BNP Paribas IP met en garde contre un un excès d'optimisme

05/11/2010 - 14:59 - Option Finance

(AOF / Funds) - "En début de semaine, les marchés d'actions ont progressé, soutenus par la publication d'indices PMI supérieurs aux attentes. Les rendements des obligations allemandes se sont repliés sur fond de regain de tensions sur les marchés obligataires des pays périphériques de la zone euro, lié à une proposition franco-allemande de création d'un mécanisme de résolution des crises futures de la dette souveraine", commentait BNP Paribas IP dans sa note hebdomadaire. "L'inclusion d'une possibilité de restructuration de la dette a été maladroite à un moment où la Grèce, l'Irlande et le Portugal, notamment, peinent à tenir leurs engagements de réduction de leur déficit budgétaire. Alors que les marchés d'actions l'ont dans une large mesure écartée, nous pensons que la crise de la dette souveraine dans la zone euro pourrait connaître une recrudescence." "Comme escompté, les résultats du troisième trimestre des sociétés ont perdu de leur dynamique. Avec 60% des entreprises de l'indice américain S&P 500 ayant communiqué leurs résultats à présent, 80% ont affiché un bénéfice par action plus élevé que prévu, contre 86% la semaine dernière, ce qui cadre davantage avec les tendances des trimestres précédents. Le ratio de surprise en termes de chiffre d'affaires a fléchi, passant de 66% la semaine passée à 61%, soit un niveau proche de la moyenne depuis 2005." "La politique budgétaire reste apparemment en suspens après les élections américaines de mi-mandat. Tous les regards ont convergé vers la Réserve fédérale et ses nouvelles mesures destinées à stimuler la croissance économique. Le montant dévoilé (600 milliards de dollars) de son nouveau programme de rachat de titres du Trésor (QE II) a légèrement dépassé les attentes du marché. Ce supplément de liquidités devrait faire baisser les rendements des obligations d'État, qui servent de base à d'autres taux de prêt, diminuant ainsi les coûts d'emprunt, et inciter les investisseurs à se désengager des classes d'actifs refuge pour se tourner vers des placements plus risqués et, partant, avoir des effets de richesse positifs." "Nous sommes quelque peu sceptiques quant aux effets de ces nouvelles mesures, car nous ne pensons pas que le niveau des taux d'intérêt constitue le principal obstacle à la croissance économique. Dans un contexte de désendettement, une politique monétaire ultra-accommodante n'apporte guère de changements, selon nous. En outre, les rendements obligataires à long terme et les anticipations d'inflation ont récemment augmenté, ce qui devrait limiter l'efficacité du QE II." "Les résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis ont été mitigés : la victoire du parti républicain à la Chambre des Représentants a été la plus écrasante jamais remportée par un parti depuis 1948, mais les démocrates ont conservé leur majorité au Sénat. Les deux partis devront à présent coopérer pour faire avancer les dossiers. Deux problèmes budgétaires notamment doivent être traités de toute urgence. Les baisses d'impôts adoptées en 2001 arrivent à expiration en fin d'année. Les démocrates s'opposent à l'idée de rendre ces réductions d'impôts permanentes, tandis que les républicains souhaitent leur reconduction pour les contribuables ayant un revenu supérieur à 250.000 dollars. Pour l'économie déjà fragile, le pire scénario serait une absence de compromis, car cela impliquerait l'arrêt des allègements fiscaux et une dégradation de la situation financière des ménages." "L'autre problématique concerne les allocations de chômage aux États-Unis. Pour un nombre croissant de personnes bénéficiant d'une couverture allant jusqu'à 99 semaines, même cette extension de la durée d'indemnisation du chômage touche à sa fin. L'expiration des allocations de chômage supplémentaires, qui constitue un scénario plausible compte tenu de la résistance que les républicains opposent à ces mesures, entamerait la croissance des revenus. A seulement 0,7% sur un an en termes réels, la croissance des revenus du travail ne laisse d'ores et déjà guère entrevoir une forte reprise de la consommation, selon nous." "Au troisième trimestre, la croissance du PIB américain a connu une accélération, s'établissant à 2,0% en rythme trimestriel annualisé, contre 1,7% au deuxième trimestre. La consommation s'est raffermie par rapport au deuxième trimestre, mais nous n'anticipons qu'une amélioration modeste, compte tenu du niveau historiquement bas de la confiance des ménages. La réduction des dépenses des États fédérés et des collectivités locales a pesé sur la croissance et, selon nous, les dépenses de l'État fédéral devraient également diminuer." "L'investissement productif a progressé à un rythme moins dynamique. La croissance des exportations et des importations a ralenti. La confiance des producteurs s'est redressée. L'indice ISM manufacturier des États-Unis a enregistré sa plus forte hausse mensuelle depuis mars. L'indice PMI britannique a également bondi. Enfin, les deux indices PMI du secteur manufacturier de la Chine ont atteint leur plus haut niveau depuis plusieurs mois. En dépit de ces perspectives plus brillantes, nous mettrions en garde contre un excès d'optimisme." "Les entreprises américaines semblent toujours réticentes à dépenser leurs bénéfices ou leur solde de trésorerie, tandis que la production industrielle du Japon a enregistré son recul le plus sensible depuis février 2009. Dans la zone euro, l'indice du sentiment économique (ESI) a atteint son plus haut niveau depuis décembre 2007." "Toutefois, compte tenu de sa baisse en Espagne et au Portugal et de sa légère amélioration en Grèce, nous ne pensons pas que l'économie de la zone euro sera à la hauteur des espérances de l'ESI. Le chômage ne régresse pas et la faiblesse des ventes au détail en Allemagne soulève des doutes quant à la capacité des ménages à soutenir la croissance. Élément plus positif, la hausse des dépenses de consommation en France s'est établie dans une fourchette de 1,5%-2% cette année, même si cette progression paraît modeste." AUT/ALO