de la Grèce et de l'Irlande n'ont pas disparu. Cette situation pourrait renforcer le statut de valeur refuge des Bunds." "Nous avons accentué notre exposition aux obligations d'entreprises investment grade de neutre à surpondérée. Le climat s'est amélioré, à l'instar du succès rencontré par les nouvelles émissions récentes. De plus, vu la faiblesse actuelle de la croissance et de l'inflation, les investisseurs en quête de rendement pourraient se tourner davantage vers cette classe d'actifs. Les valorisations restent attractives à nos yeux, et le risque de défaut de paiement diminue. Nous avons vendu des obligations d'État pour financer ce remaniement, creusant ainsi davantage la sous-pondération de cette classe d'actifs." "Aux États-Unis, le secteur industriel continue de ralentir. L'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie est resté en négatif. La confiance des entrepreneurs dans le secteur de la construction de logements a atteint un plancher depuis mars 2009. Elle s'est effondrée depuis le retrait des crédits d'impôts à l'achat d'un logement. Les lancements de chantiers de construction de logements ont augmenté, mais cette tendance s'observe principalement dans le segment volatil des maisons à appartements. Les permis de bâtir ont augmenté à un rythme nettement moins élevé, un indicateur symptomatique de la morosité du secteur." "L'inflation de base se stabilisant à 0,9% en glissement annuel, le niveau d'inflation est clairement trop bas au goût de la Réserve fédérale. A l'issue de la dernière réunion du comité de politique monétaire, le ton était légèrement plus pessimiste sur l'économie. La Fed s'est engagée à prendre des mesures accommodantes supplémentaires si nécessaire afin de soutenir la reprise et le retour de l'inflation à des niveaux plus conformes à son mandat, à savoir assurer une stabilité maximale de l'emploi et des prix. Il s'agirait probablement de nouveaux rachats de bons du Trésor américain, ce qui reviendrait à recourir à un assouplissement quantitatif." "Quant à l'éventuel catalyseur de ces nouvelles mesures, l'incertitude reste totale. Baisse sensible des taux actuels de croissance ? Assombrissement des perspectives de la Fed ? Persistance d'un chômage élevé ? Les taux flirtant déjà avec des planchers absolus, on peut s'interroger sur l'efficacité d'un nouvel assouplissement monétaire. Une mise en oeuvre de nouvelles mesures avant la prochaine réunion de la Fed début novembre nous semble improbable, à moins que la banque centrale américaine souhaite surprendre les marchés. A l'heure actuelle, un membre du comité de politique monétaire ne partage pas ouvertement l'opinion majoritaire. Le débat fait probablement l'objet de dissensions au sein de ce comité." "S'agissant de la zone euro, les importations ont reculé plus que les exportations, ramenant le déficit de la balance commerciale au quasi-équilibre. D'énormes différences subsistent entre les pays aux excédents importants, comme l'Allemagne et les Pays-Bas, et les économies déficitaires. La baisse conjuguée des exportations et des importations rappelle un phénomène déjà observé dans d'autres régions du monde, notamment certains marchés émergents. Si le commerce venait à faiblir, la reprise de la zone euro pourrait ralentir. Nous tablons déjà sur un ralentissement de la croissance, notamment parce que la demande intérieure ne permet pas de compenser la faiblesse d'autres facteurs." "Nous ne pensons pas que l'intervention du Japon sur sa monnaie changera beaucoup la donne. Même des sommes importantes pourraient ne pas suffire. En 2003-2004, le yen s'est en réalité apprécié par rapport au billet vert après que le Japon eut vendu l'équivalent de 320 milliards de dollars américains. L'intervention de la semaine dernière se chiffrait à l'équivalent de 20 milliards de dollars US à peine. Ceci dit, d'autres actions pourraient suivre. Il semble que la Banque du Japon s'est fixé comme limite un taux de change de 82 yens pour un dollar américain. Il convient de souligner un point plus important à nos yeux : l'intervention du Japon pourrait inciter d'autres pays à lui emboîter le pas." "Nous avons déjà observé des actions similaires au Brésil, en Colombie et en Turquie. De telles politiques protectionnistes pourraient finir par déclencher des conflits commerciaux. Le yuan a pris de la valeur récemment, mais pas suffisamment selon certaines normes américaines. En conséquence, la pression politique américaine sur une hausse des tarifs sur les importations chinoises s'intensifie. Cependant, nous ne pensons pas que le président Obama irait jusqu'à signer quelconque projet de loi en ce sens." AUT/ALO