CamGestion favorise la combinaison Europe et pays émergents

13/10/2010 - 17:00 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le débat fait rage sur les marchés pour jauger de la vigueur de la croissance par zones. De son niveau dépend les réactions des banques centrales et donc la bonne ou mauvaise orientation des marchés. En effet, lorsque la croissance est faible, l'homo economicus pourrait en conclure que les marchés des actions seront mal orientés et que les marchés obligataires resteront très calmes sur de faibles niveaux de taux. L'histoire actuelle nous montre souvent le contraire", juge CamGestion. "Si la croissance est molle voire faible (deux termes repris de la presse quotidienne), c'est en fait une bonne nouvelle puisque les banques centrales vont devoir intervenir et inonder le marché de liquidités abondantes ! Ces dernières sont, bien sûr, censées relancer une machine économique par trop atone, non créatrice d'emplois et donc de consommation future. Voilà, nous avons expliqué la lecture que font les marchés des annonces concernant la plus que probable quantitative easing 2, ou QE2, ou en français assouplissement monétaire par mesures non conventionnelles." "La véritable question concernant cette mesure n'est pas de savoir si elle sera mise en oeuvre, mais quand et pour quel montant ? Reprenons sous un autre angle. La croissance reste positive dans les pays développés, mais s'étiole. Le FMI, peu suspect de partialité, confirme et s'inquiète de cette direction. Au niveau mondial en 2010, 4,8% et 4,2 % en 2011. Rien de très inquiétant ? Alors zoomons. Pour les émergents 7,1% en 2010, 6,4 % l'an prochain aiguillonnés par la Chine (9,6% en 2011) et l'Inde (8,4%). Mais le bât blesse sur les économies avancées (2,7% en 2010, 2,2% en 2011) avec notamment la poursuite de la révision à la baisse pour les USA." "Il est vraisemblable que la faiblesse de l'activité économique américaine soit assimilée par la Maison Blanche, à un problème de sécurité nationale justifiant tous les moyens. Par ailleurs, il faut conserver à l'esprit que les marchés émergents émergés, comme l'Inde ou la Chine, restent en partie dépendants de leurs exportations même s'ils réorientent avec un certain succès la production intérieure vers leur consommation privée. Nous voyons à travers ces exemples qu'il paraît urgent de ré-oxygéner une croissance des pays développés qui présente un grave risque d'anémie." "La situation devient d'autant plus compliquée que la marge budgétaire des pays développés n'existe quasiment plus. Le surendettement généralisé de ces Etats les pousse à prendre des mesures impopulaires d'austérité et de diminution des prestations servies aux ménages-consommateurs. Cela présente les risques d'accentuer encore leur reconstitution d'épargne de précaution et d'affaiblir davantage une croissance déjà peu vaillante. D'où l'idée de relancer l'activité non plus par le déficit budgétaire mais par l'assouplissement monétaire supplémentaire au titre du policymix." "Remarquons que cette politique s'appelle QE2 car elle est le second avatar aux USA d'une même politique lancée il y a près de deux ans. Cette politique présente plusieurs écueils. D'abord, s'il convient de la renouveler c'est qu'elle n'a pas donné les résultats escomptés lors de la première tentative. Ensuite, il nous semble que le problème réside moins dans un problème de quantité de monnaie que de circulation de celle-ci entre les agents économiques. A ce titre, il est intéressant de constater que les ménages ne se trouvent pas resolvabilisés par cette politique et que les banques disposent toujours de réserves très importantes qu'elles replacent auprès de la Réserve Fédérale plutôt qu'en prêts à l'économie." "Alors qu'elles sont les vertus de cette politique monétaire ? Permettre aux marchés de tenir en attendant la convalescence économique? Sans doute en partie. Occuper le terrain économique avant des élections de mid-term aux USA qui risquent de fortement chahuter le Président Obama au risque de lui faire perdre une majorité dans une des Chambres ? Peut-être. Permettre par ces injections considérables de recréer les conditions d'une inflation future quand la faiblesse de la croissance US fait craindre, même à la banque centrale, la déflation. Vraisemblablement tant il est plus aisé pour une banque centrale de lutter contre l'inflation avec succès que de juguler une déflation (le cas du Japon en atteste)." "Cela vise sans doute tous ces buts à la fois plus un : cela fait baisser le dollar et contribue donc également à relancer la machine américaine. Seulement voilà, la baisse du dollar dans un univers de croissance qui se réduit à une peau de chagrin n'est pas sans provoquer des tensions commerciales violentes alors même que montent progressivement des velléités protectionnistes. L'exemple le plus emblématique est sans doute la difficile relation commerciale entre Pékin et Washington, premier fournisseur et créditeur pour le premier et premier client et débiteur pour le second." "Cette nouvelle politique monétaire vise à se doter d'une nouvelle arme de pression par le change. C'est dans doute oublier un peu vite que les chinois sont depuis des millénaires des théoriciens de la guerre et en connaissent toutes les subtilités. Ils savent également manier l'arme de la monnaie. Leur réticence, tant face aux américains que face aux européens à Bruxelles, à laisser s'apprécier leur devise à sa juste valeur, est bien le fruit d'un calcul qui leur permet de doper leurs exportations en attendant de pouvoir réorienter plus largement une grande partie de leur production vers leur consommation interne." "L'artillerie lourde a été dégainée du côté américain avec la déclaration officielle de manipulation de cours de change faite par le Congrès. Au-delà de ces accrochages, les perturbations par le change continuent d'accroître une volatilité toujours très forte sur les marchés. Les effets de bords se diffusent à tous les pays développés et émergents et souvent par le biais du dollar. Le Japon et la Grande-Bretagne tentent également des mesures monétaires pour faire baisser le yen ou le sterling, le Brésil augmente la taxation à 4% sur l'entrée des capitaux tant le real flambe et pénalise ses exportations, l'Afrique du Sud se plaint de la surévaluation de sa devise." "Que dire de l'euro ? Plus de 12% de hausse depuis juillet. Face à cette situation, la BCE est embarrassée. Elle n'a pas dans ces attributions le suivi de la parité mais est responsable de l'inflation et indirectement de la croissance. Elle ne peut donc s'exprimer et agir officiellement. Une fois encore, la crise sur les changes révèle les difficultés d'une gouvernance d'abord politique avant d'être économique. Nous ne sommes pas au niveau actuel de 1,40 dans une terra incognita. Dans les périodes récentes la devise européenne a tangenté les 1,60. Pour autant, plus que le niveau absolu, c'est la rapidité du mouvement qui peut s'avérer très pénalisante pour une économie européenne déjà faible, et des exportateurs confrontés, chaque jour davantage, à la montée du protectionnisme extérieur." "La guerre des changes qui débute peut prendre de l'ampleur malgré la volonté affichée par tous les acteurs d'en débattre d'abord à Washington et ensuite durant le G20 à l'initiative de Paris. Les tentatives du FMI pour en calmer les excès semblent être restées infructueuses et augurent mal de la suite des discussions." "Partant de ces constats, que penser des marchés à brève échéance ? Le sentiment plus positif a semblé se raffermir ces dernières semaines. En effet, la publication de statistiques parfois moins favorables à la reprise de la croissance n'a pas fait replonger les marchés vers les abysses. Sur le marché français, nous restons dans un intervalle 3.600-3.800. Il reste cependant toujours difficile de franchir la barre haute. Ceci traduit bien le sentiment partagé qui parcourt le marché. Chacun prend des positions de court terme, misant sur un secteur ou une valeur, se dépêchant de ressortir dès l'objectif de cours à la hausse atteint et réduisant ses positions en haut de l'intervalle pour se réinvestir sur le bas de celui-ci." "Dans ce contexte, le marché restera suspendu à tous les indicateurs pouvant attester du niveau de la croissance américaine, à commencer bien sûr, par les chiffres de l'emploi. Le marché US reste le marché directeur. Le bal des publications de résultats a débuté avec Alcoa. Ceux de cette entreprise d'aluminium constituent plutôt une bonne surprise. Nous restons cependant convaincus que les résultats ne restent favorables que si les entreprises bénéficient d'un climat de croissance propice." "Or, il semble bien que ce climat de reprise de la croissance ne se délite quelque peu, dès lors il est assez vraisemblable de voir le consensus corriger sensiblement à la baisse les prévisions de bénéfice pour le trimestre à venir. Dans un marché toujours très incertain, nous continuons de préférer la combinaison géographique Europe et pays émergents. Elle nous semble être un bon compromis entre risque et performance" "Sur les marchés européens, nous privilégions les valeurs de croissance, déjà en forte performance, qui s'avèrent plus lisibles dans leur stratégie et leurs résultats et ce quelles que soient les tailles de capitalisation. Enfin sur les marchés obligataires, nous trouvons les niveaux de taux longs des pays core Europe et américain très chers, mais il nous semble que cette situation devrait perdurer dans le contexte de croissance que nous abordons. Nous retrouvons de l'intérêt sur un périphérique : l'Italie qui nous semble injustement traité compte tenu de son excédent primaire." AUT/ALO