Un Nikkei à 63.000.000, moyen bon marché d'acheter risque d'inflation

18/10/2010 - 11:02 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le Japon n'est pas le Zimbabwe. Israël non plus. Pourtant, entre 1972 et 1987, l'inflation a atteint en moyenne 85% dans ce pays. Multiplié par presque 10.000 fois, l'indice des prix à la consommation (IPC) a conduit à une très forte progression du marché boursier (x 6.500)", note Dylan Grice de Société Générale Cross Asset Research. L'analyste estime que, "si l'on se réfère à l'expérience d'Israël, le Nikkei évoluerait au Japon de 9.600 points à l'heure actuelle à 63.000.000 points", précisant qu'il s'agit de son objectif à 15 ans. "Même si le gouvernement japonais ne paie que 1,5% sur ses obligations, les charges d'intérêt ne représentent pas moins de 27% des recettes fiscales ! Si l'on inclut le paiement des intérêts de la dette et la fraction du capital de la dette (que le ministère des finances japonais définit comme le service de la dette) cette part s'envole à 57% des recettes fiscales." "Toute réévaluation significative du risque souverain au Japon porterait les rendements à un niveau que le gouvernement ne serait pas en mesure de payer. Par ailleurs, dans la mesure où le système financier domestique regorge de bons du Trésor japonais, une crise de confiance se propagerait rapidement au-delà du secteur public." "La méthode la plus facile d'un point de vue politique consisterait vraisemblablement à maintenir les rendements à des niveaux que le gouvernement japonais peut se permettre de payer et de stabiliser les bons du Trésor japonais à des niveaux qui ne risquent pas de faire exploser le système financier. Cette stratégie suppose le rachat par la BoJ de toutes les obligations que le marché ne parvient plus à absorber, sous couvert de la mise en oeuvre d'un programme d'assouplissement quantitatif visant à enrayer la psychologie déflationniste du Japon. Les économistes pourraient saluer une telle décision qui semblerait enfin démontrer que la BoJ a pris au sérieux les problèmes du Japon. Il s'agira en fait du premier chapitre d'une longue période d'instabilité de l'inflation." "Dans un Japon démographiquement vieillissant, une envolée de l'inflation serait des plus malvenues, ce qui explique pourquoi la pression sur la Banque du Japon pour une monétisation est insuffisante. En outre, cette même dynamique démographique ne plaide pas non plus en faveur d'une réduction des dépenses de santé. Pourtant, les recettes fiscales ne parviennent plus actuellement à couvrir le service de la dette et les dépenses de sécurité sociale, pérennisant et aggravant ainsi le fardeau budgétaire. Par conséquent, une fois que la BoJ sera contrainte à la monétisation des déficits publics, ne serait-ce que pour stabiliser les finances du gouvernement à court terme, un tel processus risque de se révéler difficile à stopper. Lorsque la BoJ deviendra le principal détenteur et l'acquéreur le plus régulier des obligations d'Etat, le Japon se trouvera alors sur une trajectoire inflationniste." "L'on dit toujours que lorsque les démocraties sont développées et que les institutions sont robustes, l'hyperinflation ne se matérialise pas. Dans les années 1970, par exemple, alors que l'instabilité politique - qui favorise habituellement une inflation élevée - prévalait dans les économies développées, l'épisode inflationniste a été relativement modéré par rapport aux niveaux d'inflation pathologiques dans certains pays en proie à des dysfonctionnements politiques, tels que le Zimbabwe ou l'Allemagne de la République de Weimar. L'inflation problématique des années 1970 des économies développées a été contrôlée avant qu'elle ne devienne trop périlleuse... à l'exception d'Israël, dont la dangereuse inflation des années 1970 a muté en hyperinflation atteignant les 500% au milieu des années 1980." "Le Japon est une économie avancée, une démocratie développée et ne ressemble en rien au Zimbabwe. Pourtant Israël présentait aussi toutes ces caractéristiques ! Le pays s'est simplement trouvé face à un niveau de dépenses - militaires et sociales - qu'il ne pouvait plus financer. Au lieu de prendre la difficile décision de réduire ses dépenses, il a usé - pour gagner du temps - de la tactique éprouvée consistant à actionner la planche à billets. Entre 1972 et 1987, l'IPC d'Israël a progressé d'un facteur proche de 10.000. L'inflation a avoisiné les 84% en moyenne sur la période, pour atteindre un pic annualisé de 500% début 1985." "En termes réels, les actions ont reculé et n'ont pu suivre la hausse de l'IPC. En termes nominaux cependant, elles se sont envolées : les cours ont été multipliés par 6.500 sur la période, à l'image des indices nominaux des marchés actions en Argentine, au Brésil ou pendant la République de Weimar en Allemagne lors de leurs crises inflationnistes respectives. Certains de mes clients pensent que la BoJ ne sera contrainte de monétiser le bilan du gouvernement que lorsque le Japon commencera à afficher un déficit de sa balance courante, faisant remarquer que les défaillances des gouvernements ne se sont produites que dans des économies dont la balance courante était déficitaire. Ainsi, tant que le Japon maintiendra une balance courante excédentaire, le pays ne courra aucun risque." "Pourquoi une telle situation devrait-elle forcément se matérialiser aujourd'hui sous prétexte qu'elle s'est déjà produite par le passé ? Un déficit de la balance courante serait critique pour les finances publiques si les vendeurs d'obligations d'Etat provenaient d'autres pays, ce qui est presque toujours le cas. Actuellement, au Japon, la situation est différente ; ce sont les ménages japonais qui détiennent les emprunts d'Etat. Alors en quoi le déficit de la balance courante aurait-il à voir avec un problème d'ordre interne ?" "Selon Reinhart et Rogoff, la diminution de la maturité des dettes constitue l'un des signes annonciateurs des difficultés des gouvernements à maintenir la confiance des marchés. C'est actuellement ce qui se passe au Japon. La semaine dernière, la BoJ a annoncé, en outre, qu'elle allait adopter un style d'assouplissement quantitatif plus anglo-saxon (sa décision a d'ailleurs été largement saluée). Le processus est certainement en cours. Je ne crains qu'une chose : que les espoirs placés dans l'assouplissement quantitatif ne durent qu'un temps. A vrai dire, nous ne pouvons pas savoir quand cette situation se présentera. Nous ne pouvons que constater que le mécanisme semble s'être enclenché et que l'issue se rapproche chaque jour davantage. Si le Japon devait suivre une trajectoire identique à celle d'Israël, le Nikkei se traiterait à environ 63.000.000 (soixante trois millions) d'ici à 2025" "Combien coûterait 40.000 options d'achat à 15 ans ? Je ne sais pas non plus (même si je pense pouvoir fournir une cotation aux intéressés), mais les options d'achat sont généralement bon marché, et je serais étonné que vous ne puissiez acheter ce risque pour quelques points de base sur l'année. Existe-t-il un moyen meilleur marché pour se couvrir contre le risque d'inflation à venir au Japon ?" AUT/ALO