La faiblesse des taux d'intérêt et de l'inflation favorables aux actifs

20/10/2010 - 17:17 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Tandis que la récente révision à la hausse des estimations du consensus pour les bénéfices par action du S&P 500 constituerait la plus forte hausse annuelle des résultats des entreprises depuis 1988, les économistes américains commencent à revoir à la baisse leurs anticipations de croissance du PIB pour 2010 et 2011", note John Greenwood, économiste en chef d'Invesco. Il souligne que la croissance robuste des résultats tient au fait qu'elle part d'une base relativement faible, ainsi qu'à d'autres effets statistiques qui devraient se dissiper dans les prochains trimestres. De nombreux analystes ont basé leurs prévisions sur un scénario de reprise économique soutenue, en forme de V, en vertu du principe selon lequel plus un ralentissement est prononcé, plus forte est la reprise qui s'ensuit. Toutefois, ce raisonnement ne peut s'appliquer dans l'état actuel des bilans. "L'assainissement des bilans est un processus long et par nature déflationniste : lorsqu'il est en cours, la croissance du crédit, de la masse monétaire, de la consommation et des prix est nécessairement inférieure à la moyenne", remarque l'économiste. Pour John Greenwood, c'est cette opposition qui a dominé les marchés actions et obligataires au troisième trimestre et qui devrait régner sur l'environnement économique pendant les deux prochaines années. "Le point à retenir est que la trajectoire macro-économique va dicter l'évolution des résultats au niveau des entreprises", estime-t-il. "Par conséquent, les investisseurs doivent s'attendre à ce que les valeurs restent dans une même fourchette jusqu'à ce que les bilans soient suffisamment solides pour permettre une reprise soutenue des actions ou un changement majeur sur les marchés obligataires." Sur la base de cette analyse, John Greenwood prévoit toujours une croissance modérée dans les pays occidentaux développés, en opposition à de nombreuses économies émergentes tirées par la hausse de la consommation intérieure et soutenues par des bilans publics et privés généralement plus solides." "L'économiste table sur une croissance du PIB réel en 2010 de 2,7% aux États-Unis et 1,4% dans la zone euro, où la crise de la dette souveraine touchant les pays périphériques appelle une longue période d'austérité budgétaire. La croissance poussive de la masse monétaire et du crédit devrait maintenir l'inflation à un niveau bas, ralentie par ailleurs par le sous-emploi considérable de la main d'oeuvre et des capacités de production. Dans ces conditions, John Greenwood estime que la BCE devrait garder un biais très accommodant au moins jusqu'à 2011 et ne mettre fin que progressivement à ses mesures de soutien de la liquidité. L'économiste prévoit également une croissance inférieure au potentiel et une inflation en baisse pour le Royaume-Uni sous l'effet du désendettement des ménages et du secteur financier pour ces deux à trois prochaines années. Parallèlement, l'économie japonaise se tasse, sur fond de normalisation des exportations de produits manufacturés et de faiblesse persistante du marché intérieur. Le pays devrait enregistrer une croissance du PIB réel de 3% en 2010, grâce à une base de départ faible, et John Greenwood table sur environ 1,5% en 2011. Il estime que "le pays est condamné à une performance économique probablement inférieure à son véritable potentiel" en raison de l'inaptitude des gouvernements successifs à régler les problèmes structurels du Japon. Quant à l'Asie émergente, sa croissance vigoureuse ne souffrira que d'un ralentissement modéré. L'économiste prévoit une croissance du PIB réel de 10,4% en Chine et 8,8% en Inde en 2010. L'inflation devrait rester sous contrôle à l'extérieur de ces deux pays, ce qui n'empêchera pas les banques centrales de passer progressivement à une normalisation de leur politique. Les pays d'Amérique latine, relativement bien gérés, devraient poursuivre sur leur lancée, soutenus par la demande en matières premières de l'Asie émergente. Avec des bénéfices d'exportations qui devraient continuer de bénéficier d'un environnement international favorable aux prix des matières premières, le principal défi pour les économies latino-américaines consistera à gérer leur croissance intérieure et leur inflation. "La séparation entre les pays occidentaux endettés et les économies des pays émergents en bonne santé et à croissance rapide explique pourquoi la reprise soutenue de l'Asie émergente et de l'Amérique latine ne bénéficie qu'à un petit nombre d'économies développées comme l'Australie et le Canada, qui tirent profit de la demande de leurs ressources naturelles." Au lieu de résoudre les problèmes d'endettement du secteur privé, les plans de relance budgétaire massifs déployés dans les pays développés "posent le problème encore plus critique de la réduction des dépenses publiques, une tâche que même les meilleurs élèves auront du mal à accomplir". Toutefois, à moins que les pays occidentaux n'emboîtent le pas au Japon et connaissent une période prolongée de déflation, il estime que la faiblesse des taux d'intérêt et de l'inflation, couplée à la réduction durable des dépenses publiques, devrait offrir un environnement favorable à la plupart des classes d'actifs. AUT/ALO