La dynamique du QE ferait baisser les taux réels (Natixis)

27/10/2010 - 11:02 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Tout le monde continue de s'interroger sur la politique que la Fed et la BoE pourraient mener dans les mois à venir. S'agissant de la Fed, la question n'est plus de savoir si elle lancera un nouveau programme de quantitative easing, ni même quand, mais à quoi celui-ci ressemblera. Les anticipations sur le montant et la manière, voire sur les papiers achetés vont dans tous les sens. Il n'est donc pas très utile d'ajouter ici de nouvelles hypothèses, qui ne seraient de toute façon pas fondées sur une position officielle de la Fed (elle ne communique pas sur ces sujets)", note Natixis. "Pour la BoE, les anticipations sur le montant ont plutôt l'air de tourner autour de 50 milliards de livres, mais le débat reste vif sur la date de mise en place de cette politique." "Les questions que nous nous posons ici concernent plutôt les avantages, de manière générale, d'une politique de quantitative easing. Le premier est que cette politique se substitue à une baisse des taux directeurs. Ces derniers étant déjà au plus bas ou presque, il fallait trouver un instrument qui se substitue à des taux directeurs négatifs. Selon W. Dudley, un QE de 500 milliards de dollars correspond à une baisse de 50 à 75pb des taux directeurs. Autrement dit, si la Fed annonce la semaine prochaine un programme de ce montant, cela correspondra implicitement à une baisse du taux des Fed Funds de 0,25% à -0,25%, voire -0,50%. Le taux Taylor étant actuellement de -1,4%, on pourrait imaginer un programme nettement plus agressif de la part de la Fed." "Le second avantage du QE est qu'il permet de définir un plafond pour les rendements des obligations nominales. Ce faisant, et si on l'associe à une politique d'inflation targeting (politique qui pourrait être introduite aux Etats-Unis) qui aurait pour vocation, dans le contexte actuel, de stimuler les anticipations inflationnistes, cela pourrait conduire à une baisse des taux réels, ce qui est évidemment souhaitable quand le risque est la déflation. Depuis quelques semaines, ce sont bien les évolutions que l'on observe." "Les rendements des obligations souveraines US sont extraordinairement faibles, inférieurs désormais, sur une grosse partie de la courbe, à leurs homologues allemands. L'observation est identique au Royaume Uni, mais pour des maturités plus courtes. Il est vrai qu'en zone euro, au même moment, le débat porte sur l'opportunité de poursuivre les achats d'obligations souveraines (Trichet est pour, Weber contre)." "Les points morts d'inflation aux Etats-Unis sont effectivement orientés, depuis début septembre, à la hausse, et ce bien plus rapidement qu'en Allemagne ou même au Royaume Uni (il est possible que cette hausse des B/E soit également liée aux réinvestissements des tombées d'ABS, qui feraient la part belle aux linkers). Cela, associé à la protection dont jouissent les rendements nominaux pousse une bonne partie des rendements réels des TIPS en territoire négatif. Pour la première fois, le rendement d'une TIPS 5 ans à l'émission était négatif." "Le QE conduit naturellement à une dépréciation de la devise du pays qui le pratique. Depuis mi-septembre environ, l'EUR/USD est passé de 1,27 à 1,40 environ ; l'EUR/GBP a bondi de 0,82 à 0,88 (il a toutefois fortement baissé après la publication du PIB britannique de T3, qui s'est avéré nettement plus robuste que prévu). Il soutient donc l'activité par une baisse des taux réels, favorable à la demande intérieure, et une baisse de la devise, favorable aux exportations." AUT/ALO