Le dollar va rester dans une tendance baissière au profit de l'euro

08/10/2010 - 16:42 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Cette semaine, le dollar restera dans une tendance baissière au profit des autres devises dont l'euro et des devises commo (...) l'euro restera orienté à la hausse d'autant que la BCE n'a pas laissé entendre qu'elle pourrait maintenir inchangé son dispositif de mesures non conventionnelles et que la plupart des pays périphériques actuellement en difficultés continuent d'annoncer des mesures d'austérité supplémentaires pour réduire leur déficit. Techniquement, l'EURUSD reste orienté à la hausse vers 1,41 même s'il commence à être suracheté", jugeaient les analystes de Natixis. "La crise de la dette des grands pays et notamment les Etats-Unis continue de peser sur les marchés et cette fois à travers le marché des changes. Après avoir épuisé tous les leviers classiques tels que les politiques budgétaires et monétaires pour relancer la croissance, l'absence de reprise économique significative, voire les craintes d'une rechute de l'activité, poussent les Etats-Unis à user de la politique de changes pour soutenir leur économie au détriment des autres pays. Des taux courts historiquement bas n'ont, en effet, pas fait repartir le crédit, les ménages et les entreprises préférant continuer à se désendetter, un scénario ressemblant de plus en plus à la situation japonaise. Aujourd'hui, la seule porte de sortie pour garantir une certaine croissance minimale est de soutenir les exportations bref la demande externe sachant que la demande interne sera durablement atone. Ce faisant, cela provoque une chute du dollar qui pourrait devenir incontrôlable si la Fed met en place un important plan d'assouplissement quantitatif. Pour l'heure, la dépréciation du dollar est bien orchestrée par les autorités américaines." "Mais le repli du dollar commence à provoquer des remous sur toute la planète. Son mouvement de baisse certes pour l'heure contrôlé se fait au prix de lourdes interventions sur le marché des changes dans la plupart des pays émergents confrontés à des flux d'entrée de capitaux importants. Cela entretient alors les risques de bulles spéculatives dans certains pays liée à une liquidité abondante (immobilier, matières premières,..) et par là les déséquilibres mondiaux. De ce fait, l'ajustement du dollar ne se fait pas de manière homogène avec tous les autres pays. En particulier, l'euro, hier rejeté durant la crise de la dette souveraine, est aujourd'hui la grande devise d'ajustement du dollar, la plupart des autres pays occidentaux (BOE, BNS, BOJ) agissant pour limiter l'appréciation de leur devise." "Au final, l'ajustement du dollar ne se fait que très peu avec les pays avec lesquels les Etats-Unis enregistrent les plus gros déficits commerciaux à l'exception de la zone euro. D'où l'impression d'une véritable guerre des changes sachant que les Etats-Unis laissent filer leur dollar alors que les pays émergents font tout pour contrer ce mouvement. D'un point de vue politique, il est bon de critiquer la Chine, comme manipulatrice des taux de change, à l'approche des élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Mais personne n'est dupe, une appréciation de 20% du yuan ne changera rien au déficit commercial bilatéral sino-américain. En revanche, cela pourrait poser des problèmes économiques à la Chine (moteur principal de la croissance mondiale) cette fois-ci sachant que l'environnement économique n'est plus aussi porteur que la période 2005/2008 durant laquelle le yuan s'était apprécié de 21%." "Si l'ajustement du dollar ne se fait pas suffisamment contre les devises des pays émergents, il se fera alors de plus en plus avec les devises des autres pays occidentaux qui ne réagissent pas, principalement l'euro en l'absence de risque systémique européen. Mais si l'euro est fragilisé à son tour par une économie plutôt décevante et/ou par la persistance des difficultés des pays périphériques, alors il y a un risque que l'ajustement du dollar ne soit pas suffisant pour soutenir l'économie américaine. Dans une telle situation, cela va contraindre l'économie américaine à des ajustements internes douloureux qui déboucheront sur une récession. Et dans un tel contexte, le risque est, qu'en offrant peu de portes de sortie à l'économie américaine, le dollar ne s'effondre réellement en raison d'un renforcement de la politique quantitative de la Fed et/ou d'une politique budgétaire (par exemple) plus expansionniste à moyen terme (à l'instar du Japon qui avait multiplié les plans de relance). La défiance vis-à-vis du dollar augmenterait alors significativement." "En résumé, les Américains ont vécu très longtemps au dessus de leurs moyens au prix de l'accumulation d'une dette privé et publique énorme et demandent indirectement aujourd'hui aux autres pays de contribuer en quelque sorte à résoudre leurs problèmes en laissant leur devise s'apprécier contre le dollar. Mais l'histoire n'est pas si simple. En particulier, il est vrai que la surconsommation passée des ménages américains a aussi permis de soutenir les économies des pays émergents ces dernières années. Autrement dit, l'ajustement du dollar doit se faire et pas seulement contre l'euro et le yen mais surtout contre les devises des pays asiatiques." "Un terrain d'entente doit être trouvé rapidement entre les pays du G20 pour trouver un nouvel équilibre sur le marché des changes reflétant le nouvel environnement mondial (croissance durablement faible aux Etats-Unis), auquel cas il y a un risque de véritable krach sur le dollar ceteris paribus face à une défiance totale vis-à-vis des actifs en dollar et/ou une montée du protectionnisme qui serait alors négative pour la croissance mondiale. Cela ne manquerait pas de provoquer des désordres sur les marchés avec des taux de changes qui ne seraient plus en ligne avec les fondamentaux économiques. Quoi qu'il en soit, ce nouvel épisode ne fait que renforcer l'idée d'une nouvelle devise internationale et il ne fait pas de doutes que le débat risque de se renforcer dans les prochains mois. Dans la semaine à venir, le dollar restera sous pression surtout à l'approche de chiffres d'activité", concluent les analystes. AUT/ALO