Les actions bénéficient d'un support considérable en terme de valorisation

15/11/2010 - 17:24 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les pressions s'intensifient en Europe. Les marchés obligataires de la zone euro ont été pénalisés par la reprise des craintes sur la solvabilité des pays périphériques, avec les difficultés du Portugal et de l'Italie à placer leurs émissions obligataires. En Irlande, les rendements obligataires à 10 ans ont atteint 8,9% contre 6,9% fin octobre avant que le marché se reprenne vendredi. Les spreads vis-à-vis des emprunts d'Etat allemands se sont élargis jusqu'à 580pb. Les obligations grecques et portugaises ont aussi corrigé et les spreads des credit default swaps ont atteint des records." JP Morgan AM ajoute : "Un sondage Bloomberg a rapporté que 71% des sondés anticipaient un défaut de la Grèce, 51% un défaut de l'Irlande et 38% un défaut du Portugal. D'après les spreads des CDS à 5 ans, le marché estime la probabilité d'un défaut de la Grèce d'ici 5 ans à 54%, et à 40% et 33% pour l'Irlande et le Portugal". "Bien que fâcheux, ces mouvements doivent être mis en perspective. La hausse des rendements est en partie due à la décision d'une chambre de compensation d'imposer des appels de marge importants pour traiter les obligations irlandaises. De plus, la pression sur l'Irlande est pour l'instant limitée, le pays n'ayant pas besoin de financements de marché avant mi-2011. Cependant, des rendements proches de 9% ne sont pas soutenables, car l'arithmétique budgétaire à long terme de l'Irlande est telle qu'elle risque de ne plus pouvoir maîtriser sa dette." "Le plan d'ajustement qui sera présenté au parlement en décembre, vise à ramener le déficit à 2,9% du PIB via des mesures d'austérité, en tenant compte de prévisions de croissance plus faible. Mais il en résulte toujours une dette brute à 106% du PIB, tandis que les hypothèses de croissance semblent encore optimistes." "Les tracas de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal ne sont pas prêts de se dissiper et l'avenir dépendra de la volonté politique : soit les gouvernements envisagent un transfert de la propriété des banques vers des mains étrangères, soit les électeurs acceptent la suite des mesures d'austérité. Les problèmes des pays périphériques montrent que les tensions demeurent, mais ils ne semblent pas constituer les prémisses d'une nouvelle crise. Dans la zone euro, une éventuelle prochaine crise concernerait plus probablement la solvabilité budgétaire de l'Espagne, de l'Italie et de la France (plutôt que celle de l'Irlande, du Portugal ou de la Grèce), mais à ce stade du cycle économique il ne s'agit pas de la moindre de nos préoccupations." "Les craintes d'une surchauffe en Chine refont surface. Le risque de surchauffe est monté d'un cran la semaine dernière, les prix à la consommation s'étant appréciés de 4,4% sur un an contre 3,6% en septembre, bien au-delà des attentes du consensus. Cela a été principalement dû aux prix alimentaires (+10% sur un an) l'inflation core étant inférieure à 1%. Plusieurs économistes considèrent que la hausse des prix alimentaires est due à des facteurs de production et qu'il ne faut pas attacher trop d'importance à cette poussée d'inflation. Cependant, la hausse des dépenses alimentaires d'une économie en développement résulte de la hausse des revenus - aussi des prix alimentaires plus élevés peuvent-ils traduire une demande plus vigoureuse." "De plus, les nouveaux crédits octroyés en octobre ont atteint 596 milliards de RMB, un niveau supérieur aux attentes. Pour tenir l'objectif de l'année pour les nouveaux crédits, les deux prochains mois doivent être négatifs. Il n'est donc guère surprenant que les autorités aient encore relevé le taux de réserves obligatoires de 50pb la semaine dernière, dans le sillage de la hausse des taux mi-octobre. Tout laisse penser que l'économie chinoise est en surchauffe si l'on en croit notre indicateur propriétaire, qui montre que les conditions monétaires se sont encore assouplies." "Avec l'effervescence du marché immobilier, cela laisse augurer d'une nouvelle accélération de la croissance économique et de l'inflation dans les mois à venir. Le cycle de resserrement des taux est loin d'être terminé. Les marchés font peut-être une pause après la hausse de septembre-octobre. Les indices suggèrent que les actions sont surachetées par rapport aux obligations. Les autres indicateurs techniques signalent aussi une pause : le pourcentage des actions du New York Stock Exchange ayant clôturé au-dessus de leur moyenne mobile à 200 jours est sur ses plus hauts niveaux, tandis que les indices de confiance (tels que l'indice AAII des haussiers/baissiers) se situent à des niveaux tendus, même si l'indicateur d'appétit pour le risque de Credit Suisse n'a pas atteint ses extrêmes." "Le processus du G20 risque de ne pas connaître de conclusion effective, car il s'agit essentiellement d'un rééquilibrage mondial. Le problème clé demeure le désendettement des ménages aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et le fait que la demande domestique des pays émergents suffise à permettre aux pays de l'OCDE de maintenir leur croissance via les exportations. L'évolution positive des actifs risqués dépendra ainsi de l'ampleur avec laquelle les pays émergents seront prêts à déséquilibrer leur bilan afin que le monde développé puisse redresser sa situation bilancielle. Toute évolution positive dépendra également de l'ampleur avec laquelle les marchés émergents (et en particulier l'Asie) seront prêts à abandonner leur modèle de croissance fondé sur les exportations et à laisser leur devise s'apprécier afin d'assurer ce rééquilibrage de l'économie mondiale." "Il est difficile d'imaginer un accord du G20 avec des objectifs limitant l'évolution des comptes courants ou l'accumulation des réserves de change, aussi les marchés restent-ils vulnérables à tout signe de mésentente relayé par les médias. Ces niveaux favorisent la nervosité à court terme. Cependant, les indices actions bénéficient de soutiens à moyen terme. Premièrement, la Fed s'est engagée à soutenir l'activité en 2011 et à acheter l'équivalent de 6 milliards de dollars par jour de bons du Trésor américain dès le mois prochain, soit une force de frappe non négligeable." "Deuxièmement, si les dernières statistiques ont été contrastées, certains indicateurs laissent penser que l'activité mondiale pourrait toucher son point bas et ré-accélérer. Enfin, les actions bénéficient d'un support considérable en termes de valorisation. Le rendement des bénéfices par rapport au rendement obligataire favorise les actions et une correction de 10% de ces dernières combinée à une baisse de 40pb des rendements obligataires internationaux ramènerait les actions à des niveaux de valorisation relative extrêmes." AUT/ALO