Les Français ont bien perçu le retour de l'inflation (Robeco-Ifop)

10/11/2010 - 15:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Cette septième vague du baromètre Ifop/Banque Robeco sur les Français et l'inflation s'inscrit dans un contexte de crise économique durable qui se caractérise notamment par un fort taux de chômage, un moral des ménages en berne et un pouvoir d'achat qui augmente peu. Par rapport à notre précédente vague d'enquête (septembre 2009), si le contexte économique global varie en définitive modérément, en revanche, la situation change assez fortement sur le plan de l'inflation, puisque celle-ci est repartie à la hausse après une période de déflation", note le gestionnaire. "Notre enquête montre que les Français ont bien perçu ce changement intervenu en un an", précise-t-il. L'enquête a été réalisée auprès d'un échantillon de 1.012 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, du 30 septembre au 1er octobre 2010. "Les interviewés demeurent très inquiets pour l'économie française, deux ans après le déclenchement de la crise économique et financière : 85% se déclarent inquiets et même 24% tout à fait inquiets, soit une légère augmentation du niveau d'inquiétude par rapport à septembre 2009. Ainsi, celui-ci se maintient à un niveau constant, et cela parce que les personnes interrogées considèrent que la sortie de crise n'est pas d'actualité. En effet, plus la crise se prolonge, plus les Français estiment que la reprise s'éloigne. Ils sont désormais une majorité à penser que la reprise n'interviendra pas avant deux ans (54%, +9 points par rapport à septembre 2009 et +16 points par rapport à juin 2009)." "Conséquence directe de ce contexte économique morose, les attentes vis-à-vis du gouvernement demeurent centrées autour de la lutte contre le chômage, tandis que les actions en faveur du pouvoir d'achat ou de la lutte contre l'inflation perdent du terrain dans l'opinion. Seuls 16% des interviewés jugent que le gouvernement devrait mener prioritairement des actions pour enrayer l'inflation, soit le plus bas score jamais enregistré dans notre Baromètre (-2 points par rapport à septembre 2009, -5 points par rapport à avril 2009, -11 points par rapport à juin 2008)." Pour Ali Ould Rouis, président de Robeco Gestions, "le pessimisme des sondés et par extension des Français sur le contexte économique reflète leurs incertitudes sur l'avenir. On peut d'ailleurs retrouver cette incertitude sur les marchés financiers, qui cette année auront évolué sans dégager de tendance nette". "Le décalage entre le taux d'inflation perçu et le taux d'inflation réel persiste au sein de l'opinion. Ainsi, les personnes interrogées estiment l'inflation sur les douze derniers mois à 10,5% en moyenne alors que les chiffres de l'INSEE font état de 1,4% seulement. Pour autant, ce décalage ne démontre pas l'inaptitude des Français à percevoir les variations de prix. Les répondants, s'ils commettent une erreur d'estimation, sont bien conscients de la tendance inflationniste des prix au cours des douze derniers mois et de la reprise de l'augmentation des prix. Ainsi, notre enquête montre que 40% d'entre eux estiment l'inflation à plus de 4% sur ces douze derniers mois, soit une augmentation de 8 points par rapport à notre vague d'enquête de septembre 2009." "En moyenne, ils estiment l'inflation à 10,5% contre 8,5% il y a un an. Ceci reflète bien la réalité du phénomène inflationniste : le taux d'inflation a effectivement cru en un an, redevenant nettement positif après une période de déflation. De fait, l'inflation est presque unanimement ressentie par les Français : 88% considèrent que les prix ont augmenté en un an (+11 points par rapport à septembre 2009). De surcroît, pour 93% de ceux-ci, cette inflation va se poursuivre au cours des douze prochains mois et 77% perçoivent ce phénomène comme structurel et durable. Ainsi, l'inflation est, dans les perceptions des Français, largement installée et sera une composante de cette crise qui dure, même si ceux-ci anticipent une inflation modérée (9,9% en moyenne, soit une inflation inférieure à celle perçue pour les douze derniers mois : 10,5%)." "L'augmentation des prix est perçue pour toutes les catégories de produits, notamment pour les produits alimentaires (85% des personnes interrogées estimant qu'ils ont augmenté au cours des douze derniers mois, +8 points par rapport à septembre 2009). Les prix de l'essence, et dans une moindre mesure, ceux de l'immobilier, sont ressentis comme étant repartis à la hausse ces derniers mois et comptent sans doute pour beaucoup dans l'augmentation de l'inflation perçue au global. Ainsi, les trois quarts des Français considèrent désormais que les prix des carburants ont augmenté (+17 points par rapport à septembre 2009 et +31 points par rapport à avril 2009), ce qui reflète une réalité inflationniste des prix de l'essence (+8,7% en un an selon l'INSEE)." "Plus des deux tiers des personnes interrogées (69%, +17 points par rapport à septembre 2009) jugent les prix de l'immobilier en augmentation, alors même que celle-ci demeure modérée dans les faits (+1,4% en un an selon l'INSEE), mais la récente médiatisation d'une difficulté croissante des classes moyennes à accéder à la propriété peut expliquer cette perception au sein de l'opinion." "L'inflation reste encore et toujours un phénomène qui inquiète les Français (74%), car elle est considérée comme ayant un impact réel sur le pouvoir d'achat (85%). En outre, 54% des personnes interrogées se déclarent inquiètes des répercussions de l'inflation sur leurs placements. En conséquence, 62% des Français prennent en compte l'inflation ou leur perception de celle-ci dans leurs comportements d'épargne et de dépense. Ceci se traduit en premier lieu, comme historiquement dans notre Baromètre, par une réduction des dépenses (pour 68% des personnes interrogées). L'impact sur l'épargne est plus hétérogène : 37% des répondants déclarent qu'ils épargneront moins, 35% autant et 27% davantage." "Depuis le début de notre Baromètre, jamais l'intention d'épargner plus en réponse au phénomène de l'inflation n'a été aussi élevée (+9 points par rapport à la moyenne), ce qu'il faut sans doute rapprocher d'un phénomène de crise ressenti comme durable et de la remontée des taux d'intérêt des livrets en juillet dernier. L'intention d'épargner davantage est même majoritaire parmi les Français âgés de 18 à 24 ans (60%)." "Le débat sur la réforme des retraites occupant la première place de l'agenda médiatique depuis la rentrée, notre Baromètre s'est penché sur les dispositions financières prises par les Français pour assurer leur retraite. Seule une minorité des actifs (34%) a effectivement pris des dispositions en ce sens, même parmi les plus âgés (42% des personnes âgées de 50 à 64 ans). Cette anticipation est plus faible parmi les catégories populaires (seulement 28% des ouvriers et 28% des employés)." "Parmi ces dispositions, l'assurance-vie (57%) et l'achat de la résidence principale (53%) apparaissent comme les plus choisies. Les placements spécifiques dédiés à l'épargne retraite n'arrivent que dans un second temps, avec 37% pour les livrets et notamment les PERP, et 15% pour les placements de type PERCO. Seules 41% des personnes ayant pris des dispositions pour leur retraite déclarent avoir pris en compte l'impact de l'inflation sur ces produits." AUT/ACT