JP Morgan AM remet du risque dans son portefeuille mais réduit sur l'Europe

08/11/2010 - 15:19 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Notre modèle quantitatif a pris acte de la meilleure visibilité à l'égard des intentions de la Fed et des premiers signes qui laissent entrevoir la fin du ralentissement mondial. Le résultat qui en est ressorti nous a incité à remettre davantage de risque au sein de nos portefeuilles. Nous avons ainsi reconstitué une surpondération significative sur les actions par rapport aux obligations, en augmentant notre exposition sur l'Asie, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Japon, tout en réduisant notre exposition sur l'Europe", relève JP Morgan AM. "De plus, nous avons un peu augmenté au sein de nos portefeuilles notre duration sur les Etats-Unis, compte tenu des achats anticipés de la Fed sur la partie 5-10 ans de la courbe des taux et en tant que diversification, même partielle, de nos positions actions plus importantes. Nos préférences géographiques n'ont pas changé, mais la répartition du risque de notre portefeuille est telle que nous privilégions désormais les expositions directionnelles aux positions d'arbitrage. Nous continuons de préférer les Etats-Unis à l'Europe hors Royaume-Uni, et l'Asie au Japon, sachant que le Royaume-Uni et Hong Kong sont nos deux marchés de prédilection", ajoute le gestionnaire. "Le QE2 est lancé. La Fed a annoncé sa décision d'orchestrer un nouvel assouplissement quantitatif (QE), via un programme d'achat d'obligations pour un montant de 600 milliards de dollars. Cela est légèrement supérieur aux 500 milliards de dollars anticipés par les investisseurs mais ce programme d'investissement sera étalé sur une période de huit mois au lieu des six mois prévus. Les achats porteront sur des obligations d'une duration moyenne de 5 à 6 ans et viendront en complément des montants liés au réinvestissement du produit des émissions arrivées à échéance, émissions adossées à des créances hypothécaires qui ont été acquises lors du précédent programme d'assouplissement monétaire quantitatif." "Cela signifie que les achats de la Fed totaliseront 850-900 milliards de dollars jusqu'en juin 2011. Pour mettre ces chiffres en perspective, de tels achats permettront de financer plus de la moitié du déficit budgétaire américain anticipé en 2011, ce qui constitue une monétisation extrême de la dette. Le communiqué du FOMC promet d'assurer une revue régulière du programme et de l'ajuster si nécessaire au profit de l'emploi et de la stabilité des prix." "Le vrai message sous-jacent est que la Fed mettra tout en oeuvre pour assurer une reprise robuste et qu'elle ne se soucie pas de l'inflation que cela pourrait produire. Les pessimistes objecteront qu'il en faudrait bien plus pour assurer une reprise solide, si l'on en croit les conclusions des modèles basés sur la Règle de Taylor. Ces modèles déterminent le taux d'équilibre des Fed Funds compte tenu de l'écart d'une part entre l'inflation actuelle et l'objectif d'inflation et d'autre part entre la croissance réelle et la croissance potentielle (output gap), et suggèrent actuellement que le niveau d'équilibre se situe autour de -5%, d'où ce besoin d'un QE. D'ailleurs, d'après les indications générales données par la Fed, qui estime que 500 milliards de dollars d'achats d'actifs équivalent à une baisse d'environ 50-75pb des Fed Funds, il faudrait en réalité un nouvel assouplissement monétaire de près de 3.000 milliards de dollars." "Il y a cependant certains signes avant-coureurs qui suggèrent que les prédictions les plus sombres des tenants de la Règle de Taylor sont sans doute exagérées. De fait, il y a ici ou là de légers signes de reprise du secteur manufacturier, plusieurs indices de directeurs d'achats ayant rebondi en octobre. La composante relative aux nouvelles commandes s'est ainsi redressée aux Etats-Unis et dans la zone euro (mais pas en Chine), ce qui est de bon augure pour les mois à venir. Le rapport sur l'emploi américain a été bien meilleur qu'attendu, ce qui laisse entrevoir une accélération de la croissance de l'emploi, laquelle permettrait d'assurer un nouveau cycle de reprise." "De surcroît, nos indicateurs propriétaires relèvent que les conditions monétaires se sont significativement assouplies tant aux Etats-Unis qu'en Chine, ce qui devrait soutenir l'activité pour les 3 à 6 prochains mois. Parallèlement, les conditions monétaires de la zone euro restent très accommodantes, ce qui explique sans doute d'ailleurs la vigueur de l'économie allemande ainsi que la robustesse des statistiques de surprise économique et la vive remontée de la confiance des consommateurs." "Ces publications doivent néanmoins encore être confirmées par le redressement des indicateurs économiques avancés officiels (LEI), qui font toujours l'objet d'une décélération. Notre indicateur de croissance mondiale n'a toujours pas vu son point bas (il a encore baissé en octobre), tandis que, sur les marchés émergents, les indicateurs avancés propriétaires de notre équipe devises ont tendance à évoluer en dents de scie de part et d'autre sans montrer de réelle vigueur." "Nous en sommes donc aux prémices, aussi faudra-t-il attendre les prochains signaux pour confirmer ce retour de la croissance : premièrement, d'autres indices attestant de la reprise des exportations dans le monde développé ; deuxièmement, davantage d'éléments confirmant l'accélération de la croissance de la demande domestique en Chine ; et troisièmement, un redressement soutenu de la croissance de la masse monétaire élargie aux Etats-Unis et dans la zone euro." "Les investisseurs se sont manifestement réjouis des annonces de la Fed, à en juger par la belle hausse des marchés d'actions. Cependant, ce sentiment n'a pas été partagé par tout le monde, et notamment par certains gouvernements qui ont exprimé au contraire une certaine rancoeur (notamment la Chine, le Brésil et l'Allemagne). Plusieurs économies asiatiques s'inquiètent actuellement de l'inflation, qui ne peut que s'auto-alimenter compte tenu de taux de change semi-fixes par rapport au dollar américain." "Sauf à laisser la devise s'apprécier ou à mettre en place un contrôle des afflux de capitaux, ces économies importeront ce nouvel assouplissement monétaire quantitatif américain, ce qui stimulera la liquidité domestique avec le risque d'alimenter différentes bulles d'actifs. De fait, six économies asiatiques font actuellement l'objet de taux d'intérêt réels négatifs, notamment la Chine, Hong Kong, l'Inde, la Corée, Singapour et Thaïlande, tant et si bien que tout nouveau stimulus monétaire risque de s'avérer explosif." "Une réelle inquiétude se manifeste à l'égard des prix alimentaires, qui font l'objet de pondérations importantes au sein des indices de prix des pays émergents (l'alimentation représente par exemple 33% de l'indice des prix à la consommation en Chine et même 50% aux Philippines). Si le QE génère une nouvelle demande d'actifs réels et incite les investisseurs à rechercher des couvertures inflationnistes, les prix des matières premières continueront de s'apprécier. De fait, les grains pourraient être particulièrement recherchés et cela pourrait encore stimuler la hausse des prix alimentaires, qui serait alors très déstabilisante. Ce QE promet d'être un bonheur assuré pour les investisseurs sur les marchés émergents. Il pourrait cependant être localement un véritable cauchemar pour les politiques." "Le résultat final du QE2 pourrait être une hausse de la volatilité des devises. A présent, les actions de la Fed (et probablement de la Banque d'Angleterre début 2011) contribuent à annihiler la volatilité des prix des actifs - l'indice Vix de la volatilité implicite des actions est désormais tombé à son plus bas niveau depuis avril, alors que l'indice Move de la volatilité obligataire s'est effondré dans le sillage de la réunion du FOMC la semaine dernière. Ces baisses de volatilité pourraient encourager les investisseurs à augmenter leur détention d'actifs risqués. Mais à plus long terme, l'effet pourrait être une hausse de la volatilité de l'inflation au sein des marchés émergents puis enfin une hausse de la volatilité des changes avec un risque en termes d'échanges commerciaux." AUT/ALO