Les marchés financiers n'anticipent pas le thème de l'inflation (Robeco)

09/11/2010 - 15:41 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Actuellement, les marchés financiers sont très détendus par rapport aux risques d'inflation dans les pays développés. Pourquoi en serait-il autrement ? En avril, l'inflation sous-jacente du Japon (hors alimentation et énergie), j'entends par là la déflation, s'est élevée à 1,6% annualisé. A ce niveau il est difficile de ne parler que d'une déflation légère. Depuis bientôt quatre ans, les États-Unis montrent des signes de désinflation, en d'autres mots d'une inflation sous-jacente de plus en plus faible", observe Robeco. "En mai, celle-ci s'élevait à 0,9% annualisé, un niveau qui n'avait jamais été aussi bas depuis 1966. Dans la zone euro, pour le même mois, l'inflation sous-jacente s'élevait à 0,8% annualisé, le plus bas niveau depuis le passage à l'euro." "Le Royaume-Uni est une exception intéressante : en mai, l'inflation sous-jacente s'est montée à 2,9% annualisés (sur la base de l'indice des prix harmonisés de l'UE, hors énergie, alimentation, alcool et tabac). Si l'on considère l'évolution de l'inflation réelle, le niveau est alors bien plus élevé : pas moins de 5,1% sur une base annuelle pour l'indice des prix du commerce de détail, hors paiements de rente hypothécaire. Il s'agit là du chiffre d'inflation le plus pertinent en ce qui concerne la plupart des ménages du Royaume-Uni." "Mais malgré une inflation sous-jacente relativement élevée, le Royaume-Uni n'a pas inquiété les marchés financiers. Les taux à dix ans ne montent qu'à 3,5%. Le Royaume-Uni ne paie ainsi que 70 points de base de plus que l'Allemagne qui emprunte dans une autre devise. Alors, pourquoi l'inflation britannique est-elle si élevée ? Il s'agit en grande partie d'une conséquence de l'affaiblissement de la livre sterling en 2008." "L'augmentation des prix du pétrole et l'annulation de la baisse de la TVA y jouent également un rôle. Selon la banque centrale britannique, il s'agit là de facteurs temporaires et l'inflation devrait enregistrer une nouvelle baisse grâce à l'importante surcapacité présente dans l'économie. Nous verrons bien. Quoi qu'il en soit, à partir du 1er janvier 2011, la TVA augmentera de 17,5% à 20%, ce qui aura pour effet de faire grimper l'inflation pendant quelque temps encore." "Par ailleurs, en raison de deux facteurs, le Royaume-Uni a intérêt de mettre à profit une inflation plus élevée afin de réduire le poids de sa dette publique qui a également fortement augmenté. Le premier facteur est lié au fait que l'échéance moyenne de sa dette publique est anormalement longue, de près de 13 ans d'après le FMI, soit environ le double du niveau des autres économies développées. Pour l'Allemagne, par exemple, il s'agit de 6,5 ans. Une échéance moyenne plus longue signifie que les détenteurs de dettes existantes restent sujets aux conditions d'emprunt actuelles pendant une durée relativement longue. En conséquence, cela prendra davantage de temps pour que les pouvoirs publics soient punis pour une inflation plus élevée." "Le deuxième facteur réside dans le fait que le Royaume-Uni est le premier pays à choisir cette issue depuis la crise du crédit. Les marchés financiers n'anticipent pas sur le thème de l'inflation. Il faudra encore du temps avant qu'ils se souviennent de ce qu'implique le fait d'investir en période d'inflation plus élevée. Autrement dit : il faudra encore du temps avant que les primes de risque s'adaptent. Selon moi, le faible rendement actuel des obligations d'État britanniques à long terme en est la parfaite illustration." AUT/ALO