Continuer à sous-pondérer les actions par rapport aux obligations d'Etat

08/11/2010 - 12:20 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Je ne me suis pas éloigné de mon opinion de l'Age de glace qui, depuis quatorze ans, m'incite à sous-pondérer les actions mondiales par rapport aux obligations d'Etat. Et si cette allocation d'actifs stratégique a généreusement porté ses fruits au cours de la période, j'ai le plus souvent donné le sentiment d'avoir totalement perdu le contact avec la réalité au cours de cette longue période dans la mesure où les phases baissières du marché actions tendent à être brèves et profondes (1997-2000, 2003-2007 et 2009-jusqu'à présent)", affirme Albert Edwards, de SG Cross Asset Research. "L'Age de glace approche de sa fin (...) la monétisation, la dévaluation compétitive et le protectionnisme ont toujours joué un rôle majeur dans la phase finale de cette tragédie déflationniste. Enfin, comme je l'ai déjà indiqué, la mise en oeuvre d'assouplissements quantitatifs successifs devraient aboutir à une inflation supérieure à 25%, similaire à celle dont j'ai été témoin au Royaume-Uni au début des années 1970." "Les marchés émergents (ME) et les matières premières constituent peut-être à l'heure actuelle le principal argument d'investissement du consensus. La thèse selon laquelle le second épisode d'assouplissement quantitatif devrait être transféré aux marchés émergents est tout à fait valable. Mais je pense toutefois qu'une force irrésistible frappera bientôt cet objet inamovible. Comme nous l'avons constaté, le cycle finit par dominer et son repli provoquera l'effondrement des pays émergents et des matières premières - comme en 2008." "Notre thèse de l'Age de glace a soutenu notre allocation d'actifs pendant plus de dix ans. Nous pensons toujours que le marché actions va continuer à s'inscrire dans une dynamique baissière qui mettra plusieurs cycles à disparaître. Selon nos estimations, une seule récession nous sépare désormais en Occident d'une situation de pure déflation et l'échec de la reprise cyclique devrait conduire les actions et les rendements obligataires à de nouveaux plus bas." "Je continue à penser qu'une récession se profile à l'horizon et que sa survenue pourrait provoquer un repli de 60% des actions - le troisième en dix ans. Pour confirmer cette prévision, notons que l'indice ISM américain a dépassé toutes les attentes et que l'indicateur avancé hebdomadaire de l'ECRI vient juste de commencer à s'orienter à la hausse après avoir atteint récemment des niveaux très bas qui sont généralement caractéristiques d'une récession." "Par ailleurs, l'indicateur avancé du Conference Board s'est également replié dans la zone de récession si l'on exclut la sous-composante courbe des taux qui ne veut plus rien dire (car avec des Fed Funds à zéro la courbe des taux va désormais toujours influer positivement sur l'indicateur avancé). Dans le même temps, les ratios Bull/Bear suggèrent que le rally boursier est désormais terminé et laissent présager une correction majeure tandis que les chiffres du marché de l'emploi du Conference Board indiquent que le taux de chômage pourrait être sur le point de repartir une nouvelle fois à la hausse, alimentant d'autant les tensions commerciales avec la Chine." "L'approche d'investissement de Dylan Grice et mon ancien collègue James Montier a un point commun majeur. Ils reconnaissent tous deux en effet la futilité des prévisions économiques. La devise de Dylan est qu'il n'existe pas d'actifs toxiques et que seuls les prix peuvent l'être. Ainsi, à l'image de James, il lui plaît d'investir si l'actif est assez bon marché. Cette approche s'applique également à l'assurance." "Lorsqu'un risque crédible existe et que l'assurance est bon marché, il est alors recommandé d'acheter cette assurance. Pour cette raison, dans sa récente étude sur le risque élevé d'une inflation galopante au Japon qui porterait l'indice Nikkei à 63.000.000 en 15 ans, Dylan est arrivé à la conclusion que l'assurance était bon marché et disponible." "Dans le même contexte, sa publication de la semaine passée a montré que, dans la mesure où les marchés émergents étaient devenus l'investissement de rigueur pour leur liquidité et leur dynamisme, la valorisation n'était pas un critère fondamental et que les prix pourraient augmenter de manière significative si les mêmes excès qu'en 2008 venaient à se matérialiser. Même un vieux baissier comme moi achèterait des options d'achat en dehors de la monnaie à un prix suffisamment bon marché pour couvrir son scénario central s'il devait se tromper ou être trop en avance." "Pour ma part, malgré cet afflux de liquidités vers les marchés actions des pays émergents, ces derniers ne constituent qu'un investissement à bêta élevé, surperformant en phase haussière et sous-performant en phase baissière. Trouvez-moi une période où les marchés développés sont en repli de 20% et les marchés émergents en progression de 20% et je reviendrai alors sur mon opinion. Le fait est que si, comme je l'anticipe, la deuxième phase d'assouplissement quantitatif (QE2) échoue et le resserrement budgétaire entraîne les économies occidentales affaiblies vers une nouvelle récession, nous verrons la bulle naissante des marchés émergents et des matières premières, alimentée par les liquidités, éclater aussi violemment qu'au second semestre 2008." AUT/ALO