L'ascension des marchés vers de nouveaux plus hauts sera difficile

29/09/2010 - 11:19 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les principales banques centrales sont toutes sur le point d'adopter de nouvelles mesures quantitatives (AQ) sous une forme ou une autre. La Banque d'Angleterre a indiqué la semaine dernière que l'AQ faisait partie des options à l'étude, à l'instar de la Fed. On prétend aussi que la BCE y recourt déjà, sous couvert de prêter aux banques, qui achètent elles-mêmes des montants importants d'emprunts d'Etat", note JP Morgan AM, ajoutant que "tout cela donnera lieu à des déceptions" et que "l'ascension des marchés vers de nouveaux plus hauts sera sans doute plus difficile que prévu". "L'ironie est que la hausse des marchés actions et obligataires rend cet AQ moins nécessaire. C'est pourquoi notre sentiment est que tout cela donnera lieu à des déceptions - sur le front de l'économie ou des bénéfices qui pourraient être médiocres, voire sur le front de l'AQ qui pourrait être suspendu ou reporté." "La teneur de la dernière réunion du FOMC était prévisible, la Fed s'orientant vers de nouvelles mesures quantitatives, probablement pour novembre. Le communiqué mentionne notamment un +retour à un niveau d'inflation en ligne avec son objectif+. Cela réduit les obstacles à un nouvel AQ, puisqu'il suffira d'une justification sur le front de l'inflation ou du chômage pour recourir à de nouvelles mesures non conventionnelles", relève JP Morgan AM. "Il faut maîtriser l'art de la persuasion pour parvenir à une telle issue. Les membres du FOMC pourraient faire collectivement un vrai choix de carrière en adoptant un AQ2. On ne peut qu'admirer la manière dont M. Bernanke a géré les divisions au sein du FOMC en intégrant les membres du comité dans ses interventions", juge le gestionnaire. "D'ailleurs, l'éventualité d'un nouvel assouplissement quantitatif est probablement son objectif final depuis longtemps. Le point de départ de cette stratégie remonte au FOMC de juin dernier et, depuis lors, M. Bernanke n'a eu de cesse de s'assurer le soutien du comité en discutant des différentes options possibles de politique monétaire lors de sa présentation devant le Congrès en juillet. En août, lors de la réunion du FOMC, puis à l'occasion du discours de Jackson-Hole du président de la Fed, de nouvelles avancées ont permis de se rapprocher de cet objectif, avec l'autorisation d'investir les MBS arrivant à maturité en emprunts d'Etat. Ainsi, la formalisation la semaine dernière d'un biais en faveur d'un nouvel assouplissement a consolidé la position de la coalition, et toute décision d'adopter un deuxième AQ sera plus aisée à prendre. Nous pourrions assister au lancement d'un AQ2 lors de la réunion du FOMC en novembre." "Si le moment et l'ampleur de l'intervention japonaise ont pris les investisseurs par surprise, cette décision nous semble justifiée. La force du yen et du franc suisse était excessive relativement à la performance des classes d'actifs à risque telles que le S&P 500 ou le haut rendement, les corrélations journalières avec les actifs risqués étant revenues aux niveaux d'avant Lehman. Le risque était donc qu'une poursuite de ce mouvement perturbe les opérations de change du yen, au cas où les investisseurs japonais de plus long terme accéléreraient la mise en place de couvertures pour leurs actifs ou revenus en devises étrangères." "La valeur réelle du taux de change est utilisée par les analystes pour mesurer l'ampleur de la sur ou sous-évaluation d'une devise. Il est indéniable que la valeur réelle du yen, qu'elle soit mesurée à partir des prix relatifs à la production ou à la consommation, est loin d'être à un niveau extrême par rapport à sa tendance de long terme. Cependant, dans un environnement déflationniste, le taux de change nominal et sa variation sont plus importants. Une appréciation trop forte du yen dans un contexte d'inflation négative peut provoquer un cercle vicieux en accélérant le processus déflationniste, sans l'apparence d'un taux de change réel excessif. De nouvelles pressions à la baisse des prix domestiques limitent de facto la hausse du taux de change réel." "Les arguments en faveur d'une intervention sont encore plus convaincants qu'en 2003/2004. Les pressions déflationnistes étaient alors moindres et l'environnement économique moins négatif. Nos indicateurs avancés propriétaires signalent un affaiblissement de l'économie mondiale en 2010/2011, qui devrait peser sur la reprise japonaise. Les décideurs politiques en Europe et aux Etats-Unis vont probablement continuer de critiquer les actions unilatérales du Japon, avec un risque de dégradation de la cohésion politique entre les membres du G7." "Il est peu probable que les japonais cherchent à ramener le yen à un niveau aussi bas que 95-100 vis-à-vis du dollar US, car la taille de l'intervention requise risquerait de donner lieu à une véritable confrontation. Ils devraient plutôt essayer de contenir son évolution, afin d'éviter une nouvelle appréciation excessive et faire que le yen reflète davantage ses fondamentaux. Sur cette base, une stabilisation du yen autour de 85-90 serait probablement un succès." "La semaine dernière, les marchés actions et obligataires sont restés sur leur lancée, soutenus par le communiqué de la Fed en dépit des inquiétudes déflationnistes implicitement mentionnées. Ils ont également fait abstraction du fait que le taux de rendement des bons du Trésor américain a touché un point bas historique à 0,42 %, traduisant une anticipation bien plus morose de l'environnement économique. Par ailleurs, l'indice AAII des haussiers par rapport aux baissiers a atteint un niveau qui, à 4 occasions au cours des quatre dernières années, a signalé une correction de 10-15 %." "Malgré la poursuite de la hausse des marchés actions, l'appétence des investisseurs pour le risque continue de reculer, même si la série relative aux seules actions est remontée à un niveau indiquant une tolérance au risque modérée. Si les expositions globales en actions sont modestes, les gérants de fonds semblent se concentrer sur les opportunités à beta plus élevé - incluant les marchés asiatiques et émergents, l'indice MSCI Asia ex Japan ayant atteint la semaine dernière un nouveau plus haut depuis la crise. Le message est donc contrasté et suggère que les investisseurs pourraient réduire un peu le risque à court terme." AUT/ALO